Stéphane Kipré à Ouattara : « M. le Chef de l’État, on fait quoi ? On observe une trêve électorale pour se concentrer sur la santé des Ivoiriens ou on reste dans des postures électoralistes ?

La trêve face au Covid-19 doit être l'affaire de tous et non seulement de l'opposition qui se laisserait ainsi prendre au piège tendu par le pouvoir RHDP.

Dès la survenance de l'épidémie du en Côte d'Ivoire, conscient du danger qui plane sur notre jeune nation, j'ai, en ma qualité de responsable politique, contribué par des propositions et des dons à notre personnel soignant à la lutte contre celle-ci. Et je poursuis d'ailleurs ces actions dans l'espoir de limiter les dégâts de ce fléau mondial dans notre pays.

Je fais même partie des premières personnalités politiques à avoir appelé à une trêve politique afin qu'on s'unisse tous autour du gouvernement pour nous préserver de la catastrophe sanitaire. Cette trêve politique était rendue incontournable par l'impérieuse nécessité de faire respecter les mesures prises par le gouvernement dont l'instauration de l'État d'urgence, la limitation des déplacements et des rassemblements de masse.

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Je suis allé plus loin en proposant que le gouvernement réunisse les leaders de l'opposition pour diffuser des messages de sensibilisation en direction de la population. Le fait de voir tous les leaders significatifs du pays unis aurait envoyé un message de gravité et d'union afin d'éviter les couacs dans le déploiement des mesures annoncées. Comment faire de la politique, en effet, lorsque la nation est menacée ?

Je suis cependant attristé de constater que le pouvoir n'entend point les choses de cette oreille. Bien au contraire, il a décidé d'utiliser cette crise sanitaire à des fins politiques et électoralistes. Pour le parti au pouvoir en effet, la crise est devenue un moyen d'entrer en pré-campagne d'où les gadgets et autres dons à l'effigie de son candidat avec les moyens de l'État.
La poursuite de l'enrôlement avec tous les risques sanitaires que ce processus fait courir aux populations, le harcèlement judiciaire des opposants politiques, la décision du chef de l'État d'ordonner tout seul les termes du code électoral qui régira les prochaines élections présidentielles sont autant d'actes qui viennent confirmer que tandis que l'attention de tous les est captée par le coronavirus, le et son chef préparent un passage en force et posent les jalons de leur futur coup contre la démocratie dans notre pays.

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L'attitude du pouvoir est immorale et déloyale. Immorale parce que c'est malsain de profiter d'une situation de détresse sanitaire pour faire campagne et tout cela avec les moyens de l'État et déloyale parce que dans le même temps, l'opposition est paralysée par l'instauration de l'État d'urgence dont on ignore la fin.

Tous les ingrédients d'un électoral en préparation sont réunis.
C'est pour toutes ces raisons que je voudrais inviter le Chef de l'État à se prononcer clairement sur la question de la trêve politique. Nous sommes à sept mois de la présidentielle de 2020 et n'eut été la crise sanitaire, les partis de l'opposition seraient aussi en pré-campagne avec leurs candidats respectifs.

Je voudrais encore accorder le bénéfice du doute au pouvoir. Alors comme on le dit à , « M. le Chef de l'État, on fait quoi ? » On observe une trêve électorale pour se concentrer sur la santé des Ivoiriens ou on reste dans des postures électoralistes ?

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Je reste persuadé qu'en pareilles circonstances, la décision qui s'impose est la trêve politique afin de tous nous pencher sur la santé de nos concitoyens et non privilégier l'enjeu électoral. Mais l'observation de cette trêve doit être l'affaire de tous et non seulement de l'opposition qui se laisserait ainsi prendre au piège tendu par le pouvoir.

Pour dissiper tous les malentendus, aujourd'hui plus que jamais, il est temps que le Chef de l'État se prononce clairement sur la question. La clarté est un principe démocratique.

Written by Stéphane Kipré

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