Le président du FPI dresse un réquisitoire contre la gouvernance du RHDP lors du congrès de son parti à Yamoussoukro.
La résilience du FPI face aux épreuves marque le début du discours d'Affi N'Guessan. « Le FPI n'est plus un parti comme les autres, le FPI est un véritable esprit. Tu peux toucher au corps, mais tu ne peux jamais anéantir l'esprit », déclare-t-il devant ses militants réunis à Yamoussoukro.
Le leader du FPI analyse les quinze années de pouvoir RHDP comme une période de régression démocratique et sociale. « Après tout ce que la Côte d'Ivoire a connu de 1990 à 2010, et après 15 ans d'un régime, d'un pouvoir sans partage du RHDP, nous sommes à un tournant », affirme-t-il.
Une gestion contestée des ressources publiques
Le président du FPI dénonce la gestion des finances publiques. « Quand on dit que la Côte d'Ivoire a 15.000 milliards de francs CFA de budget, ce n'est pas l'argent de Ouattara. C'est ce que nous cotisons tous », rappelle Affi N'Guessan.
Il détaille la formation du budget national : « Même lorsque nous établissons un acte d'état civil pour notre enfant, les 1000 francs qu'on nous demande là, ça va dans la caisse de l'État. Quand le planteur achète une machette à 3000 francs, il y a une partie qui va dans la caisse. »
La question sociale au cœur des préoccupations
Le leader du FPI s'indigne du traitement réservé aux populations défavorisées. « Les pauvres qu'on chasse sans ménagement de leurs habitats précaires comme des espèces nuisibles et indésirables », dénonce-t-il.
« On ne cherche même pas à savoir où ils vont dormir ce soir, dans quel établissement les enfants vont aller demain », poursuit-il, critiquant l'absence de considération sociale du pouvoir.
Affi N'Guessan aborde la question de la réconciliation nationale. « C'est nous qui avons souffert de la rébellion armée depuis 2002 jusqu'à la crise post-électorale en 2010-2011. Malgré cela, nous disons dans l'intérêt de la Côte d'Ivoire, réconcilions-nous », déclare-t-il.
Le président du FPI dénonce le refus du pouvoir d'avancer sur cette question : « Vous avez par la force pris le pouvoir. Ceux-mêmes que vous avez arrêtés arbitrairement, jetés en prison arbitrairement, sortis de prison, disent ‘on n'a qu'à se réconcilier'. Toi-même qui as fait le mal là, tu dis non. »
L'enjeu de la liste électorale
Le leader du FPI pointe les anomalies dans la liste électorale. « Des gens qui sont nés en 1900 qui sont inscrits sur la liste. Des non-nationaux qui deviennent brusquement des Ivoiriens », énumère-t-il.
Il révèle des cas aberrants : « 531 électeurs qui revendiquent une même maman. Et cette même maman-là aurait donné la vie le même jour à deux bébés dans deux lieux différents. Et puis il y a un papa qui aurait engendré 534 électeurs. »
Un message à Alassane Ouattara
Affi N'Guessan lance un appel solennel au président Ouattara concernant un éventuel quatrième mandat. « Si en 2020 le troisième mandat était illégal, comment en 2025 le quatrième mandat va être légal ? », interroge-t-il.
« Il faut qu'il renonce pour ne pas plonger notre pays dans une autre crise », prévient le président du FPI. Il conseille au chef de l'État « d'écouter les Ivoiriens, la société civile, les hommes d'église, les artistes, la communauté internationale. »
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Le leader du FPI conclut par une métaphore théâtrale : « La politique c'est comme une pièce de théâtre. Ce n'est pas la manière d'entrer qui est importante, c'est la sortie. Comment tu finis ta prestation ? Est-ce que c'est sous les huées, les sifflets ou les applaudissements ? »
« Il est toujours plus sage de sortir par le haut », conclut Affi N'Guessan, invitant implicitement le président Ouattara à ne pas se représenter en 2025.
Le congrès du FPI à Yamoussoukro marque ainsi le début d'une séquence politique qui s'annonce déterminante pour l'avenir de la Côte d'Ivoire. Pascal Affi N'Guessan pose les jalons d'une alternative politique pour 2025, tout en appelant à une transition démocratique apaisée.
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