Le Syndicat copropriété de l'Habitat Autoroute bloc Q sis à Treichville dirigé par René N'Guessan dit Kouao a fait une opération de coup de peinture le samedi 2 mars 2019. Cette opération d'embellissement se tient après que les populations de ce quartier aient été menacées de déguerpissement par la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (Sicogi).
« Nous remercions Souleymane Touré qui nous soutient à l'occasion de cette opération que nous avons initié pour l'embellissement des façades de notre cité parce qu'il faut un cadre adéquat pour nos populations», soutien Wilfried Diouf. « La Sicogi nous a donné des exploits de congé de déguerpissement. Nous avons adressé plus de 93 correspondances aux autorités qui sont restées sans suite le seul qui nous a écouté est Souleymane Touré.
Ces 208 logements que veut déguerpir la Sicogi, ont été construits en 1952 par le colonel Laurent Pierre Clauzet, un opérateur ‘'colon''» explique l'initiateur. « Les parents sont entrés dans ces logements en 1957 et la quasi-totalité des habitants étaient les collaborateurs de Félix Houphouët-Boigny dont Houphouët-Boigny lui-même. C'est en 1970 qu'il a pris une décision importante publiée dans le journal officiel ainsi libellé en son article 6 : ‘' la Sicogi doit proposer à la fin de chaque exercice la cession de certaines constructions de type économique au fur et à mesure de la constatation comptable de l'amortissement total de ressources propres et empruntées ayant servi à leur financement (…)'' », décrypte Wilfried Diouf.
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« Ainsi, certains sont devenus propriétaires en 1980 mais vu la lenteur du processus sont allés voir le président en 1990 qui a pris une décision en notre faveur. Dès qu'Houphouët-Boigny décède on met en mal le processus. En réalité, la Sicogi n'est pas dans ses droits », « si elle est réellement propriétaire pourquoi nous demande-t-elle de produire des preuves ? Ce sont des maisons en bandes considérées comme un même lot. Comment comprendre que mon voisin soit propriétaire pendant que je ne le sois pas ? », s'insurge-t-il.
Selon l'octogénaire Soumahoro, « j'ai mon titre foncier depuis le temps du colonisateur. Je ne comprends pas pourquoi la Sicogi le conteste aujourd'hui ! ». « Quand on se réclame houphouëtistes, on applique les décisions d'Houphouët-Boigny. Ça sera un drame social de déguerpir les familles de ces 208 logements », a précisé Wilfried Diouf.
« A la place de l'espace vert, se trouve une pharmacie et un lavage qui obstruent le passage de l'eau », critique Boubacar Dembélé un habitant. Pour Souleymane Touré, ex-adjoint au maire de la commune de Treichville et candidat malheureux aux précédentes élections, « nous avons toujours été aux cotés de la population de ce quartier. Aujourd'hui c'est une opération de coup de peinture, demain ça sera autre chose».
Karina Fofana