Dabou : « les populations sur pied de guerre, des scènes incompréhensibles »

Fernand Dédeh revient sur la journée bien triste du mardi 20 octobre 2020, à l' universitaire de Cocody et à Dabou.

Encore une journée bien triste ce mardi 20 octobre 2020. La haine au bout des machettes a . Des blessés graves. Des populations sur pied de guerre. Au campus universitaire de , scènes incompréhensibles aussi. Des personnes qui n'ont absolument rien à y faire, ont violé le temple du savoir. Pendant ce temps, le gouvernement tend la main à l'opposition. Il faut que les se parlent. Il n'est jamais trop tard…

Le dialogue dans l'ADN des Ivoiriens
En février 1998, je couvrais la de football, 98. Et grâce à l'entregent de Souleymane, alors Patron du journal L'Agora, je suis logé à l'hôtel . Dans le même hôtel que Simplice Zinsou et un certain , alors secrétaire général du . Une occasion en or pour écouter deux hommes qui font l'actualité au et que je prends plaisir à écouter, raconter leurs souvenirs, leurs vécus, leurs rapports à Houphouët-Boigny.

Un jour, à l'heure du déjeuner, je suis invité à la table de Laurent Gbagbo. En compagnie de Gadji ST JO, présent à Ouaga et à l'hôtel en sa qualité de consultant sur la avec celui que j'appelle mon jumeau, le frère que ma mère ne m'a pas donné, Nasser El Fadel
Je ne sais pas si j'ai vraiment mangé ce jour-là tant l'envie de poser mille et une questions trottinait dans mon esprit.

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Entre autres questions, je voulais savoir le rapport de celui qui était alors le principal opposant politique en Côte d'Ivoire, au pouvoir, à la fonction , aux institutions de la République. « Moi, je me bats pour être président de la République, pour gouverner la Côte d'Ivoire. Je respecte les institutions de la République et les hommes qui les incarnent. Je les respecte parce que demain, quand je serai président, je voudrais être respecté ainsi que les institutions que je vais incarner. ».

Respect des institutions et des personnes qui les incarnent
Si nous voulons construire la Démocratie, il faut se donner une ligne rouge à ne pas franchir: Ne jamais rabaisser les institutions de la République. Ne jamais les piétiner. Évidemment, les hommes qui portent le costume et les insignes de la République doivent se montrer à la hauteur de la fonction et de l'ambition du pays et donner à chaque instant, le meilleur exemple.
Propos incitateurs à la violence

J'ai reproché au premier , son militant à Bouaflé lors de la visite du chef de l'Etat dans la Marahoué. Quelques semaines plus tard, lors de la rencontre avec les jeunes à , dans le cadre de la campagne électorale, il a tenu les mêmes propos ou presque. J'ai trouvé ses discours, incitateurs à la violence et dangereux pour la cohésion sociale. Le costume de la République impose au militant politique, un dépassement de soi, une précaution dans le choix des mots et dans l'attitude. La République est un tout. Le militant politique est une partie.

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Dialogue -Ivoirien
N'empêche, quand Hamed Bakayoko en sa qualité de , invite les partis politiques et les candidats retenus pour l'élection présidentielle, malgré les contradictions du moment, il est dans l'intérêt de ceux-ci, dans l'intérêt de la république et du pays, d'y répondre favorablement. Deux invitations déjà sans suite. C'est vrai que l'adage dit, « jamais deux sans trois ». Mais les Ivoiriens ont le dialogue dans leur ADN. Toutes les occasions de dialogue doivent être saisies, mises à profit pour aplanir les différends. Hamed Bakayoko invite de nouveau l'opposition à la table de discussion ce mercredi 21 octobre 2020. J'encourage celle-ci à se présenter et à dire de vive voix, ses attentes et ses préoccupations au gouvernement.

J'en vois qui disent, « les conditions du dialogue ne sont pas réunies. ». D'autres qui tiennent dans leurs poches, les préalables qui doivent être levés avant tout dialogue entre le pouvoir et l'opposition.
Justement, le dialogue trace lui-même son cadre de discussion. Tout le monde est d'accord qu'il y a nécessité de s'asseoir et discuter autour d'une table. Mettre dans le panier, les problèmes qui divisent et surtout savoir aller à l'essentiel, dans le respect mutuel. Tant que les Ivoiriens se parlent, je suis preneur…

Points de divergence connus
Les points de divergence entre le pouvoir et l'opposition sont connus. La propose de les régler par la discussion. Le porte-parole de l'opposition, Pascal Affi N'guessan a invité le gouvernement au dialogue. Pour aborder les points qui fâchent. Le gouvernement a fini par prendre conscience de la capacité de nuisance de l'opposition. Il appelle aujourd'hui à la levée du mot d'ordre de désobéissance civile. Le pays entre lentement mais sûrement en décomposition, les conflits communautaires ne sont pas à écarter. Les images incroyables, insupportables, absolument effroyables qui circulent sur les et sur le terrain ne peuvent laisser personne indifférent . Le virus s'installe lentement dans le corps social.

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Le gouvernement veut capitaliser les conseils de la CEDEAO pour sauver les meubles et ramener le calme dans le pays. Henri Konan Bédié et Affi N'guessan ne sont pas fermés au dialogue. Cependant dans un note attribuée aux deux candidats à la présidence et que nous avons consultée, il est clairement écrit: « Profondément désireux de l'ouverture de négociations qu'ils réclament depuis plusieurs mois, les deux candidats soulignent leur acceptation de toute rencontre avec la partie adverse dans tout lieu neutre sous l'égide de la CEDEAO. ». En clair, dialogue avec le pouvoir, oui. Mais dans un lieu autre que la et sous le parrainage de la CEDEAO.

J'ai personnellement couvert les négociations inter- de Lomé (2002), (2003) et suivi le dialogue direct de Ouaga (2007). Que d'énergie, que de temps et d'argent dépensés. Je garde encore, le souvenir traumatisant de ces réunions interminables. Qui faisaient de la Côte d'Ivoire, la risée du monde. Je comprends le manque de confiance entre les parties ivoiriennes. Cependant, Messieurs et Dames, un petit effort, asseyons-vous entre-vous, frères et sœurs ivoiriens et discutez… Calmez tous le jeu.

Written by Fernand Dédeh

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