Venance Konan, ancien directeur général de Fraternité Matin, interpelle sur les controverses électorales et les tensions politiques en Côte d'Ivoire avant la présidentielle 2025
Le climat électoral en Côte d'Ivoire suscite des inquiétudes à l'approche des prochaines échéances. Venance Konan, figure du journalisme ivoirien et ancien directeur général de Fraternité Matin, vient d'apporter sa contribution au débat public en questionnant les arguments de l'opposition concernant les listes électorales et la participation de certaines personnalités au processus électoral.
Dans une analyse circonstanciée, il s'appuie sur son expérience personnelle pour aborder la question des « morts sur les listes » et interroge les motivations profondes des acteurs politiques qui contestent le processus électoral. Sa réflexion s'inscrit dans un contexte où les tensions politiques s'intensifient dans le pays.
La controverse des listes électorales décryptée
Venance Konan partage un témoignage personnel pour illustrer les défis inhérents à la mise à jour des listes électorales. « Ma mère était inscrite sur les listes électorales et avait voté lors de toutes les élections passées. Mais elle est décédée l'année dernière », explique-t-il, avant de préciser que malgré les annonces faites, y compris dans Fraternité Matin, personne dans sa famille n'a pensé à informer la Commission électorale indépendante (CEI).
Cette situation, souvent brandie comme preuve de manipulation électorale, apparaît sous un jour différent à travers ce témoignage. « Quel moyen avait-elle pour savoir le décès de ma mère ? », s'interroge le journaliste au sujet de la CEI, avant d'ajouter : « Bien que le nom de ma mère figure toujours sur la liste électorale, personne ne peut prendre sa carte d'électeur ou d'identité pour aller voter à sa place. »
Les procédures légales ignorées
L'analyse de Venance Konan s'étend à la question de l'inscription de certaines personnalités politiques sur les listes électorales. Il pointe du doigt ce qu'il considère comme une contradiction dans la démarche de l'opposition : « Ces partis politiques exigent de la CEI qu'elle remette les noms de Laurent Gbagbo, de Guillaume Soro et de Blé Goudé sur la liste électorale. Elles savent pourtant qu'il n'appartient pas à la CEI de mettre des noms sur la liste électorale ou de les en retirer selon son bon vouloir. »
Le journaliste rappelle les voies légales disponibles : « Ces partis savent que pour remettre ces personnes sur la liste électorale, il faut une loi d'amnistie. Le gouvernement peut soumettre au Parlement un projet de loi, mais un député de l'Assemblée nationale peut également faire une proposition de loi. » Il pose alors une question directe : « Pourquoi ces partis qui ont des députés et des sénateurs au Parlement ne le font-ils pas ? »
Un cycle électoral historiquement tendu
Venance Konan établit un parallèle historique avec les précédentes élections. « Depuis 1990, année du retour au multipartisme, c'est seulement en 2015 que nous avons eu une élection tranquille, sans la peur au ventre, sans injures, sans violences. Parce que Laurent Gbagbo se trouvait à la Haye », affirme-t-il, avant d'énumérer les incidents survenus lors des scrutins de 1995, 2000, 2010 et 2020.
Le journaliste évoque également une récente déclaration de Laurent Gbagbo à Dabou, où celui-ci aurait « laissé entendre qu'il donnera bientôt des mots d'ordre. » Face à cette situation, il reprend et retourne une question posée par l'ancien président : « Pourquoi toujours pour arriver au pouvoir il faut qu'il y ait des gens qui meurent ? » avant de conclure par une interrogation adressée directement aux Ivoiriens : « êtes vous encore prêts à aller mourir pour Laurent Gbagbo ? »
Cette analyse de Venance Konan s'inscrit dans un débat plus large sur les conditions d'organisation des prochaines échéances électorales et leurs implications pour la stabilité politique du pays. Elle invite à une réflexion sur les responsabilités des différents acteurs dans le maintien d'un climat électoral apaisé.
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