Le Père Marius Hervé Djadji, Prêtre du diocèse de Yopougon, se prononce sur le mariage des prêtres dans l’église catholique.
Un catholique s’interroge : Le mariage des prêtres. Je ne comprends pas cette affaire. Pourquoi interdire à quelqu’un de se marier alors que c’est Dieu lui-même qui as institué le mariage ?
Réponse
Tout d’abord l’Eglise n’oblige personne à être célibataire. La vie est un choix et chaque choix est lié à des conséquences, à une déontologie, à des exigences. Même le mariage a des exigences. Le séminariste qui veut devenir prêtre a un temps d’étude et de réflexion donc il sait ce à quoi il va s’engager en acceptant librement et sans contrainte d’être prêtre. Même lorsqu’on devient prêtre chaque jour on renouvelle son choix dans la prière et l’humilité. On est capable de renoncer à tout moment et même l’Eglise n’abandonne pas celui qui quitte le sacerdoce. C’est donc pour dire qu’il est archi-faux de crier partout que l’Eglise oblige des gens au célibat. Tout le monde n’est pas appelé à la prêtrise. Ce qui est important c’est d’être un très bon chrétien.
Au niveau du célibat des prêtres, il faut dire qu’il est vrai que le célibat des prêtres n’est pas un dogme comme l’affirme si bien notre Pape, François, mais le célibat n’est pas une simple discipline ecclésiastique comme le prétendent beaucoup de personnes et même des théologiens. Le célibat des prêtres n’est pas une discipline parvenue entre le 10 et le 12ème siècle. Comme le déclarent si bien le Pape Benoit XVI et le Cardinal Sarra (Cf le livre: Des profondeurs de nos coeurs), il ne faut pas exclure un lien entre le sacerdoce et le célibat. Il y a une convenance comme le déclare la prière de l’ordination. Dans un parallélisme avec les prêtres de l’ancien testament, les deux dignitaires catholiques, font une démonstration théologiquement et dogmatiquement dense.
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Selon le Pape Bénoît XVI, dans l’ancien testament, dans le partage des terres, au niveau des douze tribus d’Israël, seul la tribu de Lévi n’a pas reçu de terre parce que cette tribu est consacrée à Yahvé, c’est une tribu de prêtres, leur travail c’est de servir Yahvé. Ils n’ont donc pas droit à un héritage matériel, à un bien, en dehors du Dieu d’Israël. C’est de là que découle ce cantique biblique : « tu es Seigneur le lot de mon cœur, tu es mon héritage, en toi Seigneur, j’ai mis mon bonheur, toi mon seul partage ». C’est de là aussi que viennent l’offrande et la dîme offertes aux prêtres, les sacrificateurs parce que c’est cela leur honnête subsistance.
Dans le Nouveau Testament, Jésus inaugure un sacerdoce nouveau. A l’instar des prêtres de l’ancienne alliance qui se sont détachés de quelque chose de fort, celui qui décide de servir entièrement Dieu, doit faire un sacrifice. C’est en ce sens que les prêtres de la nouvelle alliance se détachent de la famille, ils ne fondent pas de famille. Dès le début de l’Eglise déjà ce détachement faisait son chemin. C’est dans cette dynamique, que le célibat deviendra une discipline. Regardons bien chez les Orthodoxes, je parle ici des grandes Eglises sœurs orthodoxes et non des sectes orthodoxes. Chez les orthodoxes, au diaconat le candidat fait un choix pour le mariage ou pour le célibat. Mais les évêques sont choisis parmi les prêtres célibataires. De la Bible jusqu’aux premiers siècles, pour servir Dieu, il y a des choix radicaux qui sont faits, il y a des séparations. Tous ceux qui décident de servir Dieu se détachent fondamentalement de quelque chose de fort. Jésus lui-même enseigne cela. On ne reste pas dans le confort pour se donner totalement à Dieu, on ne sert pas deux maîtres, c’est-à-dire on ne sert pas deux entités importantes.
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Il est vrai que par faiblesses et d’autres circonstances un prêtre peut ne pas respecter la promesse du célibat. Mais cela ne veut pas dire que tous les prêtres tombent chaque seconde. Beaucoup de prêtres tiennent leur promesse, ceux qui tombent cherchent à se relever.
La seule chose que le catholique doit faire c’est de prier pour les prêtres parce que leur célibat est attaqué de partout. Aujourd’hui tout le monde parle du célibat des prêtres comme si c’était le seul problème. Si tout le monde s’intéresse au célibat des prêtres, c’est qu’il y a une grâce là. Ce n’est pas le célibat des prêtres qui fait l’Eglise.
Mais le célibat des prêtres est important surtout aujourd’hui où tout tourne autour du sexe, le célibat des prêtres est un témoignage de vie qui montre que la vie ne se réduit pas seulement au sexe, au plaisir, à avoir des enfants. Le célibat des prêtres et le sacrement de mariage sont complémentaires et sont deux choix de vie exigeants à respecter pour devenir saint, car dans chaque état de vie il y a une grâce. Ce n’est donc pas parce qu’un prêtre n’a pas respecté sa promesse de célibat, que le célibat est un danger à l’épanouissement du prêtre et ce n’est pas parce que tous les prêtres se marieront que les églises seront pleines dans certains pays parce que dans ces contrées, même les communautés dans lesquelles les pasteurs se marient ne sont pas pleines pendant les cultes. Ce n’est pas parce qu’un individu n’a pas respecté les feux tricolores qu’il faut supprimer les feux. Dans les questions du célibat sacerdotal ou du mariage, il faut toujours prier pour chacun parce que les tentations sont grandes. Il ne faut pas aussi utiliser ces choix de vie pour commettre des abus.
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En somme l’Eglise n’oblige personne mais l’Eglise prie pour tous ses enfants, les célibataires et les mariés pour que chacun honore Dieu et respecte la dignité de la personne humaine dans le choix qu’il fait.
Merci et A bientôt
Père Marius Hervé Djadji.
Prêtre du diocèse de Yopougon
Professeur de théologie dogmatique
Contact : [email protected]
