Face à la grève des enseignants en Côte d'Ivoire, le COJEP condamne l'arrestation d'ASSI Yapo Ghislain et appelle au respect des libertés syndicales pour résoudre la crise.
La crise scolaire ivoirienne s'envenime avec l'arrestation d'enseignants syndicalistes. Le Congrès Panafricain pour la Justice et l'Égalité des Peuples (COJEP) vient de publier une déclaration dans laquelle il dénonce particulièrement l'interpellation d'ASSI Yapo Ghislain, survenue dans la nuit du 2 au 3 avril 2025. Un événement qui risque d'aggraver les tensions alors que la grève des enseignants paralyse le secteur éducatif depuis près d'une semaine.
Le mouvement politique, par la voix de sa Secrétaire Exécutive en charge de l'alphabétisation et de la réforme éducative, Mme FIAN Emilienne, affirme suivre « avec une attention particulière la situation qui prévaut actuellement dans le secteur de l'éducation en Côte d'Ivoire ». La déclaration souligne la légitimité des revendications enseignantes, qui portent notamment sur « le paiement d'une prime d'incitation en lien avec les conditions de travail difficiles des enseignants ».
Des arrestations jugées anticonstitutionnelles
Le COJEP condamne fermement l'interpellation d'ASSI Yapo Ghislain, qualifiant les conditions de son arrestation de « particulièrement brutales ». L'organisation politique appelle sans ambiguïté à « la libération immédiate de tous les enseignants qui ont été arrêtés dans le cadre de ces mouvements syndicaux ». Elle rappelle un principe fondamental : « Le droit de grève et la liberté syndicale sont garantis par notre Constitution et doivent être scrupuleusement respectés. »
Cette prise de position intervient alors que plusieurs enseignants ont été interpellés ces derniers jours pour avoir participé activement au mouvement de grève. Des sources syndicales rapportent que ces arrestations, loin d'apaiser la situation, ont radicalisé les positions des grévistes qui voient dans ces interpellations une tentative d'intimidation.
Le ministère de l'Éducation nationale n'a pour l'instant pas réagi officiellement à ces arrestations, se contentant d'appeler les enseignants à reprendre le travail « dans l'intérêt supérieur des élèves ». Une position qui semble insuffisante pour débloquer la situation selon le COJEP.
Pour une sortie de crise négociée
« Il est impératif que le gouvernement ouvre sans délai une table de négociation avec les représentants des syndicats grévistes », indique le communiqué du COJEP. L'organisation politique appelle à trouver « dans les plus brefs délais, une issue consensuelle et durable à cette crise ». Un appel qui souligne l'urgence de la situation alors que les examens de fin d'année approchent.
Le COJEP met en avant le rôle essentiel des enseignants dans la société ivoirienne. « Leur rôle dans la formation des générations futures et dans la construction de la nation est fondamental », peut-on lire dans la déclaration. Pour l'organisation, « leurs revendications doivent être entendues avec sérieux et traitées avec dignité, afin de permettre aux élèves de préparer les examens de fin d'année scolaire dans la quiétude et la concentration. »
Cette position du COJEP s'inscrit dans un contexte social tendu. Plusieurs syndicats d'enseignants ont entamé un mouvement de grève la semaine dernière pour protester contre le non-paiement de primes promises et les conditions de travail difficiles. Le gouvernement, par la voix du ministre de l'Éducation nationale, a qualifié cette grève d' »irresponsable » compte tenu de la proximité des examens nationaux.
Le COJEP conclut sa déclaration en réaffirmant « son attachement à une Côte d'Ivoire de justice, de dialogue et de paix » et reste « mobilisé aux côtés de tous ceux qui luttent pour une société plus équitable et respectueuse des droits fondamentaux. » Une position claire qui place l'organisation dans le camp des défenseurs des libertés syndicales face à ce qu'elle considère comme une dérive autoritaire.
Parents d'élèves et société civile restent inquiets face à cette escalade de tensions qui risque de compromettre l'année scolaire de milliers d'élèves, à quelques semaines des examens nationaux.
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