Lettre ouverte de Malcolm Any à la gendarmerie et à la police nationale de Côte d'Ivoire relative à la situation ivoirienne.
Ceux qui me connaissent savent que j'ai toujours eu horreur de parler de moi. Mais aujourd'hui, je vais momentanément remettre en cause cette ligne de conduite que je me suis prescrite.
Quand j'étais petit, une de nos voisines avait pour fils un gendarme. Les étoiles pleins les yeux, je le regardais toujours avec admiration et respect. Et dans ma naïveté d'enfant, je me disais toujours: « tant qu'il dort à côté, chez sa mère , il ne pouvait rien nous arriver » car je croyais dur comme fer que peu importe l'heure et la nature du danger, il aurait agi pour nous protéger et nous secourir.
Aujourd'hui, ce ne serait pas de la prétention que de dire que ma profession me fait dire que nous sommes du même côté de la barrière. Que nous luttons et œuvrons ensemble pour le triomphe du droit, de l'égalité, de l'équité et de la justice.
Je suis donc fier de pouvoir compter sur votre concours dans le cadre de certaines de mes missions et inversément. Vous l'aurez compris, la nature de ma profession me rapproche de vous et nous sommes « intimement » liés. Votre sort m'interpelle forcément.
Au regard des motifs exposés ci- avant, j'ai donc eu mal quand j'ai vu tous les secrets de la Gendarmerie Nationale dévoilés devant une cour étrangère à La Haye. J'ai eu mal de voir le substitut du procureur, Mc Donald, comme on le dit chez nous, crier et « parler mal », humilier le défunt Général Kassaraté parce que ce dernier était devenu un témoin hostile.
J'ai vu ce jour là, l'honneur de ce corps se déliter et être foulé au pied. Je vois encore ce corps se faire humilier à cause des multiples actes attentatoires à la vie des ivoiriens et ivoiriennes perpétrés par des milices qu'on vous accuse de soutenir et de cajoler.
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Et une question lancinante me traverse l'esprit : Comment osez-vous encore vous faire appeler Gendarmerie Nationale et Police Nationale après votre inaction, votre soutien aux miliciens et vos appels à témoins uniquement dirigés contre une seule catégorie de personnes? Qu'avez-vous fait de vos serments ?
Vous inspirent-t-ils encore quelque chose ? Vous voyez l'injustice prospérer et se répandre comme une trainée de poudre. Vous voyez les meurtres et les assassinats perpétrés par un clan mais vous êtes aphones et inactifs, si vous ne les accompagnez pas dans leur sale besogne.
Regardez et lisez les milliers de commentaires des ivoiriens sur vos propres pages. Ils sont éloquents. Pour les ivoiriens vous n'êtes plus les instruments de la justice mais ceux de l'injustice et du deux-poids-deux-mesures.
Vous ne pouvez être sourds et aveugles aux drames qui se déroulent sous vos yeux et qui sont durement ressentis par les ivoiriens dans leur chair. Sentez vous cette atmosphère lourde ?
La colère gronde face à l'injustice sous laquelle ce pays ploie. La colère gronde face à l'amnésie et aux poursuites sélectives dont vous vous rendez coupable.
La- sentez vous seulement chez les ivoiriens? Ils vous vomissent. Ils ont perdu toute confiance en vous. Et c'est extrêmement grave. Vous étiez leur fierté car les ivoiriens ont toujours eu une relation particulière avec leur gendarmerie et plus généralement les forces de l'ordre.
On veut encore croire que la grande majorité silencieuse de ces corps d'élite ne souscrit pas à ce qu'il se passe aujourd'hui. Mais le fait est qu' aujourd'hui vous avez tous perdu la confiance des ivoiriens.
Levez la tête, regardez aujourd'hui l'ampleur des conséquences de votre collusion et de votre inertie.
Regardez-les bien cette gendarmerie et cette police que vous servez et dont vous faites partie. Les ivoiriens les brocardent et se rient d'elles.
Ils sont en colère du fait de vos pratiques sélectives qui confinent à la foutaise. Dites-nous…Depuis quand avez vous abandonné la justice pour la folie, l'injustice et la protection des criminels ?
Est- cela auquel vous appellent votre fonction et votre serment ?
À devenir le sujet de railleries et d'accusations sérieuses de parti-pris, de soutien flagrant à ceux qui tuent, mutilent, décapitent, agressent, violent les ivoiriens et les ivoiriennes ? Posez-vous donc bien la question : Ai-je fait, bien fait pour mon pays ce que je dois ? Je vous laisse méditer là-dessus.
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