C'est une défense vraiment cocasse. Affaibli par la décision de révocation manifestement illégale, le Rassemblement des républicains (RDR, parti d'Alassane Ouattara) a décidé de passer à la riposte, en développant un drôle d'argument.
L'extrait du Journal officiel de la République de Côte d'Ivoire (JORCI) a vite inondé les plateformes sur les réseaux sociaux et a inondé la messagerie Watsapp. Nous sommes en 1995, comme aujourd'hui, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se battent. Le premier est opposant et le second chef d'Etat.
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Par décret pris en conseil des ministres, Bédié signe la révocation de Essoh Lohouess Vincent et de Claire Elisabeth Grah, respectivement maires de Dabou et de San Pedro. ces deux cadres qui avaient été ministres PDCI dans le gouvernement Ouattara (1990-1993) avaient viré au RDR. Le PDCI avait expliqué, comme c'est le cas encore aujourd'hui, que ceux-ci s'étaient rendus coupables de « faux en écriture publique, détournements ».
Exactement le même « chef d'inculpation » utilisé ce mercredi 1er août 2018, pour expliquer le décret présidentiel révoquant Noël Akossi Bendjo de son poste de maire du Plateau. Un procédé qu'avait utilisé, le gouvernement, pour démettre de ses fonctions de président du conseil régional du Hambol, Jean-Louis Billon accusé d'avoir repris sa carte PDCI, alors qu'il avait été élu sous la bannière du RDR.
De Lohouess en 1995 à Bendjo en 2018
En outre, toujours sur les réseaux sociaux, un drôle de document est servi par les réseaux RDR, comme étant la preuve de la régularité de la décision de révocation de Bendjo. Une saisine par trois individus, de l'Inspection générale d'Etat. Un document d'une page qui remonte à 2016, dans lequel ils se contentent d'affirmer qu'il y a eu « arrêt brutal des actions sociales en direction de la population » et d'en conclure que cela était constitutif, entre autres de « faux en écritures publiques », les termes utilisés justement par le gouvernement.
En 1995, le RDR s'était vivement élevé contre ces décisions autocratiques de Bédié. En 2018, le pouvoir ayant changé de camp, la brimade politique aussi, le RDR se félicite des mêmes décisions autocratiques et va jusqu'à les justifier. Notons que c'est cette instrumentalisation de la « justice » politique qui ont contribué à creuser le fossé entre le pouvoir PDCI et de nombreux Ivoiriens. L'histoire est un recommencement, c'est connu…
Emmanuel Gautier