Six pays de la CEDEAO, avec à leur tête le puissant Nigeria, n'ont pas encore pris le train de l'ECO, fait remarquer Ferro Bally.
Le Franc CFA est mort; vive l'ECO. Cette nouvelle a été annoncée, le 21 décembre 2019, par Alassane Ouattara et Emmanuel Macron à l'occasion de la visite du chef de l'État français en Côte d'Ivoire (20-22 décembre 2019).
Macron a parlé d'une « réforme historique et ambitieuse » pour répondre à la campagne qui n'a cessé d'enfler contre cette « monnaie coloniale française », créée, en 1947, sous la dénomination de franc de la Colonie française d'Afrique avant de muer en franc de la Communauté financière d'Afrique ou FCFA.
Les mesures arrêtées, à l'occasion de la naissance de l'ECO, paraissent spectaculaires. D'une part, la réforme, engagée en 1973 avec la réduction des administrateurs français à la BCEAO, est conduite à son terme.
La France se retire désormais de tous les organes de gestion de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA, regroupement de huit pays ayant en commun l'utilisation du FCFA).
D'autre part, la revendication, ébruitée par Patrice Talon, chef de l'État béninois, a été actée. Le dépôt de 50% des réserves de change du FCFA des pays de l'Union auprès du Trésor français prend fin.
Mais la partie est loin d'être gagnée. La pleine souveraineté monétaire échappe encore aux pays de l'UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo).
Car non seulement l'ECO garde, comme le CFA, une parité fixe avec l'Euro et reste donc une monnaie rigide pour « éviter, selon Ouattara, l'inflation », mais la France est toujours présente.
Garantissant cet arrimage dans l'accord conclu à Abuja, au Nigeria, c'est l'Hexagone qui demeure le tuteur vis-à-vis de la Banque centrale européenne (BCE).
En outre, le changement du nom CFA ne concerne pas les six pays de l'Afrique centrale (Cameroun, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée-Équatoriale, République centrafricaine et Tchad).
De plus, c'est le cavalier seul de l'UEMOA au sein de la CEDEAO. Les six autres pays de l'organisation ouest-africaine, avec à leur tête le puissant Nigeria, n'ont pas encore pris le train de l'ECO, qui apparaît comme un marché de dupes. Ils gardent leur monnaie (Naira nigérian, Cedi ghanéen, Dalasi gambien, Leone sierra-léonais, Franc guinéen et Dollar libérien).
Cela veut donc dire que si changement il y a eu, il est davantage de forme que de fond. En dehors de l'habillage et des concessions de façade, le cordon ombilical n'est pas encore coupé.
Les pays de l'UEMOA continuent de siéger encore dans le pré-carré français. Au grand déplaisir des autres États conduits par les Anglophones. Qui se sont auto-exclus du processus de la monnaie unique ouest-africaine.
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