Laurent Gbagbo a organisé sa grande rencontre avec ses militants, pour célébrer sa renaissance, c'est-à-dire le jour où il a été acquitté par la justice internationale, un 31 mars.
Qu'a-t-il dit à ses militants ? Il a dit qu'on lui a volé sa victoire en 2010, qu'il a été acquitté un 31 mars, que par conséquence on devrait continuer à chercher les vrais coupables des violences qui ont émaillé ce qu'on a appelé la crise post-électorale, et que sa femme Nady venait le voir trois fois par semaine, ce qui explique le grand amour qu'il a pour elle. Sans vouloir faire de l'esprit, c'est vraiment tout ce qu'il faut retenir du discours de Laurent Gbagbo à sa « fête de la renaissance » le 31 mars à la place Ficgayo de Yopougon.
Le lendemain, il a rencontré les jeunes au Palais de la Culture de Treichville pour leur dire d'aller acheter de l'igname à Bondoukou et Odienné pour aller les vendre, qu'il créera une banque de l'emploi quand il reviendra au pouvoir, qu'il développera le sport et qu'il créera des commissions-jeunesse dans chaque commune et région que son parti dirigera. Bon !
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Comme l'a dit un confrère, Gbagbo a juste fait du Gbagbo ce week-end. D'aucuns diront qu'il radote, car l'histoire du dévouement de sa chérie Nady, cela fait au moins vingt fois qu'il nous la raconte. Ecoute, Koudou, on sait tous que tu as engagé une procédure de divorce avec Simone, que tu vis depuis de longues années avec Nady, et au fond, ça ne nous regarde pas. Tu n'es pas le premier infidèle de ce pays, et tu ne seras pas le dernier. Mais tu es peut-être le seul à exposer publiquement ton infidélité et à la mettre en scène, ce qui est quand même navrant pour un ancien chef d'Etat qui semble aspirer encore à le redevenir, car le chef de l'Etat doit être le garant de la morale et des lois de son pays. Oh, partout dans le monde il y a des responsables politiques qui commettent des infidélités ou qui traversent des turbulences dans leurs foyers, mais ils ont la pudeur d'être discrets dessus. Mais passons. On sait ce qu'il en était des Refondateurs et de la morale. C'est bien sous leur règne que les bars où des jeunes filles s'exhibaient toutes nues ont fleuri dans tout le pays. On se rappelle que le chef de l'Etat lui-même n'avait pas hésité à envoyer certains de ses hôtes de marque dans une de ces boîtes à Yopougon.
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A propos de la crise post-électorale, je crains que nous ne soyons dans un dialogue de sourds jusqu'à la fin des temps. Gbagbo et les siens ne reconnaîtront jamais leur responsabilité dans les crimes qui ont suivi l'annonce des résultats de l'élection présidentielle de 2010, mais nous qui étions dans le pays à cette époque, n'oublierons jamais qui gouvernait le pays et quelles armée et police faisaient régner la terreur dans le pays jusqu'à ce que les Forces Nouvelles descendent du nord. Gbagbo soutiendra jusqu'à la fin de sa vie que s'il a été acquitté, il n'y a pas de raisons que ses sous-fifres soient encore emprisonnés, oubliant sciemment que la responsabilité pénale est individuelle. N'est-ce pas lui-même qui a dit « quand on t'envoie il faut savoir t'envoyer » ? Si ses sous-fifres se sont mal envoyés et ont commis des crimes, ils paieront.
Concernant la jeunesse, je ne sais s'il faut en rire ou en pleurer. J'aimerais bien voir cette banque qui prêtera de l'argent à des jeunes désargentés qui voudront créer une entreprise. Comme Laurent Gbagbo a beaucoup d'argent, il leur servira peut-être de caution. Rappelons-lui quand même que c'est sous son règne que l'école a été assassinée par une mafia appelée FESCI qu'il a soutenue jusqu'au bout, mafia qui n'hésitait pas à tuer et à violer.
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Terminons avec un peu d'humour. Citons ces quelques lignes extraites d'un article du « Nouveau Réveil » du 3 avril : « la session extraordinaire du Congrès du PDCI-RDA, tenue le jeudi 30 mars dernier, a donné lieu de constater le bon état de santé du PDCI-RDA. Le parti que certains esprits très peu avertis du pouvoir RHDP traitent de moribond et ne se lassent pas de prononcer son oraison funèbre, a fait preuve de sa vitalité à l'occasion du rassemblement du jeudi dernier…le PDCI-RDA présente ainsi un visage nouveau de militants unis, solidaires dans l'action et en ordre de bataille. Une dynamique nouvelle qui fait douter le RHDP reclus dans ses derniers retranchements. Le parti au pouvoir a fini par se rendre compte que ses débauchages de quelques cadres du PDCI-RDA n'ont eu aucun effet sur le parti. Bien au contraire, de nouvelles énergies ont émergé pour raviver les idéaux du parti dans l'esprit des Ivoiriens. » On aurait dit « Fraternité-Hebdo » des années soixante, au bon vieux temps du parti unique.
