Affaire apport de l’Etat dans les budgets des régions traine les pas : Mabri se prononce: « il y a un problème »

Accordant un entretien avec le Nouveau Réveil, le 31 août 2021, Mabri a donné son avis l’apport de l’Etat dans les budgets des régions.

Monsieur le président, vous êtes également président du Conseil régional du Tonkpi. Nous avons appris que l’apport de l’Etat dans les budgets dans différentes régions traine les pas. Faites vous aussi ce constat ?

Oui, je pense sincèrement qu’il y a un problème de volonté de décentralisation. Je voulais dire que nous ne comprenons pas que des collectivités existent, et qu’elles ne soient pas en mesure de travailler de manière convenable. Je ne trouve même pas pertinent d’en multiplier le nombre, lorsque celles qui existent n’ont pas les moyens de s’exprimer. C’est le cas en tout cas des régions. C’est le cas du Tonkpi.

Nous avons un million deux cent mille (1,2 million) habitants environ. Nous avons à peu près 12.000 km ² à couvrir, avec une forte démographie, avec une population jeune. Donc une démographie scolaire dense qui nous emmène à transformer pratiquement toutes les écoles en groupes scolaires, à construire des classes dans presque tous les villages. Pas parce que nos parents ne veulent pas que leurs enfants aillent à l’école chez le voisin.

Mais il se trouve que chez le voisin, il n’y a même plus de place ! Ils se trouvent à 70, 80, 100 élèves par classe. Si les enfants doivent parcourir 3 km, 5 km, des fois jusqu’à 10 km pour aller à l’école primaire, comme à notre temps à nous autres, et puis se retrouver dans des conditions difficiles là-bas. Sans oublier les questions d’alimentation, les risques pour les petites filles etc. C’est difficile. C’est des besoins énormes qui sont exprimés.

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L’Etat ne répond pas et c’est les collectivités qui devraient suppléer pour pouvoir jouer ce rôle. Dans le Tonkpi nous nous retrouvons avec une subvention à l’investissement de 700, 800 millions Fcfa, 1 milliard maximum, où il faut ouvrir des collèges, des écoles primaires, des centres de santé, des foyers pour jeunes, des magasins pour les femmes, l’entretien de pistes avec points critiques des dalots à faire quand c’est nécessaire.

Pour l’électrification dans quelques cas. C’est très cher. Donc nous laissons l’Etat essentiellement s’occuper de ça. Les questions de réparation des pompes villageoises, les cantines scolaires, les latrines dans les écoles, les marchés, l’aménagement des gares routières en zones rurales, les activités culturelles et dans notre cas la mise en place d’un fonds de soutien à l’entrepreneuriat chez les jeunes et chez les femmes.

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Tout ça, quand vous devez le faire dans l’enveloppe que nous avons, c’est difficile, surtout que rien n’est mis en place pour améliorer les ressources propres. Et le retour sur les recettes fiscales, pour les collectivités en tout cas ce qui concerne le Tonkpi, est une question très hypothétique. Donc c’est ça l’état de collectivités notamment des régions. Je pense que c’est un problème. Il faut que l’Etat exprime sa volonté de décentraliser et nous donne les moyens de mieux nous exprimer.

Written by Karine Kamatari

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