L'image d'Affi, une torture, sur les réseaux sociaux rappelle étrangement l'épisode Charles Blé Goudé. Une analyse Bally Ferro.
L'Opposition, poussée dans ses retranchements, refuse de jeter le manche après la cognée. Quand le pouvoir, contesté, accroît la répression. Et les événements qui se déroulent, menacent le pays dans ses fondements.
L'image de Pascal Affi N'Guessan, porte-parole de l'Opposition, sur les réseaux sociaux rappelle étrangement l'épisode Charles Blé Goudé. Bien que inculpé et placé sous mandat de dépôt pour « crimes de guerre », l'ex-ministre de la Jeunesse de Gbagbo a été gardé dans un lieu secret, « une résidence protégée », selon Hamed Bakayoko, alors ministre d'État, ministre de l'Intérieur.
Sa famille et ses avocats n'avaient pas accès à lui. « En prison, on me donnait des habits en me demandant de sourire. On me prenait en photo en faisant croire aux Ivoiriens que j'allais bien », a dit Blé Goudé.
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C'est cette torture morale et ce traitement inhumain que subit Affi à qui les geôliers posent des questions surréalistes, trahissant intimidations et menaces: « Les réseaux sociaux disent que tu es décédé ; c'est vrai ou c'est faux!? », « Hier, tu as mangé quoi!? ».
L'État de droit a foutu le camp en Côte d'Ivoire. Aussi, la royauté baoulé, face au déni, est-elle montée au créneau pour réclamer la levée des mesures restrictives contre Bédié. Alors que, selon le procureur Adou Richard, il n'est ni en résidence surveillée ni en état d'arrestation, il est sous blocus et n'a droit, comme Affi, à aucune visite.
En décembre 2017, c'était au tour de Nanan Boa Kouassi III, roi de l'Indénié, de réclamer l'élargissement de Dr Assoa Adou, son sujet, condamné, dans un procès expéditif, pour troubles à l'ordre public. Les années sont passées mais les réflexes identitaires ont la peau dure.
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En 1982, Houphouët-Boigny a joué sur cette corde ethnique pour condamner le « complot des enseignants bheté » contre son régime et vouer Laurent Gbagbo aux gémonies. Et il a obtenu ce qu'il voulait: la levée de boucliers de tous les dirigeants ou presque, tous d'ethnie bethé, pour se désolidariser du « meneur » Gbagbo.
Avec la multiplication des affrontements intercommunautaires, l'exercice du jeu démocratique a du plomb dans l'aile. Sous couvert de multipartisme, les ethnies, opposées politiquement les unes aux autres, entretiennent de plus en plus l'instinct grégaire alimenté par un comportement de tribu assiégée.