À 4 mois de la présidentielle ivoirienne, le RHDP se retrouve sans candidat après la mort Gon Coulibaly, le 8 juillet 2020. Une analyse de Hermann Aboa.
Tout se reconfigure pour la présidentielle du 31 Octobre 2020 en Côte d'Ivoire. Nous sommes à moins de 120 jours de l'échéance et la partie n'est nullement jouée d'avance. Plusieurs acteurs de la société civile s'activent et de nombreux candidats sans bannière politique ont déja révélé leur intention.
Si dans l'opposition, des partis politiques comme le PDCI-RDA, le Lider de Mamadou Koulibaly, le FPI d'Affi N'guessan ont réaffirmé leur intention, le FPI de Gbagbo et ses alliés n'ont pas encore dit leur dernier mot. Dans le camp du pouvoir, au sein du rhdp, avec le décès subit de celui qui avait été choisi comme candidat, les cartes se recomposent. Beaucoup sont deja dans les regrets qu'Allassane Ouattara n'ait pas misé sur une personnalité en bien meilleure santé. La grande douleur ressentie dans cette famille politique n'a pas estompé les appetits pour un destin national. Elle ravive d'ailleurs les appetits. Et chacun dans le silence et le recueillement peaufine sa strategie pour devenir l'élu. Plusieurs noms reviennent.
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Hamed Bakayoko, le nom sur toutes les lèvres
De la longue et tumultueuse marche du RDR, Hamed Bakoyoko a toujours été l'homme des missions presqu'intenables. Il a longtemps joué sur sa carrure dans le milieu estudiantin pour prêcher pour la cause militante. On se souvient de l'episode des « gros-bras loubards tueurs » du PDCI-RDA avec le tragique sort de Thierry Zébié par la révolte des étudiants de la cité universitaire Jean Mermoz que celui-ci martyrisait et terrorisait. Tout le monde sait que c'est lui qui a approché le jeune leader syndical de gauche Guillaume Soro pour le mettre au service des ambitions d'Alassane Ouattara.
Au-dela de tout, jusqu'à l'épisode récent de cette affaire non encore élucidée de drogue, le ministre d'Etat Hamed Bakayoko est celui du rdr dont l'image est applaudie par la jeunesse ivoirienne. Il est dit de lui qu'il a la main facile et qu'il est charitable. Cependant, si les échéances demeurent à date, Hamed Bakayoko a été trop sali et son image pourrait en pâtir.. Son image chez les adversaires et à l'international est dangereusement écornée… L'histoire du trafic de drogue est trop pendante, trop présente, trop récente… Il n'a pas encore eu le temps de laver son image… À moins d'un report des élections, le temps de la passer au Javel médiatique, le coup Hambak sera difficilement jouable.
Pourquoi pas une dame ?
Henriette Dagri, la « vieille mère »
La grande chancelière de la République avait en effet tout donné au RDR et à son president Alassane Ouattara. Physiquement très atteinte, dans une santé désormais très fragile, ses chances d'être portée candidate se sont considérablement amenuisées avec le temps et le poids de l'âge.
Marietou Cissé
Son image de personne trop dure est clivante, même au rdr…Elle est d'ailleurs trop peu amène pour fédérer autour de sa personne… A ce qu'il se dit, elle n'a pas le visage enjolivé et candide qui est perçu. Le bien qui se dit d'elle ne seraitque leurre… Sa « rivale » Kandia Camara ne serait en effet défavorisée que par son faible background et Q.I… Ce serait plutôt une personne plus affable… Bien plus que Mariatou. Mais ses prises de position publiques plus conciliatrices sont une arme dont Marietou peut se servir pour prétendre.
Les (bons) outsiders !
Bacongo dans son écharpe de maire…
Le dernier pion relativement plaisant à promouvoir au RHDP si l'échéance d'octobre est respectée, c'est bien Bacongo. Il est indéniablement aujourd'hui celui qui fait meilleure figure au Rhdp. Son travail à la tête de la commune de Koumassi est apprécié de tous. L'image actuelle de Koumassi plaide en sa faveur même auprès de ses adversaires. Cissé Ibrahim Bacongo a en effet reussi en peu de temps à Même ceux qui ne lui avaient pas accordé leurs suffrages sont tous à present d'avis que le maire fait du bon travail. Et son absence depuis un moment au gouvernement lui a redonné une certaine virginité politique. L'université étant un milieu inconnu du grand public, ses détournements supposés dans la réhabilitation des universités ne paraissent pas évidents pour le commun des ivoiriens.
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Sidi Tiémoko Touré, la jeunesse montante !
Avec son physique élégant et plaisant qui lui confère une belle carrure, son innocent timbre vocal, le ministre de la communication et Porte-parole du gouvernement ivoirien incarne aussi cette jeune et nouvelle génération espérée sur la scène politique ivoirienne… Cette virginité politique qui ne traîne pas de casseroles et sa stature de militant mesuré et réservé ont réussi à ranger aux calendes grecques le « fougueux » Touré Mamadou perçu lui comme un insulteur public sans gants… L'autre atout de Sidi Touré est lié au fait qu'il n'est pas connu de l'époque sanglante du pays (rébellion)… A la recherche d'un candidat potentiel pour 2020, le Rhdp parviendra-t-il à positionner un « Macron » à l'ivoirienne ? Rien n'est si sûr ?
Duncan, Patrick Achi et les autres transfuges…
Objectivement, il ne reste désormais au rhdp que les transfuges du Pdci comme personnes valables et ressources… Mais ça, la quasitotalté des militants et sympatisants de ce parti n'en veulent pas du tout. Des langues indiscrètes évoquent le nom de Patrick Achi qui totalise la plus longue présence dans le gouvernement. La carte Patrick Achi est-elle vraiment jouable ? Les analystes seront unanimes à répondre par la négative. Les électeurs du rhdp préféreront le vote blanc plutôt que de voir une personne non originaire de leur sérail être leur candidat. Patrick Achi et les autres comme Duncan, Adjoumani et autres souffrent ainsi de leur ancien militantisme actif au PDCI.
Ont-ils vraiment mis une une croix définitive sur leur ancienne famille politique? La plupart d'entre eux le revendiquent toujours. Et cette position n'est pas faite pour arranger les choses pour eux au sein du rhdp, foncièrement RDR. De plus, ils se racontent Dan's les milieux introduits que Patrick Achi souffre de son manque de poigne… Il se ferait écraser par le « super ministre » HamBak. Dans tous les cas, choisir une personnalité issue du Pdci fait peur.Lees caciques du parti ont en effet la frousse de voir la balance s'inverser et voir le rdr être à la solde du Pdci… Leur plus grosse hantise…
Les mécontents, rebelles et dissidents…
C'est l'ambition du Président Alassane Ouattara à faire du Premier-ministre Amadou Gon Coulibaly coûte-que-coûte son seul successeur qui les a mis sur la touche… Le premier ministre avait lui-même alors adopté une logique de « moi ou personne » à tel point qu'il ne tolérait aucune contradiction interne.
L'ancien Premier-ministre Guillaume Soro avait sa légitimité pour avoir donné sa poitrine au cours de la rébellion et après pour porter Alassane Ouattara au pouvoir. Jusqu'à ce qu'on lui rappelle qu'il n'est pas un ayant droit pour l'après Ouattara. Ses lieutenants et lui ont été abusivement poussé à la sortie que Soro ne rêve depuis qu'à voir le camp Ouattara perdre le pouvoir.
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Amon-Tanoh a été lui aussi un fidèle parmi les fidèles de Ouattara, mais le tribalisme a la peau dure dans la case. I l'a compris à ses dépens. Longtemps après ou il s'en accomodait bien. Jusqu'à ce qu'il nourisse ses propres ambitions.
Mabri n'est pas du rdr… Il vient de connaître le même sort qu'il avait appliqué à son ancien mentor Paul Akoto Yao. L'UDPCI a de nouvelles figures qui respondent désormais de lui.
Ces mécontents auraient-ils dû étouffer leurs ambitions en attendant la vraie heure ?
Soro, Amon et Mabri ont-ils été impatients? Nul ne savait la suite des évènements. Le boulevard pour Gon leur fermait à coup sûr la porte… Même si les pommelles ont à présent sauté, comment pourront-ils reprendre la main?
Le Rhdp n'aurait-il donc plus personne ?
Le rhdp n'existe pas ou plus… Il n'y a que le (défunt?) RDR qui use et abuse des autres. Le problème est que dans le sérail, en si peu de temps, il serait très difficile de trouver une personnalité fédératrice… Sauf volte-face de Alassane Ouattara qui avait annoncé publiquement se retirer après son second mandat. Un volte-face d'Alassane Ouattara serait le dernier gros baroud d'honneur à tenter…Ou alors, repousser les élections pour fabriquer un nouveau cheval… La constitution ivoirienne empêche-t-elle vraiment Ouattara de se représenter ? Les juristes constitutionnalistes ne se sont eux-mêmes pas encore accordés sur une interpretation plausible de la nouvelle constitution. En attendant, le rhdp cherche candidat.
