Danièle Boni Claverie : « Nous sommes face à un gangstérisme politique sans précédent »

Un échange de vœux a eu lieu ce samedi 19 janvier 2019, entre Danièle Boni-Claverie et les responsables de son parti, l'URD. Ci-dessous, la déclaration de la la présidente du parti.

Très Chers militants et membres de la Direction du Parti, c'est un réel plaisir pour moi de me retrouver parmi vous pour sacrifier à ce rituel  important  de présentation de vœux en cette année nouvelle.Je me réjouis de la grâce que nous et nos famille avons eu  de passer de l'année  2018, année chargée de souvenirs profonds, de difficultés, de privations de tous ordres, de peines, de séparation douloureuses et de marche vers un espoir nouveau pour notre nation ; à une année 2019 qui s'ouvre sur de bons auspices et que les hommes de Dieu qualifient ‘‘d'année de l'accomplissement''. Vous me permettrez de partager avec à toute la Côte d'ivoire l'expression de de la qualité des vœux que vous avez formulé à mon endroit.Je voudrais profiter de cette tribune pour faire une succincte analyse de ce que la Côte d'Ivoire a connu et espère vivre dans les jours à venir.

Lors de son adresse à la nation et au corps diplomatique, le chef de l'état a présenté un tableau tellement beau des réalités socio politiques que nous vivons que bon nombres d' tout comme nous se sont posés la question à savoir s'il s'agissait bien de la Côte d'Ivoire dans lequel nous vivons actuellement. Pour lui,  le développement économique et social qu'il poursuit avec vigueur sur le chemin de l'émergence d'ici en 2020 aurait permis de renforcer le mieux vivre ensemble. Et, les dernières élections régionales et municipales, organisées par La Commission Électorale Indépendante (CEI), récusée et contestée par l'ensemble des Partis d'opposition, confirmerait la capacité de notre pays à organiser des élections crédibles et démocratiques. Et que les résultats issus de ce scrutin témoigneraient de la stabilité de notre pays et serait une preuve du dynamisme de notre démocratie. Mieux,  la cote d'ivoire aurait  maintenant des institutions crédibles qui garantissent  la stabilité et la sécurité pour tous.                  

Enfin la promotion des logements sociaux,  la distribution de 144.000 F l'année à 35000 ménages, le chômage des jeunes   qui a quasiment été résorbé, la promesse de création des universités avant la fin de 2020 serait la bonne foi de la performance économique que le gouvernement réalise à longueur de journée. Aujourd'hui, les Ivoiriens sont fatigués et ne croient plus en de telles  déclarations ni aux promesses  du chef de l'Etat. Choses qui sont à l'opposé de la réalité de la vie quotidienne et qui s'inscrivent dans une volonté de faire plaisir aux institutions internationales et aux bailleurs de fonds.

En 2015 Monsieur promettait l'alternance au PDCI. D'après ce Parti, selon une alliance basée sur les accords de . En 2017 le PDCI criait à la trahison. Le 06  Aôut 2018 devant la nation toute entière, la main sur le cœur, le Président Alassane OUATTARA promettait tenant compte de l'expression des Partis d'oppositions, de la société civile et des recommandations d'institutions comme  la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, de reformer la CEI avant les dernières élections de 2018. Un mois plus tard, en Septembre 2018, il reniait ses propos malgré tout maintenait, au mépris de tous, la Commission Électorale Indépendante dirigée par M. Youssouf BAKAYOKO pour organiser les élections municipales et régionales du 13 octobre 2018.  

Au final, la  Côte d'Ivoire a encore connu une autre grave crise électorale et post-électorale ayant entrainé de graves violations des Droits de l'Homme : des bagarres, des menaces de mort, des blessés graves et plusieurs morts. Malgré tout, ce scrutin a bien été validé par le régime Ouattara. Alors la Chambre administrative de la Cour Suprême de Côte d'Ivoire, en invalidant le vote dans plusieurs localités du pays, et en exigeant la reprise du scrutin le vendredi 23 novembre 2018, donnait raison aux Partis d'opposition et envoyait un signal fort à monsieur Alassane OUATTARA quant au danger que pourrait offrir 2020 si rien n'était fait. Plus grave, la Côte d'Ivoire  a assisté au électoral avec violence des victoires des représentants du Parti Démocratique de Côte D'Ivoire (PDCI) dans les communes de BASSAM, Port-Bouet et du Plateau.

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Et surtout à un harcèlement juridique  par le truchement des institutions judiciaires contres certains élus. Si nous condamnons les malversations financières à quel que niveau que ce soit,  nous disons que si le gouvernement veut procéder à une opération de moralisation de la vie publique, nous nous inscrivons entièrement  et fermement dans cette démarche. Mais alors, il faudrait commencer par auditer toutes les structures sous tutelles de l'Etat, celles chargées de la rénovation des universités de 2010 à 2015, les passations de marché de gré à gré, la gestion des Ministères et Hautes institutions de l'Etat etc. C'est alors que les conclusions de ces actions mis à la disposition de toute la nation entière amèneront la justice à s'autosaisir et à travailler librement et indépendamment de toute intrusion du politique.                                                                

Voici chers militants et chers Ivoiriens la voie pour rendre  les institutions d'une nation très fortes. Mais, quant au lendemain des élections du 13 octobre 2018, nous assistons à une pression énorme exercée sur certains élus et une migration massive d'élus PDCI et Indépendants pour  adhérer au  unifié et à quel  prix, nous réalisons que nous sommes face à un gangstérisme politique sans précédent.Et ce qui nous inquiète davantage, ce sont les informations  selon lesquelles certains élus se seraient vu proposé la somme de 100.000.000 F CFA pour reverser leur victoire au mouvement politique ci-dessus mentionné.                       

De tels actes, devraient faire l'objet d'enquête de la part des services du procureur Général de la République. Car, s'ils  s'avéraient vrais, ces actes seraient d'une gravité  et s'apparenteraient à un achat de conscience puni par la loi. Pour mémoire, nous voulons rappeler l'acte du Président Alassane Ouattara lors de la présidentielle de 2015.qui a consisté à faire preuve d'une générosité à nulle autre pareille en octroyant gratuitement la somme de 100 millions de FCFA à chacun des candidats en lice dans ce scrutin. Ce qui  nous a amené, en son temps  à nous interroger sur les fondements constitutionnels et ou juridique d'un tel acte de Monsieur le Président.                

Très chers Ivoiriens, nous croyons qu'en cette année il est temps que nous puissions tourner une page nouvelle pour notre Pays. Il est temps que les partis politiques sortent des déclarations théorique pour s'inscrire dans l'action concrète. Nous invitons donc le PDCI,  que nous soutenons dans son combat contre toute caporalisation, à refuser de se laisser phagocyter par un quelconque mouvement ou groupement politique qui serait d'après les initiateurs l'unique salut réservé à la paix en Côte d'Ivoire. Et, à faire le choix judicieux des équipes qui sortiront le pays de tant d'années de frustration et de régression. Aujourd'hui une recomposition politique est en train de se dessiner.                   

La Côte d'Ivoire a définitivement tourné la page du Parti unique, des mensonges d'état. Nous invitons le gouvernement à arrêter d'injecter tant d'argent dans son désir d'imposer un recul démocratique de plus de 60 ans à la Côte d'Ivoire.                  

Comprenons que le RHDP n'est pas une panacée pour notre pays. Il faut que l'expression démocratique ‘‘moteur'' du développement s'impose à la Côte d'Ivoire et que tous les partis politiques dans leur divergence et leur singularité apportent leur pierre à l'édification de notre pays. Si non, comment comprendre qu'un militant d'un parti politique puisse menacer de démission des présidents d'institutions, des fonctionnaires d'état, des travailleurs de la fonction publique parce que ne partageant pas le désire d'appartenir à un même groupement politique privé fusse-t-il le RHDP. Les propos de Monsieur Bictogo le confirment si bien.

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Nous voulons aller aux élections en 2020. Il nous faut les préparer dès à présent en 2019 pour éviter tout drame à notre Pays. Or, Par le  canal de son ministre des Affaires étrangères, Monsieur Marcel Amon TANOH, à l'occasion d'une conférence de presse le vendredi 23 novembre, le Président a promis encore à la nation que  « la réforme de la CEI sera faite en 2020 ».Pourquoi donc attendre 2020, et à quelques mois d'échéances électorales aussi déterminantes pour initier une telle réforme ?Nous savons que la remise à plat de la CEI actuelle et un découpage électoral  consensuel obtenu avec tous les Partis politiques sans exclusion et la société civile, est le commencement de la stabilité politique que nous réclamons tous à cor et à cri. En outre, la libération des prisonniers militaires de la crise post-électorale et l'ouverture de discussions franches et honnêtes avec tous les partis politiques sont des préalables irrévocables pour la réconciliation inter ivoirienne.

Si nous nous félicitons de la libération du Président et du Ministre BLE Goudé Charles, si nous nous réjouissons de leur présence dans quelques heures parmi nous, c'est la détermination du peuple que nous saluons. C'est le retour de pions majeurs de l'échiquier de la réconciliation nationale que nous recevons. Nous souhaitons que dans l'intérêt supérieur de la Nation Ivoirienne, le gouvernement ne cherche pas à entraver par quelques moyens ou manouvres contraires, la marche de la Cote d'ivoire vers son unité et sa cohésion.  Car nous devons bâtir, Oui,  nous devons bâtir la Cote d' Ivoire nouvelle sans laisser un seul de ses fils quel que soit son appartenance politique, idéologique, religieuse ou son niveau social sur le chemin des frustrations, de l'exclusion et ou de l'exil. Très chers militants et membres de la Direction de l'Urd, très chers ivoiriens,     je nous invite tous à nous inscrire dans une telle vision, dans une telle dynamique.  Et que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire. 

Danièle Boni Claverie.  

Written by Prince Beganssou

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