Le RHDP serait en fin de compte une majorité wouya wouya, comme le définit souvent avec humour l'analyste politique André Silver Konan ? La preuve en a encore été donnée, lors de l'élection controversée d'Amadou Soumahoro à la présidence de l'Assemblée nationale.
Au stade Félix Houphouët-Boigny du Plateau, le 26 janvier 2019, lors du congrès constitutif du RHDP, voici ce qu'avait déclaré le Président Alassane Ouattara : « Le RHDP , c'est 23 présidents de régions sur 31, pratiquement 80% des régions. Les mairies sont aux deux tiers occupées par les élus du RDHP, nous avons 134 sur 201. Le RHDP, c'est 164 députés sur 253 ».
Cette position a été prise par Alassane Ouattara après que son Premier ministre qui influence prioritairement ses décisions, avait annoncé à Grand-Bassam, lors d'un séminaire réunissant des députés majoritairement issus du RDR (l'UDPCI d'Albert Toikeusse Mabri ayant boycotté) que le groupe parlementaire RHDP comptait 164 députés.
En définitive, Amadou Soumahoro a été élu par 153 députés alors qu'on s'attendait à 164. Pire, il aurait fallu que la veille, le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani use de ses talents de négociateur et sans doute de ses moyens financiers, pour obtenir le ralliement de 21 députés issus du PDCI, autrement, ce serait 132 députés qui auraient porté leur choix sur Soumahoro, un homme qui est loin de faire l'unanimité au RDR où certains députés à l'issue du séminaire de Grand-Bassam l'ont traité ouvertement de « coupeur de route », dans le sens non littéral mais romancé de l'expression.
Allez savoir ce que cela signifierait. L'on comprend dès lors, pourquoi la machine Ouattara a mis la pression sur le doyen Mamadou Diawara, qui convoitait lui aussi le poste, afin que soit abandonné le bulletin unique. Soumahoro aurait connu un revers certain.
Elvire Ahonon