Nazaire Kadia à Ouattara: « ce n’est pas le Conseil Constitutionnel qui décide de qui peut être candidat mais la loi »

Nazaire Kadia décrypte la déclaration de Ouattara à Bongouanou relative au Conseil Constitutionnel et la présidentielle ivoirienne 2020.

La semaine écoulée a été très riche en événements et aussi en déclarations. A la visite d'Etat à relent de campagne électorale du chef de l'Etat sortant dans la , ont répondu l'investiture du candidat du à et la visite de compassion et de soutien de Mme à et à .

A l'observation, chaque camp, chaque parti s'adonne à des échauffements pour les joutes électorales à venir. Si pour le moment ces événements se déroulent dans un climat apaisé, souhaitons que cela puisse continuer ainsi dans quelques jours. Au cours de sa tournée dans la région du , le chef de l'Etat sortant a fait des déclarations qui méritent qu'on s'y arrête.

Parlant de sa , illégale au regard de la constitution, il demande qu'on laisse le peuple en juger en allant aux élections. Au demeurant, que tout le monde s'en remette aux décisions du . Cette position est des plus discutables.

LIRE AUSSI : Ouattara, plus rien ne saurait l'arrêter après sa rencontre avec Macron

Être inéligible et faire tout de même acte de candidature, est inacceptable et ressemble fort à une projection de passage en force ; juste parce qu'on a l'armée avec soi, on contrôle la et que tous les juges du Conseil Constitutionnel sont redevables à la signature qui fonde leur existence. C'est le lieu d'indiquer que ce n'est pas le Conseil Constitutionnel qui décide de qui peut être candidat mais la loi.

Dans l'esprit du chef de l'Etat sortant, une fois que le Conseil Constitutionnel aura validé sa candidature, les seront devant le fait accompli. En effet, il est su de tous que toute décision de cette auguste institution n'est susceptible d'aucun recours, encore moins de contestation.

Sa décision a la force de la chose jugée. Mais cette considération n'est plus d'actualité. Un précédant de contestation d'une décision du Conseil Constitutionnel a déjà eu lieu et cela n'a ému personne. Tout au contraire !

LIRE AUSSI : Nazaire Kadia à Kandia Camara : « les adversaires en question ont-ils des raisons de vouloir se venger ? »

Pour rappel, en 2010, le Conseil Constitutionnel, présidé alors par le professeur Paul Yao N'dré, a proclamé les résultats définitifs de l'élection , à l'issue du deuxième tour, en donnant le président vainqueur de ladite élection.

En se fondant sur le principe de non recours et de non contestation des décisions qui fonde la toute puissance et la noblesse de l'institution, tout le monde, content ou pas, devait s'en tenir à la décision de la chose jugée. Mais que nenni ! Le , la et la « communauté internationale », arguant que M. Paul Yao N'dré est un proche du président Laurent Gbagbo, ont contesté et déchiré la décision par la force des armes.

Ils ont désacralisé l'institution, ouvrant ainsi une brèche où désormais tout le monde pourra s'engouffrer. La jurisprudence de 2010 sera utilisée pour contester toute décision du Conseil Constitutionnel, allant dans le sens d'une validation de la candidature anticonstitutionnelle du chef de l'Etat sortant. Parallélisme des formes oblige !Par ailleurs, on est surpris de voir le chef de l'Etat sortant se découvrir une âme de souverainiste qu'on ne lui connaissait pas.

Il aurait déclaré : « …Nous devons faire confiance à nos institutions et arrêter de penser que les décisions doivent être prises à ou à New York… ». Si cette déclaration est vraiment de lui, alors crions tous « Alléluia ! », le chef de l'Etat vient de recevoir sa « révélation » sur le « chemin de Damas » à l'instar de Saint Paul.

LIRE AUSSI : « Respect des institutions »: et pourtant en 2010, Ouattara a appelé Paris pour dégager Gbagbo du pouvoir »

Que le nom su soit béni !Mais on ne peut s'empêcher de penser que cela ressemble fort à l'hôpital qui se moque de la charité !On a en mémoire tous les appels qu'il avait lancés en 2010 pour que « la communauté internationale », Paris et New York, viennent dégager le président Laurent Gbagbo du pouvoir.

On a en mémoire la jubilation qui était la sienne et celle de ses partisans, lorsque l' et l', faisaient pleuvoir des tonnes de bombes sur la résidence de Gbagbo, du moins la résidence officielle des présidents de Côte d'Ivoire.

Si cela ne l'a pas ému outre-mesure, parce qu'il était le grand bénéficiaire de cette infamie infligée à notre , alors sa déclaration souverainiste aujourd'hui, ressemble fort à un lâchage en règle de cette « communauté internationale » dont il était le chouchou ; cela ressemble également au … chant du cygne.

LIRE AUSSI : Amadou Sadjo Barry : « Ouattara en ses 10 ans de règne n'a pas su guider la Côte d'Ivoire vers la sortie définitive de l'autoritarisme »

Dans tous les actes posés, il faut toujours penser à demain. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours ! S'il y a eu un matin, il y aura assurément un soir.

Written by Nazaire Kadi

COVID-19 aux Etats-Unis : le nombre de malades dépasse les 6,5 millions

Nouveau cas d’Ebola en Centrafrique ?