Bally Ferro revient sur l'affaire Yodé et Siro et les critiques de certains militants du RDR-RHDP, après la sortie de l'album « Héritage ».
Des militants purs et durs du RDR ne décolèrent pas. Ils ont déterré la hache de guerre contre les artistes Yodé et Siro, qui ont posé, dans leur dernier Opus, le diagnostic, sans complaisance, d'un régime Ouattara liberticide, régionaliste, clientéliste et j'en passe.
C'est, pour eux, un crime de lèse-majesté. Et c'est le propre des militants ivoiriens, toutes sensibilités confondues: refusant de voir plus loin que le bout de leur engagement politique aveugle, ils se découvrent amnésiques. C'est pourquoi les habitants de la Case ont oublié qu'ils ont chanté, à tue-tête avec Yodé et Siro, « Korhogo ne sera jamais jolie parce que Sénoufo n'est pas président ».
En effet, en 1998 sous Henri Konan Bédié, ces deux artistes ont fustigé, à la grande joie du RDR, le concept d'ivoirité, accusé de catégoriser les Ivoiriens, à travers le morceau « Tu sais qui je suis!? ». « Si l'Ivoirien te dit: ‘Tu sais qui je suis?', c'est pour te dire qu'il est plus Ivoirien que toi. Le nouveau millénaire arrive mais l'Ivoirien a la peur au ventre. Affaire d'ivoirité parce qu'il ne sait pas s'il sera toujours Ivoirien », ont-ils décrié, poursuivant: « Je connaissais un monsieur. Il était Ivoirien mais vers la fin, il est devenu Ghanéen. Il y a un autre aussi. Il était Ivoirien et puis après, il est devenu Mossi.
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Même le chef du village, les gens ont commencé à dire qu'il n'est pas Ivoirien ». Ce morceau était la musique de propagande du RDR et de ses militants, dans l'Opposition, contre Bédié. Ils ont tressé des lauriers à Yodé et Siro quand ces derniers ont mis à l'index le laxisme, l'incurie et l'incompétence du pouvoir de Gbagbo, avec le titre « Le peuple te regarde ». Cette arme de démolition des pouvoirs a fait boomerang et voilà des responsables du RDR qui changent de position et de lunettes.
Souffrant de trous de mémoire, ils vont même jusqu'à demander l'arrestation de Yodé et Siro parce que ceux-ci disent à Ouattara, « ne fais pas aux autres ce que tu n'as pas voulu que l'on te fasse ». C'est un combat perdu d'avance. Car, Yodé et Siro ne caressent aucun régime dans le sens du poil. Et, après autopsie, opèrent toujours des frappes chirurgicales sur les mandats présidentiels.
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Grâce à leur constance dans l'engagement, leur maturité et leur mise à nue des travers sous tous les régimes, sans aucune exception, ils ne sont plus Petit Yodé et L'enfant Siro des Poussins chocs.Ils ont grandi pour devenir Yodé et Siro, les nouveaux coqs de la basse-cour ivoirienne. Contre vents et marées, ils annoncent le lever du jour, c'est-à-dire interpellent les pouvoirs qu'ils mettent fassent à leur miroir.
À force de persévérance et dans la peau de porte-voix du peuple, Yodé et Siro sont désormais les empêcheurs de tourner en rond et les éveilleurs de conscience. Pourvu que ça dure. Et qu'ils ne décrochent pas face aux chantages, menaces et pressions de toutes sortes.
