L’Algérie dit stop à la planche à billets

L'Algérie vient de renoncer à la planche à billets, héritée du gouvernement Ahmed Ouyahia pour financer l'économie nationale.

Après une année et demie de recours à la planche à billets pour financer l'économie nationale, à une époque où les liquidités bancaires s'étaient rétrécies, l' vient de renoncer à ce mode de financement non conventionnel, hérité du gouvernement Ahmed Ouyahia sous l'ère du président déchu .

« L'ère du financement non conventionnel est révolue »

Hassane Rabhi

En marge du lancement dimanche 23 juin 2019 à d'un programme de formation sur l'environnement au profit des journalistes, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Hassane Rabhi, a annoncé que « l'ère du financement non conventionnel est révolue ».

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Sans donner de détails sur la manière dont l'actuel exécutif compte s'y prendre pour éviter au pays les conséquences néfastes de la fonte de ses réserves de change, Hassane Rabhi s'est contenté, dans une déclaration rapportée par l'agence officielle APS, de dire que le gouvernement a « pris des mesures devant permettre au pays d'éviter les risques qui pourraient porter préjudice à l'économie nationale ».

Ouyahia et Bouteflika désavoués par la Banque d'Algérie

Dans le contexte de crise politique que traverse le pays, la Banque d'Algérie avait désavoué le 20 avril 2019 la politique économique et monétaire adoptée par le gouvernement sous l'ère Bouteflika. Elle s'est ainsi démarquée des choix de Ahmed Ouyahia qui avait opté pour la planche à billets afin de juguler la crise économique, née de la chute des prix du pétrole, alors que d'autres solutions existaient, selon elle.

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Décrié par les partis d'opposition, le recours à la planche à billets avait été choisi pour financer la dette publique et éviter une cessation de versement des salaires des fonctionnaires et des retraités, tout en relançant les projets en souffrance. Une solution de « facilitation » qui, selon l'opposition, ne faisait que retarder l'apparition des effets de la crise, puisqu'elle ne ferait que porter l'inflation à des niveaux élevés, reculer le pouvoir d'achat des citoyens et déprécier davantage la valeur de la monnaie nationale.

Remboursement de la dette algérienne

Selon la Banque d'Algérie, sur les 6.556,2 milliards de dinars (55 milliards de dollars) mobilisés dans le cadre du financement non conventionnel, un montant de 2.470 milliards de dinars (20 milliards de dollars) a servi au financement du déficit du Trésor, au titre des années 2017 et 2018 et partiellement au titre de l'exercice 2019.

D'autre part, 1.813 milliards de dinars (15 milliards de dollars) ont été consacrés au remboursement de la dette publique à l'égard des entreprises nationales Sonatrach et Sonelgaz, ainsi qu'au financement du remboursement de l'emprunt obligataire pour la croissance.

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Au sujet des réserves de changes, ces derniers ont fondu comme neige au soleil dès que le prix du baril de Brent a commencé à baisser au second semestre 2014. En parallèle, les mesures de réformes engagées par l'ancien gouvernement pour stabiliser la balance commerciale et freiner la saignée de ses devises n'a pas eu l'effet escompté.
Dans une note de conjoncture sur le deuxième semestre 2018 publiée le 3 juin dernier, la Banque d'Algérie annonçait que les réserves de change du pays s'établissaient à 79,88 milliards de dollars fin 2018 contre 97,33 milliards fin 2017, attribuant ce recul au déficit de la balance commerciale.

Les réserves de l'Algérie sont passées de 194 milliards de dollars en 2013 à 178 milliards en 2014, pour finir l'année 2017 avec 97,33 milliards.
Les recettes en devises du pays proviennent à 97% de ses ventes d'hydrocarbures.
Ce déclin des réserves de change s'explique par la chute des prix du pétrole, lesquels sont passés de 117 dollars le baril à seulement 27 dollars en février 2016, pour tourner autour des 65 dollars de nos jours.

Written by Véronique Fortes

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