Les enseignants participant au mouvement de grève débuté le 3 avril 2025 feront l’objet de ponctions salariales, selon les déclarations officielles du ministère.
Les enseignants grévistes subiront des retenues sur leurs salaires. Cette décision a été annoncée par Adama Coulibaly, Inspecteur général de l’enseignement, lors d’une intervention télévisée sur la RTI. La mesure vise les participants au mouvement social débuté jeudi 3 avril 2025, prévu pour durer jusqu’au lundi 7 avril.
Cette sanction financière s’inscrit dans la logique administrative du « service non fait », appliquée habituellement lors des arrêts de travail dans la fonction publique. Le mouvement, initié par plusieurs organisations syndicales dont le Mouvement des Enseignants pour la Dynamique de la Dignité (MEDD), revendique l’instauration d’une prime d’incitation pour les enseignants.
Le principe du « service non fait » appliqué
L’Inspecteur général a justifié cette mesure par un principe simple : « Des sanctions seront prises notamment les ponctions parce que celui qui ne va pas au travail ne peut pas être payé », a-t-il déclaré sur les antennes de la chaîne nationale. Cette position rappelle les dispositions statutaires régissant la fonction publique ivoirienne.
Les autorités éducatives considèrent que la période choisie pour la grève est particulièrement préjudiciable au système éducatif. « Cette grève se fait dans un moment où on organise le PASEC et les examens à grand tirage », a souligné Adama Coulibaly, faisant référence aux évaluations du Programme d’Analyse des Systèmes Éducatifs de la CONFEMEN et aux épreuves physiques du BEPC en cours.
Le représentant du ministère a également formulé des reproches concernant l’attitude de certains grévistes : « Les enseignants grévistes font croire aux enfants qu’il n’y a plus cours et ils menacent les collègues qui ne se reconnaissent pas en cette grève ». Ces accusations laissent entendre que des pressions seraient exercées sur les enseignants souhaitant poursuivre leur activité.
Controverse sur la participation réelle
La question du nombre exact d’enseignants participant au mouvement reste sujette à controverse. Selon Adama Coulibaly, « 80% des enseignants ont travaillé sur l’étendue du territoire », minimisant ainsi l’impact de la grève sur le fonctionnement des établissements scolaires.
Cette évaluation est vivement contestée par les syndicats à l’origine du mouvement, qui affirment au contraire un suivi massif de leur mot d’ordre. Les organisations syndicales rejettent également les accusations d’intimidation portées à leur encontre, estimant qu’elles visent à délégitimer leur action.
La décision d’appliquer des retenues financières intervient dans un climat déjà tendu par l’arrestation d’Assy Duggary Ghislain, chargé de communication du MEDD. Le syndicaliste a été placé sous mandat de dépôt vendredi 4 avril, soit au lendemain du début de la grève, une situation dénoncée par l’Intersyndicale du Secteur de l’Éducation et de la Formation (IS-MENA).
Les ponctions salariales annoncées soulèvent des questions sur leur capacité à modifier le rapport de force entre le ministère et les syndicats. Si cette mesure peut dissuader certains enseignants de poursuivre le mouvement pour des raisons financières, elle risque également de renforcer la détermination des plus engagés, qui pourraient y voir une tentative d’intimidation.
L’issue de ce bras de fer dépendra de la capacité des deux parties à trouver un terrain d’entente sur la revendication principale des syndicats – l’instauration d’une prime d’incitation – et sur les modalités de retour à un fonctionnement normal du système éducatif.
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