Lettre Ouverte Jean-Yves Esso, membre du Bureau politique du PDCI-RDA au président Alassane Ouattara, relatif à un éventuel un troisième mandat.
Excellence monsieur le Président,
Nous entendons, depuis la triste nouvelle du rappel à Dieu de notre ex-Premier Ministre Amadou GON COULIBALY, certains journalistes internationaux et locaux, faire des allusions et pronostics quant à la probabilité que vous nous annonciez d'ici peu votre candidature pour un troisième mandat. Nous nous permettons de vous écrire ces lignes ce matin car nous avons besoin de nous adresser directement à vous sans intermédiaires.
Nous pensons pouvoir nous le permettre grâce à notre statut de citoyen ivoirien, en y mettant, bien évidemment, les formes et le respect dus à votre rang.
Excellence Monsieur le Président,
Vous aviez dit, il y a quelques mois : « JE VEUX QUE TOUS CEUX DE MA GÉNÉRATION COMPRENNENT QUE NOTRE TEMPS EST PASSÉ. (…) MAIS S'ILS SONT CANDIDATS, JE LE SERAI. »
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Les ivoiriens de ma génération et également les plus jeunes que nous, ne peuvent qu'applaudir énergiquement cette vérité car elle représente, à elle seule, l'essence même de notre combat quotidien pour mettre au service de notre chère patrie le maximum de nos compétences acquises grâce à cet excellent système éducatif dont nous avons bénéficié « au temps d'HOUPHOUËT ».
Au PDCI-RDA, nos illustres aînés sont nos modèles. Nous apprendrons toujours à leurs côtés toutes les subtilités et tous les contours de la haute politique. Ils jouent pleinement leur rôle en nous préparant et en nous conseillant.
Ils nous surveillent, avec une bienveillante attention, comme du lait sur le feu car ils savent mieux que quiconque que pour survivre dans « l'arène » politique africaine et surtout ivoirienne, il faut un certain doigté et une sacrée dose d'expérience. Nous n'avons donc aucun conflit générationnel au PDCI-RDA. L'apparence peut parfois être trompeuse…
Si vous voyez un crapeau déambuler au niveau de la cime d'un arbre, c'est que c'est quelqu'un qui l'y a déposé.
Excellence Monsieur le Président,
Vous ne pouvez pas vous présenter pour un troisieme mandat, ici, en Côte d'Ivoire… Notre Constitution ne vous le permet pas. Et vous en êtes le garant. L'article 35 de l'ancienne constitution du 1er août 2000 et l'article 183 de la nouvelle constitution du 08 novembre 2016 rendent impossible toute candidature pour un 3eme mandat, ici, en Côte d'Ivoire. Contrairement à ce que vos soutiens et conseillers vous laissent entendre, les compteurs ne sont absolument pas remis à zéro.
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Excellence Monsieur le Président,
Il n'est pas encore trop tard pour bien faire…
Voici, à notre humble avis, ce qu'il y a de mieux à faire pour sortir le RHDP de cette impasse politique dans laquelle il se trouve depuis le rappel à Dieu de son candidat désigné pour les présidentielles de 2020 :
- Organisez des Primaires Démocratiques pour désigner de façon consensuelle votre candidat, en pensant à faire revenir ceux qui ont contesté publiquement, par leur sortie du RHDP, le procédé monarchique par lequel vous aviez désigné votre successeur. Vous pourrez prendre conseil auprès du PDCI-RDA pour aller plus vite…
- Repoussez la date de la consultation électorale présidentielle de 2020 car elle ne sera manifestement plus tenable.
- Commencez à réfléchir, dès maintenant, sur la mise en place, le 1er novembre 2020, d'une transition politique inclusive.
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Nous osons croire que les leçons du passé vous aurons au moins appris que le respect et la considération de vos semblables, quelle que soit votre pouvoir ou votre situation socio-économique, doivent demeurer votre boussole.
Dans l'espoir que cette lettre rencontrera votre approbation et que vous saurez en faire bon usage,
Nous vous prions d'agréer, Excellence Monsieur le Président, l'assurance de nos sentiments respectueux et profondément dévoués.