De la désobéissance civile aux législatives : quand les militants de l’Opposition ivoirienne perdent le fil de la stratégie adoptée

De la désobéissance civile aux législatives, l’Opposition ivoirienne se préparent activement aux élections de mars 2021 mais comment ?

Les partis politiques ivoiriens, toutes tendances confondues, sont en effervescence. Tous préparent activement les élections législatives prévues pour mars prochain. L’heure est aujourd’hui au choix des meilleurs candidats à même de porter haut le flambeau de chaque parti.

Pour les militants des partis politiques de l’opposition, la situation n’est pas facile quant à la compréhension de l’évolution des événements et au comportement à adopter. En effet, de la crise préélectorale, aux préparatifs des élections, les mots d’ordre incertains, les hésitations, les silences et la non-lisibilité de la stratégie usitée, ont plongé ces militants dans une situation de tension interne, où se bousculent dans leur esprit, des ordres contradictoires. Cette situation les met dans une position où ils ne savent ni quoi penser, ni quoi faire. Ils nagent ainsi en pleine dissonance cognitive.

La dissonance cognitive, concept introduit par le psychosociologue Léon Festinger en 1957, dans son ouvrage « A theory of cognitive dissonance », peut être appréhendée comme « l’inconfort psychologique généré par la croyance en des idées, des opinions, des ordres, des connaissances contradictoires ou incompatibles entre eux ». On peut continuer pour dire que c’est également, « la tension ressentie par un individu lorsqu’un comportement entre en contradiction avec ses idées ou ses croyances »

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La définition est plus longue, mais nous allons nous en tenir à celle-là si brève soit elle.
Cette brève approche conceptuelle de la dissonance cognitive résume bien, la situation que vivent beaucoup de militants de l’opposition. Depuis la crise préélectorale, ces militants ont été confrontés simultanément à des informations, à des mots d’ordre, à des comportements et à des silences de leurs dirigeants qui les mettent dans un état de tension désagréable et de confusion dans l’esprit. Nombreux sont ceux qui sont désorientés par l’évolution et surtout par la tournure des événements. Mais discipline de parti oblige, ils s‘y plient et continuent la lutte.

Les exemples sont légion de décisions contradictoires qui mettent à mal les militants quant au comportement à adopter. Ainsi, des candidats de l’opposition, retenus pour l’élection présidentielle ont décidé de boycotter ladite élection tout en affirmant être toujours en course. De même que les militants ont eu une succession de mots d’ordre et de situations qui les ont véritablement désorientés.

De la désobéissance civile, au dialogue national en passant par la création du CNT et aujourd’hui à la participation aux joutes électorales pour les législatives, les militants n’ont pas perçu le fil conducteur de la stratégie adoptée. Le déficit de communication et d’orientation a été un facteur qui a semé le doute et la confusion dans l’esprit de nombreux militants en proie à de nombreuses interrogations :

  • Le mot d’ordre de désobéissance civile est-il levé ?
  • En allant à la table de négociation, et bientôt aux élections, reconnait-on de facto l’élection présidentielle passée et le pouvoir qui en est issu ?
  • Si l’élection présidentielle est illégitime, qu’en sera-t-il de la légitimité des législatives organisées par le pouvoir issu de l’élection présidentielle illégitime ?
  • Est-on sûr que le scrutin sera transparent avec le juge des élections et l’organisateur de ces élections totalement acquis à la cause de l’adversaire ?

Mais le plus déroutant, c’est qu’à peine, les discussions entamées et sans accord véritable sur un certain nombre de sujets, dont la recomposition de la CEI, que cette même CEI ouvre la période de dépôt des dossiers de candidature pour les élections législatives.

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Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’opposition n’a émis aucune protestation contre cette manière de la prendre de vitesse. Ni la liste électorale, ni le découpage électoral n’ont fait l’objet de débat tel que souhaité par les partis politiques de l’opposition.

Le silence assourdissant de l’opposition et sa présence sur le starting-block, intriguent bien de militants en proie à des doutes. Comme susmentionné, ces militants sont dans une situation d’interrogations continues…

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Mais « alea jacta est », le sort est jeté, et en militants disciplinés, sans véritablement savoir où nous allons, nous investirons le terrain pour faire gagner l’opposition. Cependant il ne faut pas se leurrer, contrôler le parlement n’empêchera pas le chef de l’Etat d’opérer des passages en force à travers ses ordonnances, même dans des domaines qui ne sont pas les siens ; les habitudes ont la vie dure !

Bien plus, ces pseudo-dialogues ainsi que ces législatives ressemblent fort à une opération de charme à l’endroit des soutiens extérieurs, et non à un souci d’apaiser le climat politique.
Mais il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir, et l’ivraie sera séparée du vrai.

Written by Nazaire Kadi

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