Le président de l'Union pour la paix en Côte d'Ivoire (UPCI) Me Brahima Soro s'est adressé à la nation Ivoirienne à l'occasion de la nouvelle année 2019.
L'année 2018 a commencé au plan politique avec l'élection au suffrage indirect des premiers sénateurs de l'ère multipartite. Alors que rien ne les y obligeait, nos gouvernants ont érigé en priorité nationale absolue l'élection de 2/3 des sénateurs.
Ils ont été effectivement élus le 24 mars 2018. Mais depuis leur élection, non seulement le tiers des sénateurs devant être nommé ne l'a pas été mais une simple lettre de l'exécutif en date du 13 septembre a suspendu les attributions constitutionnelles du sénat et restauré la plénitude de compétence des députés.
Les ivoiriens sont en droit de se poser au moins deux questions
qui demeurent à ce jour sans réponse :
1° Pourquoi organiser une onéreuse élection des sénateurs dans la précipitation
et leur verser des indemnités depuis neuf mois si c'est pour refuser qu'ils
mettent la sagesse qu'ils sont sensés incarner au bénéfice de l'examen des
projets de lois ?
2° Pourquoi est-il si difficile de nommer 33 sénateurs alors que l'acte de
nomination ne coûte rien au budget de l'Etat contrairement à l'organisation
d'une élection ?
Depuis le 28 avril 2018, à la suite d'un exercice démocratique transparent ayant fait appel au vote de chacun des délégués statutaires de notre parti sur une question qui n'est pas celle de l'élection du président du parti, nous avons opposé un non ferme, catégorique et définitif à un projet dont les ivoiriens découvrent aujourd'hui qu'il est éloigné de leurs aspirations profondes, à savoir un emploi décent et rémunérateur, un système éducation/formation performant et la bonne gouvernance qui passe par l'exemplarité des gouvernants et leur ferme volonté à lutter contre la corruption.
Les tentatives de division de notre parti comme d'autres partis avant et après le nôtre ont toutes échoué et n'ont fait que nous renforcer dans la conviction d'avoir bien agi le 28 avril. En juin, les inondations ont encore fait de nombreuses victimes humaines et d'importants dégâts matériels tant à Abidjan qu'à l'intérieur du pays comme si nous n'avions pas tiré les leçons du passé.
En août, notre grain de sable dans la puissante machine qui se croyait irrésistible, combiné à d'autres facteurs, a abouti à la brève décrispation obtenue, non sans contrainte, le 7 août 2018, avec la libération des prisonniers de la crise postélectorale de 2010. Bien sûr, cette mesure est heureuse même si on peut regretter qu'elle ait été limitée à ceux qui ont pu être regardés comme les donneurs d'ordre laissant les exécutants toujours en détention.
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Ce qu'il conviendra de corriger en 2019 en même temps que l'achèvement du processus d'indemnisation des victimes. L'année 2018 s'achève sur l'organisation chaotique de l'élection des conseillers municipaux et régionaux du 13 octobre et leur reprise partielle du 16 décembre. Outre l'échec manifeste de la Commission Electorale Indépendante actuelle à organiser des élections transparentes et crédibles, celles-ci ont mis en évidence une raison d'espérer et une raison de désespérer.
Les magistrats de la chambre administrative de la Cour Suprême de Côte d'Ivoire, cette haute juridiction inconnue de la majorité des ivoiriens, en annulant les élections dans des circonscriptions où des sofas du prince s'étaient cru tout permis, ont au péril de leur carrière, indiqué la voie en résistant à la tentation de faire plaisir au prince.
Dans une démocratie qui fonctionne, ce serait une anomalie de saluer une décision de justice. Mais dans la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui, il est bon de saluer le courage de ces hauts magistrats qui ont donné de l'espoir à tous ceux qui doutent de notre justice tant sinistrée. Le chaos qui a entouré l'organisation de ces élections et le comportement de certains candidats têtes de listes ont achevé de convaincre davantage d'ivoiriens que la politique ne sert à rien.
Comment comprendre que des candidats acceptent plusieurs lettres de parrainage venant de parrains opposés ?
Comment comprendre que des candidats se fassent élire sous une bannière et se retrouvent au lendemain de leur élection sous une autre bannière, diamétralement opposée à la première ? Dans les deux cas, cela ressemble à une escroquerie à l'électeur que l'intimidation, bien réelle parfois, des sofas du prince et “l'idéologie du ventre” ne peuvent excuser.
Enfin notre pays termine l'année 2018 sur une confusion autour de l'objet du congrès d'unification des partis du RHDP ou du moins de ce qu'il en reste, à savoir la fusion sans absorption ou l'unification sans disparition des entités.
Si certains observateurs peuvent être surpris par cette esbroufe, l'UPCI avait très tôt compris que ce projet n'était rien d'autre qu'un « bal masqué » et que le promoteur de ce spectacle avait au moins trois décennies de retard en promouvant la naissance à tout prix d'un parti unique ou parti-état, en « broyant » au passage la liberté d'expression et poussant le ridicule jusqu'à créer des “pro” au sein d'associations apolitiques.
Il est préférable et souhaitable que la déception que cette fin d'année peut susciter chez une majeure partie des ivoiriens fasse place net à un vaste rassemblement en vue de construire une alternative crédible destinée à mettre un terme à ce cycle infernal commencé au début des années 1990 et qui doit impérativement prendre fin en 2020.
À nos adherent(e)s, je voudrais adresser mes vives félicitations
pour votre engagement emprunt de détermination et vous exprimer toute ma fierté
ainsi que ma gratitude pour votre soutien sans faille.
A ceux des nôtres qui se sont égarés, je voudrais tendre la main et les inviter
à regagner la maison commune.
En 2019, l'UPCI sera aux côtés du peuple ivoirien pour prendre toute sa place dans la construction d'une vraie alternative à ceux qui n'ont aucun intérêt à clarifier tant le jeu politique que leur propre position dont l'unique projet se résume à eux et leur clan.
Bonne et heureuse année 2019 à toutes et à tous.
Vive la Côte d'ivoire.
Président de l'UPCI