« La plus grosse tare de la gouvernance de Ouattara est qu’il n’a pas posé d’action allant dans le sens de l’unité nationale » – Kyria Doukouré

Selon Kyria Doukouré, la plus grosse tare de la gouvernance de Ouattara est de n'avoir posé aucune action allant dans le sens de l'unité nationale.


Avec le temps, je comprends pourquoi les militants du RDR et nous avons du mal à nous entendre. Nous ne parlons pas le même langage et n'avons pas la même visée. Pour le militant primaire du RDR, construire des routes est l'essentiel tandis que, pour nous, et pour tous les présidents qui ont précédé M. Ouattara, il s'agissait avant tout de bâtir une nation. Je n'affirme pas que construire des routes n'est pas important. Je parle ici de primauté d'action et de réflexion.

Un pays n'est pas forcément une nation et une nation n'est pas forcément un pays. Un pays est un espace géographique. Une nation est un peuple uni par des liens forts. Compte tenu de notre passé colonial et de l'héritage des frontières, nous avons des peuples sur un même territoire géographique qui ont des cultures et des modèles de pensées différentes. Il faut donc travailler à donner une unité de destin à ces peuples disparates.

Felix Houphouët Boigny a été le premier à y travailler sérieusement. A son époque, on pouvait avoir son entrée en sixième à Gagnoa et être orienté à Korhogo. Il visait le brassage de nos peuples afin qu'ils se connaissent. Pendant que les enfants du sud allaient vers le nord, les ‘'Dioulabougou'' naissaient dans les régions du sud et de l'ouest. Aujourd'hui, tout fils du sud a par la force des choses une parentèle au nord ou au centre. Ce brassage est d'ailleurs notre premier rempart contre un conflit ethnique.

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Le président avait quant à lui une vision plus économique de ce brassage. Sa logique était de développer économiquement le nord afin que de ne pas engendrer de frustrations. C'est ainsi qu'avec les ministres Mohamed DIAWARA, Abdoulaye SAWADOGO et Arsène Assouan USHER, il pilotera le projet ‘'Côte d'Ivoire 2000'' qui a doté le nord de grands complexes économiques et industriels. D'ailleurs, son projet des 12 chantiers de l'éléphant d'Afrique s'inscrivait dans cette dynamique. Le projet d'ivoirité qui sera malheureusement galvaudé était clairement dans cette ambition.

Quant au président , il espérait construire la nation par la démocratie et les libertés publiques. Pour lui, c'est en traitant tous les fils du pays sur un pied d'égalité que l'on déboucherait sur une nation. Il le répètera d'ailleurs à la : « Nous avons besoin de la démocratie non pas parce que vous, vous le dites, mais parce que nous-mêmes, nous en avons effectivement besoin pour construire nos États.

Madame regardez la Côte d'Ivoire, si nous n'employons pas la démocratie, comment nous allons choisir le chef de l'État ? Il y a à l'est, adossés à la frontière ghanéenne, les Akan qui ont un mode à eux pour choisir leurs chefs de village ou de canton ou leurs rois.

Nous avons à l'ouest un pouvoir éparpillé. Nous avons au nord des Malinké islamisés qui se regroupent autour des mosquées et à côtés d'eux, des Senoufos qui se retrouvent dans les bois sacrés. Quel mode électoral allons-nous prendre ? Donc la démocratie nous aide. Parce qu'elle fait table rase de tout cela et elle donne à chaque individu, considéré comme citoyen, une voix. C'est pourquoi je me suis engagé dans la lutte pour la démocratie. »

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Ainsi donc, tous les présidents qui se sont succédé, chacun selon sa vision a essayé de contribuer à bâtir la nation ivoirienne. Ce n'est pas pour autant que c'était des anges et qu'ils ont tout réussi. Mais ils ont eu le mérite d'indiquer la voie et poser des actions susceptibles de favoriser l'avènement de la nation ivoire.

Depuis que M. Ouattara est au pouvoir, comme les autres présidents, il a fait de bonnes choses et des choses moins bonnes. Son bilan est discutable et peut quand même être défendu avec beaucoup d'efforts. Cependant, la plus grosse tare de sa gouvernance est de n'avoir posé aucune action allant dans le sens du renforcement de l'unité nationale.

Il s'est contenté d'être le chef de son camp et de son clan. Et pourtant le danger pointe à l'horizon aujourd'hui et si nous n'arrivons pas à consolider cette nation, les efforts fournis pas ses prédécesseurs ne seront pas suffisants pour stopper la haine qu'il inculque à ses partisans. C'est pourquoi quand nous parlons de la Côte d'Ivoire, ils nous parlent de routes et de ponts.

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Relier des villes, c'est très bien. Relier des cœurs et des pensées pour construire une nation, c'est mieux. Malheureusement M. Ouattara sape tous les fondements de notre nation comme si son ambition était de laisser cette construction en lambeaux.

Written by Kyria Doukouré

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