Décryptage de Jean Bonin la décision du président Henri Konan Bédié de remplacer le CNT par un Cadre de Dialogue National (CDN).
1 – UN CADRE DU DIALOGUE NATIONAL (CDN).
« (…) Je propose dès maintenant et urgemment en accord avec toute l'opposition, l'organisation d'un dialogue national en lieu et place du tête-à-tête Bédié Ouattara, car l'enjeu en cause, c'est celui de la Côte d'Ivoire (…) ».
Le Chef de l'Etat, Alassane Ouattara, suite à leur dernière rencontre, avait proposé au président Bédié qu'ils se revoient en tête à tête dans le cadre du dialogue politique. L'objectif du Chef de l'Etat était clairement de marginaliser le reste de l'opposition en espérant qu'en tête à tête il pourrait plus facilement obtenir du président Bédié des concessions. Bédié vient de rejeter cette idée du tête à tête et reprend à son compte l'idée des États Généraux de la République (EGR) conçu par le président Affi Nguessan en 2013.
2 – LE CADRE DU DIALOGUE NATIONAL EN LIEU ET PLACE DU CNT
« (…) Ce nouveau cadre du dialogue qui verra la participation de toutes les forces vives de la nation et qui sera encadré sur le territoire ivoirien par des organisations internationales crédibles spécialisées en la matière dont l'Onu, remplace évidemment le CNT que l'opposition ivoirienne avait initialement proposé ».
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En lieu et place du CNT qui avait été conçu comme une assise nationale en vue d'apporter des solutions pérennes aux maux qui minent la société ivoirienne, le président Bédié propose, en remplacement, un Cadre de Dialogue National (CDN). En d'autres termes, jusqu'à la mise en place du CDN le CNT demeure.
3 – ALASSANE OUATTARA N'EST PAS LÉGITIMEMENT LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
« (…) Le peuple de Côte d'Ivoire a clairement désavoué monsieur Alassane Ouattara devant la communauté nationale et internationale avec le choix du Non à son projet de 3e mandat anticonstitutionnel. Il doit donc titrer toutes les conséquences et en déduire, malgré tous les actes anticonstitutionnels qui sont posés actuellement, qu'il n'est pas légitimement le président de la République ».
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Pour le président Bedié, président du CNT jusqu'à la mise en place du CDN, M. Ouattara est un Chef d'Etat et non un président de la république. On peut devenir Chef d'Etat suite à un putsch militaire ou un coup d'Etat constitutionnel mais on ne devient président de la république qu'au terme d'une élection démocratique et crédible.
Dès lors, si l'investiture à venir de M. Ouattara que le président Bédié range au nombre des actes inconstitutionnels qu'il ne cesse de poser lui confère un semblant de légalité il ne saurait pleinement jouir de la légitimité populaire qui fonde la noblesse de la fonction présidentielle.
Bédié est un fin tacticien.
