2.200 Haïtiens tués, Haïti enterre encore ses morts

Haïti enterre encore ses morts, les cortèges funéraires ne cessent de défiler dans les rues, après le tremblement qui a fait 2.200 tués.

Comme elle, plus de 2.200 Haïtiens ont été tués et alors que les survivants, en majorité pauvres, n'ont pas d'autre choix que de reprendre leurs activités, les cortèges funéraires qui ne cessent de défiler dans les rues rendent omniprésent le drame dans lequel le pays a été plongé le 14 août.

Au lieu-dit Marceline, dans la commune de Camp-Perrin, c'est sur le terrain de son école, aux salles de classe totalement effondrées, que les parents de Rosna Louijeune ont organisé mardi la sobre cérémonie de funérailles, avant de porter son cercueil dans le caveau familial, dans un coin ombragé du jardin.

Le jour du séisme, son père arrivait devant la maison quand la terre a commencé à trembler.

« La poussière a gagné toute la cour. On avait notre enfant qui n'était pas encore levée. Je n'ai pas eu le temps: j'ai simplement couru en attrapant le poignet de ma femme pour nous écarter du mur. Malgré ça, on a quand même été projeté et j'ai tout le bras écorché », témoigne Ronald Louijeune, 37 ans, en touchant la manche gauche de sa chemise.

« On en est sortis vivant mais j'ai vu ma petite qui était restée à l'intérieur. Un mur est tombé sur elle », narre l'homme.

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– Agonie dans les décombres –

Ses yeux se remplissent de larmes quand il raconte n'avoir pas pu sauver son enfant des décombres.

« Elle n'était pas encore morte, mais je n'arrivais pas à trouver des gens pour m'aider à la sortir de sous les pans du mur. Quand j'ai réussi à trouver des gens pour m'aider, elle avait eu le temps de trépasser », soupire Ronald Louijeune.

« J'ai pu sentir toute la douleur qu'elle vivait », dit-il.

Explosant en sanglots, la mère de la petite Rosna a quitté la cérémonie alors que sa fille aînée, issue d'une précédente union, prenait la parole.

Résidant dans la capitale Port-au-Prince, Yasmine, 25 ans, n'a réussi à avoir des nouvelles de sa famille que plusieurs heures après la secousse meurtrière.

« C'est une catastrophe et ça n'est pas elle seule qui est victime, tant de gens sont victimes aussi, donc on se résigne, c'est la vie », souffle avec philosophie la jeune femme une fois l'enterrement achevé.

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– « Je suis à la rue » –

A quelques centaines de mètres, le petit cimetière de Marceline ne désemplit pas. Malgré leur précarité, que le séisme a accentuée, les familles font tout pour offrir à leurs proches des cérémonies aussi fastes qu'à l'ordinaire en , négociant avec les morgues et les musiciens de la fanfare.

« La maison de ma mère s'est totalement effondrée, ma maison s'est totalement effondrée. Je suis à la rue et c'est toute la zone qui est en deuil », témoigne André Neltis.

L'homme de 40 ans vient d'enterrer sa mère, la soixantaine, morte dans l'effondrement de leur logement, et son petit frère trentenaire, tué par la chute d'un mur au centre-ville de Camp-Perrin, à quelques kilomètres.

« Je n'avais jamais voulu voir ma mère partir comme ça. Si elle avait été malade et était décédée, j'aurais eu le coeur plus au repos. Là elle est morte étouffée, en perdant son sang: jamais je n'aurais pensé ça mais c'est ce que le Dieu nous a donné », se résigne-t-il.

Portant un costume et une cravate prêtés par un ami afin qu'il honore ses proches dignement, il s'inquiète pour l'avenir.

« Je viens de dépenser tout mon argent pour enterrer ma mère et mon frère, maintenant j'ai besoin d'aide car je n'ai plus rien », dit-il.

Written by Mohammed Ouattara

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