Lettre ouverte du cyberactiviste pro-Gbagbo, Steve Biko au Professeur Ouraga Obou, l'un des experts de la Constitution ivoirienne.
Cher Professeur Ouraga Obou,
Je voudrais d'emblée vous présenter mes excuses de vous interpeller publiquement. Je reste convaincu que votre magnanimité légendaire saura pardonner mon zèle et mon outrecuidance. A ma décharge, sachez que je n'ai eu d'autres choix que d'agir ainsi face à la situation politique que traverse notre pays et qui interpelle le citoyen et l'apprenant que je suis. Concédez-moi donc le fait d'être en légitime défense intellectuelle et patriotique.
Cher Professeur Ouraga Obou,
Si je me permets de vous interpeller en ce jour, c'est parce que vos lumières sont attendues dans le débat en cours sur la possibilité d'un troisième mandat du président de la république actuel. Elles sont d'autant plus attendues que vous êtes celui qui a porté ce projet de reforme constitutionnelle. Si le chef de l'État a pensé la nouvelle constitution, c'est vous qui l'avez écrite et vous nous aviez assuré qu'elle garantissait la démocratie et les libertés publiques. Cependant, comme vous pouvez le constater, certains individus en veulent profondément à votre bébé constitutionnel.
Cher Professeur Ouraga Obou,
J'aurais pu ne pas vous déranger tant je vous sais occupé par vos nombreuses préoccupations académiques. Mais lorsque j'ai sollicité le Docteur en droit Cissé Bacongo, il m'a fait comprendre insidieusement que le Docteur est mort et qu'il n'était désormais plus que le fils du Worouba. Vers qui pourrais-je me tourner dans ces conditions si ce n'est vous cher professeur dans l'espoir que le Professeur de droit ne soit pas mort pour laisser la place au fils de Gueguedigbepa dans la sous-préfecture de Gagnoa.
Si vous avez peur, sachez que le peuple Ivoirien saura être votre avocat.
Je pense d'ailleurs que vous êtes l'interlocuteur approprié puisque vous déclariez le 8 novembre 2016 : « Je puis vous assurer, Ouattara respectera sa parole, il ne briguera pas un autre mandat (…) depuis environ quatre mois, j'échange presque au quotidien avec le président de la République. Je puis vous assurer qu'il respectera la Constitution et ne briguera pas un autre mandat. Le Président de la République qui est à son deuxième mandat ne peut en briguer un autre, dès que la Loi fondamentale le lui en interdit. »
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Cher Professeur Ouraga Obou,
Quand le chef de l'État a déclaré devant le Congrès réuni que la Constitution que vous avez écrite lui donnait droit à encore deux mandats, vous vous êtes tu. Je suppose que vous ne voyiez pas l'intérêt de vous exprimer puisqu'il annonçait sa décision de ne pas être candidat à nouveau. Mais à ce jour, pouvez-vous faire l'économie d'une prise de parole publique sur cette épineuse question ? C'est votre bébé que l'on s'apprête à violenter et à violer. Voulez-vous être accusé d'infanticide du fait de votre silence ?
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Cher Professeur Ouraga Obou,
Vous êtes en état d'interpellation urgente. Vous avez le droit de ne pas garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous ne direz pas pourra être et sera utilisé contre vous devant le tribunal de l'histoire. Vous avez le droit de dire la vérité et rien que la vérité. Si vous avez peur, sachez que le peuple Ivoirien saura être votre avocat. Durant cette période sensible de notre pays, vous devez décider maintenant d'exercer votre droit à la parole. Vous pouvez aussi faire le choix de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déclaration. Nous en tiendrons compte dans l'écriture de l'histoire politique de notre pays.
