Laurent Gbagbo sur la mort de Bakoury Tabley et Camara H

Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien, est revenu sur la mort de Bakoury Tabley, Camara H et bien d’autres.

Je vais maintenant analyser quelques-uns des morts pour vous dire la vanité et la vacuité des accusations. On dit que le régime les a tués. Je ressens ça personnellement comme une insulte et une tentative d’effacement de tout ce que j’ai construit dans ma vie. On essaie de nier ma nature. On m’attaque sur ce que j’ai de plus cher parce que les deux choses qui me caractérisent, c’est que je ne tue pas et je ne vole pas. Et c’est là qu’on veut m’attaquer.

Et c’est là que je vais répondre. Aujourd’hui, sans avoir tué quelqu’un, je suis devenu président de la République. Etant président de la République, qu’est-ce que je cherche en tuant quelqu’un ? Surtout ceux-là ? Excusez-moi, je suis chrétien, je suis croyant. Pour moi, une vie humaine est égale à une vie humaine. Un être humain est égal à un être humain. Mais c’est en tant que président de la République que je suis accusé. C’est en tant que président de la République que je dois répondre. Si je tue quelqu’un c’est peut être quelqu’un qui peut m’empêcher de rester président. Or, examinons la liste des gens qui sont morts.


TEHE Emile d’abord !
Je le connais. Un homme grand, beau. Il est de Duékoué. Il est venu plusieurs fois chez moi à la maison. Il est venu plusieurs fois à Marna. Quand je faisais mon élection législative en 1996, il est venu me soutenir. On a passé trois jours ensemble à Marna. Quand on nous a arrêtés en 1992, il était en prison avec nous parce qu’il s’était retrouvé dans la manifestation. Ceux qui veulent peuvent fouiller dans les archives. Mais, TEHE Emile, il ne représente rien au plan politique. Il n’a jamais été élu nulle part. Même pas conseiller municipal.

Alors pourquoi vais-je tuer TEHE Emile ? Parce que quand même, on fait un raisonnement, un crime doit rapporter à son criminel. Il n’est ni riche ni politiquement important. Et je n’ai jamais vu un deuxième membre de son parti. Voilà pour l’homme politique.

Mais, il y a mieux. Quand la guerre a éclaté, ceux qu’on appelle aujourd’hui les jeunes patriotes, ils ont décidé de soutenir le régime, de soutenir la légalité. Ils ont organisé une grande manifestation le 2 Octobre 2002. Cette manifestation-là a surpris tout le monde par son ampleur. Y compris moi. Elle a été grandiose. Extraordinaire parce que, généralement, quand nous organisions des manifestations à l’époque, on ne le faisait pas à la place de la République qui est une place trop grande. Nous avions peur de ne pas pouvoir la remplir. C’était donc un pari que de rassembler les gens à la place de la République.

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Et ils ont tenu le pari. Tout le monde était surpris. Et moi, j’étais content. Naturellement, si une manifestation faite pour me soutenir réussit, je suis content. Ce serait être de mauvaise foi de dire : « Non, je n’étais pas au courant ». J’étais content. Alors, quelque temps après, ces mêmes jeunes gens décident de remettre ça pour le 2 Novembre. Ils lancent un appel pour une giga manifestation, plus grande que la première.

C’est ce 2 Novembre là, au matin, pendant que les manifestants allaient à pieds de leurs domiciles à la place de la République, ceux qui venaient de Yopougon trouvent sur le macadam, le corps de TEHE Emile criblé de balles. Pour moi, c’est juste un crime pour jeter le discrédit sur la manifestation pro-gouvemementale. C’est comme ça que j’ai interprété cela. Ayant vu le succès de la première manifestation, il fallait jeter le discrédit sur la deuxième qui s’annonçait plus grande encore. Et ce sont les jeunes qui allaient à la manifestation qui ont découvert le corps de TEHE Emile. J’ai ordonné qu’une enquête soit ouverte.

Elle est en cours. Mais qui est TEHE Emile et quelles sont les circonstances de sa mort ? C’est un homme que j’ai connu. J’ai participé à ses obsèques. Mais c’est bizarre ! Quel intérêt GBAGBO Laurent, président de la République a, à tuer TEHE Emile ? Celui qui n’a même pas une voix ! Voilà pour le cas de TEHE Emile.

DACOURY Tabley Benoît.
Cet homme était mon médecin personnel. C’est ça qui est la vérité ! De 1982 à 1993, il était mon médecin personnel. On peut même vous montrer les photos où il était avec moi dans mes tournées. C’est le dernier fils de DACOURY Tabley Jean qui a eu DACOURY Tabley Jean (premier fils), DACOURY Tabley Pierre (deuxième fils), DACOURY Tabley François ( troisième fils), DACOURY Tabley Paul (quatrième fils, évêque de Grand Bassam), DACOURY Tabley Michel ( cinquième fils), DACOURY Tabley Anne (sixième enfant), DACOURY Tabley Louis André (septième enfant), DACOURY Tabley Henri Philippe (Huitème enfant), DACOURY Tabley Agnès (neuvième enfant), DACOURY Tabley Benoît (dixième et dernier enfant). On est de la même région. On est tous de Gbady.

Non seulement on est de la sous-préfecture de Ouragahio, mais on est du canton Gbady ensemble. Entre nos deux villages, il n’y a pas plus de six kilomètres. Nos familles sont intimement liées. J’ai participé aux obsèques de leur maman. J’ai nommé DACOURY Tabley Michel, président du conseil d’administration du groupe de l’Hotel Ivoire.

Et, j’ai nommé DACOURY Tabley Henri Philippe, économiste, administrateur de la Côte d’ivoire auprès de la BAD. Ce sont mes frères. Il a décidé d’aller au RDR comme son frère Louis André. Ils sont libres. La plupart sont restés au FPI, ils sont libres. On vit en bonne intelligence. Où est le problème ? Un DACOURY Tabley Benoît, il fait quoi en politique ? Lui, il va m’enlever quoi ? S’il vit, quelle est la nuisance sur moi ? Un jeune homme qui est médecin. Mais il ya des milliers de jeunes médecins. En quoi est ce que la vie de DACOURY Tabley Benoît est gênante pour le président de la République et pour son épouse ? Rien du tout !

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Maintenant les circonstances de sa mort. Je viens de Kara où j’ai discuté avec le président EYADEMA. Le président FOLOGO est là, qui conduisait la délégation de l’Etat de Côte d’ivoire à Lomé pour les négociations entre les rebelles et le gouvernement. Au bout de trois jours, ils ont signé un premier accord sur les problèmes dits militaires, les problèmes corporatistes. C’était long et difficile. En réalité, les rebelles ne voulaient pas signer.

Ils ne voulaient pas arriver à un accord. Ils étaient actionnés par des puissances invisibles de nous, mais qui les travaillaient au corps. Il dit : « Président, je veux rentrer ». Je dis : « Non ! La responsabilité de la rupture ne viendra jamais de nous. Il faut que le monde les regarde et découvre ce qu’ils sont en réalité : des pions. Restez là-bas. » FOLOGO est resté à Lomé plus de cinquante jours avec toute la délégation : ils étaient seize.

Donc, ils peinaient pour trouver un accord. Et, enfin, le président EYADEMA qui a jugé que le moment était venu de faire signer un accord politique, a mis au point un texte. Accord de paix entre le gouvernement de Côte d’ivoire et le Mouvement Patriotique de Côte d’ivoire (MPCI). Et le jour où il a distribué le texte aux rebelles comme aux représentants du gouvernement pour leur dire de le lire, c’est ce jour-là que SORO Guillaume s’est illustré chez EYADEMA pour lui annoncer : « Nous suspendons toutes négociations ». « Pourquoi ? » « On vient de tuer un des nôtres à Abidjan. Nous suspendons toutes négociations. » C’était très bien tombé parce qu’ils ne voulaient pas signer.

Et moi ici, j’étais en réunion avec les chefs coutumiers qui croyaient que c’était déjà acquis. Ils voulaient aller féliciter le président EYADEMA. J’étais avec eux pour organiser leur voyage. Je reçois un coup de fil. C’est FOLOGO. Il dit : « président, ça ne va pas ici ». Je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Il dit : « SORO Guillaume vient de nous apprendre qu’on a tué DACOURY Tabley Benoît ». C’est SORO Guillaume qui est à Lomé qui apprend qu’on a tué DACOURY Tabley Benoît. FOLOGO me dit ça. Je dis : « Ah bon ! Je ne suis pas informé ». J’ai dit : « Président, raccrochons, je vais te rappeler dès que j ’ai des informations ».

Je croyais que c’était une ruse des rebelles. Je téléphone donc au ministre de la Défense, qui est de mon village, qui téléphone à notre député de Ouragahio, qui s’en va chez Henri DACOURY pour chercher les nouvelles. Et c’est là que Henri, qu’on venait d’appeler pour lui annoncer la nouvelle dit ; « Oui, Benoît est mort ». C’est comme ça que nous avons appris la mort de Benoît DACOURY. Et j’appelle FOLOGO pour lui dire : « Hélas, la nouvelle est vraie ».

Mais, je trouve curieux que pour les liens parentaux, amicaux et tribaux que j’ai avec la famille DACOURY et pour le poste que j’occupe, nous n’ayons pas été informés de la mort de Benoît Dacoury que par les rebelles depuis le Togo. Remarquez bien ! Tous ceux qui sont morts et qu’on cite, c’est toujours un gars du MPCI ou du RDR qui annonce les morts ou les disparitions. Ça n’a jamais été ni un gars du FPI, ni un gars PDCI, ni un citoyen ordinaire, ni un policier, ni un gendarme. C’est toujours les mêmes qui découvrent un crime. Là aussi, je trouve que c’est suspect.

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Camara YEREFE dit « H »
Je ne le connais même pas. Ni en image, ni en personne. Je ne sais même pas ce qu’il fait. C’est quand on m’a appris qu’il est mort et que les gens en faisaient un grand bruit aussi bien à Abidjan qu’en France que j’ai essayé de m’informer sur lui. On m’a dit qu’il était artiste et qu’il faisait des sketchs à la télé. J’ai demandé s’il me critiquait publiquement. On m’a dit non. Voyez-vous, je ne sais pas ce qu’il fait, je ne sais pas ce qu’il est, et je l’aurais tué ! Quel est le mobile ?

On a aussi dit qu’au cimetière, deux membres de la famille de Gbon COULIBALY sont morts. Ce jour là aussi, j’ai reçu un coup de fil qui me l’a appris. J’ai appelé immédiatement le général Touvoly BIZOGBO pour enquête. Il m’a joint deux jours après pour me dire qu’on a constaté effectivement, qu’après un enterrement, deux individus sont morts. Mais on n’a pas encore de piste. Quant à Hervé COULIBALY, je ne le connais pas non plus. C’est mon éphémère collaborateur Amon TANOH qui est venu me le dire. J’ai dit que je ne connais pas ce monsieur. Alors, lui, certains disent qu’il est mort, d’autres affirment qu’il vit au Burkina Faso. Je ne sais pas.

Voilà les problèmes des gens qui sont morts et pour lesquels on fait mousser : « Ah ! Le gouvernement ivoirien a tué, on tue, on tuera ». C’est mesquin, c’est méprisable et c’est misérable ! Tous ceux qui disent cela, je les attends sur le combat politique. Battons-nous politiquement, loyalement ! Je suis étonné que ceux qui ont engagé une guerre en Côte d’ivoire et qui ont tout bouleversé se plaignent. Ce n’est pas un prétexte.

Written by Laurent Gbagbo

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