ACTUALITES WASHINGTON, 20 mai 2020 (Yeclo avec Xinhua) — Le rôle de Li Wenliang, cet ophtalmologue de l'Hôpital central de Wuhan qui a averti d'une potentielle épidémie, « a été déformé sans égard avec les faits », a estimé l'universitaire Stephen Roach dans un article diffusé lundi par le réseau Project Syndicate.
Membre du corps professoral de l'université de Yale et ancien patron de la filiale Asie de la banque américaine Morgan Stanley, il note que « le premier médecin chinois à avoir signalé le nouveau coronavirus n'était pas Li, mais Zhang Jixian », une consoeur elle aussi basée à Wuhan.
Le 27 décembre 2019, trois cas de pneumonie d'origine inconnue ont été signalés par le Dr Zhang après qu'elle eut reçu ces patients, soit la première fois que des autorités locales chinoises signalaient des cas suspects d'une nouvelle maladie.
Trois jours plus tard, le Dr Li envoyait sur le réseau social WeChat des messages disant que « sept cas ont confirmés sur le marché de primeurs et de fruits de mer Huanan », postant aussi une photo et une vidéo.
Le président américain Donald Trump et le secrétaire d'Etat Mike Pompeo « ont attisé les braises en accusant la Chine d'avoir dissimulé l'épidémie et de l'avoir sciemment laissé se propager », écrit M. Roach. « Mais leur preuve accablante, à savoir le décès tragique de l'héroïque lanceur d'alerte Li Wenliang, a fait long feu ».
« Contrairement au récit occidental, la réponse initiale des autorités locales (chinoises) a été prompte, bien que non exempte d'erreurs », ajoute-t-il, notant que le 30 décembre, la commission sanitaire de la mairie de Wuhan a publié des documents internes ordonnant de soigner des patients atteints d'une pneumonie d'origine inconnue.
Le lendemain, la Chine a informé l'antenne chinoise de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de cas de pneumonie d'origine inconnue à Wuhan. Le 3 janvier dernier, la Chine a commencé à envoyer des mises à jour en temps opportun tant à l'OMS qu'à d'autres pays, dont les Etats-Unis.
Le Dr Li a succombé au COVID-19 le 7 février. Il a été plus tard reconnu comme martyr, la plus haute distinction décernée à tout citoyen qui sacrifie courageusement sa vie pour sa nation, sa société et son peuple.
« La mort de Li a joué un rôle central dans les théories complotistes qui animent le discours anti-Chine au sein du Parti républicain de Trump », estime Stephen Roach. Selon lui, un document de stratégie électorale de 57 pages du Parti républicain ayant fuité « est rempli d'informations déformées sur la soi-disant intimidation de Li ».
« Plus les Etats-Unis sont aux prises avec les ravages causés par le COVID-19, plus désespérés à accuser la Chine seront Trump et ses loyalistes », conclut-il. Fin
