Faut-il oui ou non mettre fin au couvre-feu face à la progression Coronavirus en Côte d'Ivoire ? Réponse avec Ange Grah Olivier.
Avec tout ce qui se passe autour de la question de l'application du couvre-feu sur toute l'étendue du territoire, j'en suis arrivé à m'interroger sur l'intérêt de cette mesure dans le combat contre le COVID-19, surtout en l'absence de tout confinement. Pour ce que j'en savais, elle est conçue comme un durcissement de cette dernière mesure et instaurée uniquement dans certaines zones pour des raisons qui leur étaient spécifiques.
Force est de constater que certains pays africains, comme le Sénégal et le Burkina Faso ont décidé d'y avoir recours en dehors de tout confinement sans vraiment en donner les raisons. Comme un effet boule de neige la Côte d'Ivoire s'y mis également dans une forme de mimétisme que seuls ceux qui l'ont initié comprennent. En effet pourquoi cette tendance à vouloir faire sans reflexions préalables, les mêmes choses que chez le voisin.
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La mesure du couvre-feu dans le cadre de l'état d'urgence qui a été décrété le 23 mars 2020 est le symbole pour moi de mesure contre-productive par excellence qui mobilisé de l'énergie qui aurait pu être utilisée à bon escient. En effet après la fermeture de tous les lieux de loisirs, l'interdiction de regroupement de plus de 50 personnes et l'obligation de respecter la distance d'un mètre en deux individus, je ne vois aucun intérêt à instituer un couvre-feu surtout que très vite la polémique qui a enflé autour des sévices que faisaient subir les agents de la force publique aux contrevenants à la mesure a phagocyté sa capacité à faire prendre conscience aux population de la gravité du péril qui les menacent.
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Sa plus grande tare est que, cette mesure qui n'a aucun impact réel sur la lutte contre la dissémination du virus dans le pays est particulièrement vorace en terme d'énergie des forces de sécurité qu'on est obligé de mobiliser en très grand nombre pour assurer son respect sur toute l'étendue le territoire. Il en résulte que cela se fait au détriment de la mobilisation à assurer pour le respect des autres mesures, dont celles que nous avons citées plus haut, autrement plus importante par leur impact direct sur le risque de contamination.
Il est en effet plus important de veiller quel que soit le moment de la journée à ce qu'il n'y ait pas de rassemblement de plus de 50 personnes, que les personnes respectent la distance d'un mètre dans les lieux publics, que les lieux de loisirs soient véritablement clos et que la ville d'Abidjan soit réellement confinée de celles de l'intérieur, que de poursuivre un ou deux hurluberlus qui se prennent pour des héros en défiant les policiers, leur inconscience n'ayant aucun impact sur la propagation du virus.
N'est-il pas plus important de veiller à ce qu'il n'y ait pas un attroupement de plus de 50 personnes dans les gares qui ne respectent pas en plus la distance d'un mètre que de contraindre quelques fois à la suite d'une débauche d'énergie inutile, deux ou trois gamins qui ont décidé de s'attarder dans les rues au-delà de l'heure du couvre-feu.
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En un mot, il est plus important de consacrer l'énergie des troupes à faire respecter les mesures réellement efficaces dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et d'en rationaliser l'usage en organisant au mieux les heures de travail. Quand on sait que l'absence d'équipement les expose au risque de contamination, que ce soit au moins pour des choses qui ont un sens et non pour une mesure qui relève plus de la politique spectacle visant à cacher le manque d'implication et d'imagination des autorités devant le danger qui menace toute la société.
Tout le monde a y gagner de supprimer le couvre-feu, l'Etat et les agents de la force publique parce que cela permettra à ceux-ci d'économiser des forces qui pourront être utilisées de façon plus profitable et les citoyens qui n'auront plus à supporter les contraintes d'une mesure qui n'apporte strictement rien à leur protection contre le virus.
