En Côte d’Ivoire, les autorités devraient être interpellés par l’organisation pratique et technique de ce scrutin à l’image du Brésil.
MÉTHODES ARCHAÏQUES. La présidentielle brésilienne est bien terminée, le dimanche 30 octobre 2022. Jair Bolsonaro, le président sortant, a déclaré qu’il « respectera la Constitution » et Luiz I. Lula da Silva, pour son come back à la tête de l’État, sera investi le dimanche 1er janvier 2023.
Les Ivoiriens et toutes leurs autorités devraient être interpellés par l’organisation pratique et technique de ce scrutin. Il a concerné 156 millions d’électeurs et les résultats ont été connus environ deux heures après la fermeture des bureaux de vote.
Cette performance doit confondre nos autorités et faire pâlir d’envie les Ivoiriens. Chez nous, pour environ six millions d’électeurs, il faut des jours de suspense et « attendre minuit » pour les premiers résultats, à la télévision nationale, circonscription électorale par circonscription électorale. Fastidieux.
A la présidentielle de 2010, l’expérience du décompte électronique – en cours dans tous les États modernes – a tourné rapidement court. Si elle a été expérimentée, le 31 octobre, au premier tour, elle n’a pas prospéré au second tour, le 28 novembre, dans l’opposition entre le président sortant, Laurent Gbagbo, et le candidat de l’opposition, Alassane Ouattara.
Car d’une part, le RHDP, la coalition de l’opposition, a rejeté Sils Technology, la société ivoirienne qui était chargée du comptage électronique. Elle a été frappée de suspicion parce qu’elle était une filiale du BNETD, alors dirigé par Ahoua Don Mello, cadre du FPI, parti qui a mené Gbagbo au pouvoir en octobre 2000.
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D’autre part, la Commission électorale indépendante (CEI), alors présidée par Youssouf Bakayoko du RHDP, a ouvertement pris position en faveur du comptage manuel. Elle a privilégié, pour cette élection, « la transmission et la proclamation des résultats à partir des procès verbaux de dépouillement des bureaux de vote acheminés physiquement par les superviseurs désignés sur l’ensemble du territoire national ».
Et depuis, plus personne ne parle de modernisation du jeu électoral ivoirien, condamné dans l’opacité du listing à la proclamation des résultats.
De ce fait, l’organisation de nos élections, avec des méthodes archaïques et moyenâgeuses, laisse des bureaux de vote à la merci des actes de vandalisme, des urnes livrées aux casses ou aux enlèvements et des consolidations des résultats, aux controverses. Et chaque scrutin, placé sous haute tension, prend alors rendez-vous avec les violences et les fraudes.
F. M. Bally