Côte d’Ivoire : « le combat pour l’union au sein au RHDP n’est pas encore gagné »

La modification de la Constitution autorisée le 9 mars 2020 par le parlement ivoirien pourrait-elle garantir la victoire du RHDP sur l'opposition ?

Depuis le 5 mars et la lettre que je t'ai adressée à la suite du discours de Ouattara à dans lequel il a annoncé son prochain départ de la tête de la Côte d'Ivoire, il y a eu beaucoup de commentaires aussi pertinents les uns que les autres.

Tous se rejoignent pour dire que le monsieur a une idée derrière la tête, qu'en fait il veut partir sans partir. Il ferait donc tout pour se prémunir contre toute surprise désagréable, comme celle qu'a connue l'ancien président angolais Dos Santos, en mettant en place un attelage institutionnel qui lui permettrait de tirer les ficelles en n'étant plus président ou, à tout le moins, qui réduira la marge de œuvre de son successeur et préservera les intérêts de son clan.

Mon frère, je n'arrive pas à me faire à cette idée que Ouattara, qui vient de faire adopter la modification de la constitution par une assemblée nationale dévouée à sa cause, pourrait réussir cette entreprise car pour que ça marche, il aurait d'abord fallu au moins préserver l'unité du ancienne version. Or depuis bientôt deux ans, le PDCI est parti et désormais est aussi parti.

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Guillaume Soro, c'est celui qui a dit » si je n'avais pas été rebelle, Ouattara ne serait pas devenu président. » Réagissant à la volonté de son ancien mentor de modifier la constitution , l'ancien chef rebelle a dénoncé « une forfaiture ». C'est dire que si la modification de la constitution est passée comme une lettre à la poste à l'assemblée nationale, rien n'est définitivement gagné pour Ouattara car ses adversaires sont mobilisés pour faire échec à cette tentative de mettre l'état au service exclusif des intérêts de son clan.

Mais mon frère, il y a mieux, car au sein même du RHDP version RDR, le combat de l'union n'est pas encore gagné, ce qui a fait dire à Ouattara lui-même qu'il faut qu'ils soient unis pour désigner un chef.  » Ce qui importera le plus autour de cette table, puisque vous êtes un gouvernement RHDP, c'est l'union entre vous. C'est que vous soyez ensemble pour choisir le chef d'équipe qui va nous succéder », a-t-il déclaré à un Conseil des ministres extraordinaire juste après son discours de Yamoussoukro. Il n'y a donc personne qui s'impose naturellement. On comprend dès lors un peu mieux pourquoi il y avait des velléités de candidature qui ont fait l'objet de publications dans la presse.

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Le RHDP aura donc peut-être un nouveau chef mais il aura forcément un handicap car dans ce parti seul Ouattara est à la fois le patron incontesté du parti et le chef des rebelles devenus militaires de l'armée nationale. On l'a encore vu avec cette affaire Soro quand il a réuni les anciens commandants des zones rebelles. Personne d'autre ne bénéficie de cette double casquette. Autant dire qu'un nouveau chef du RDR pourrait avoir du pain sur la planche.

Tu vois mon frère, pourquoi je suis plutôt heureux et optimiste? La perspective de ne plus voir Ouattara à la tête du pays me fait beaucoup de bien mais en plus ses calculs politiciens confrontés à la réalité, pourraient ne pas produire les résultats escomptés. Le combat politique réserve parfois des surprises.

Written by Alexis Gnagno

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