Gbagbo radié de la liste électorale: « le pays danse encore sur un volcan » (Ferro Bally)

Laurent Gbagbo reste radié de la liste électorale publiée le samedi 20 mai 2023. Le journaliste Ferro Bally fait une analyse de la situation.

La Côte d'Ivoire, heureuse de disposer du pouvoir de faire la guerre, choisit encore de tourner le dos à la paix. Et se prépare à d'autres affrontements meurtriers.

Et pour mettre le holà, aucune voix audible ne s'élève ni de la Grande médiature de la République, ni du ministère bien baptisé de la Réconciliation et de la Cohésion nationale, ni d'aucun guide religieux, ni de la , ni de la communauté occidentale dite internationale, hier vent debout contre l'invalidation de la candidature d'.

C'est un silence de cathédrale, qui vaut ou lâcheté ou acquiescement alors que la vitrine de l'Afrique occidentale négocie encore un virage risqué et dangereux.

, acquitté par la justice internationale (), mais condamné par contumace par la justice locale, est, en effet, devenu un paria politique. Il ne figure, depuis 2020, sur aucune liste électorale.

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Les réclamations de son parti, le PPA-CI, à la Commission électorale indépendante (CEI) et à la justice ivoirienne ont été rejetées. Dans son intransigeance, l'État s'est torché avec l'arrêt de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP), qui demandait, en 2020, la réintégration de Gbagbo.

La Côte d'Ivoire, refusant de tirer les leçons du passé même récent, tend ainsi grandement les bras aux graves crises politiques aux conséquences lourdes (morts d'hommes, destructions de biens, fractures sociales avec des conflits intercommunautaires, etc.).

A moins de prendre acte de la disqualification de son candidat annoncé à la présidentielle de 2025, le PPA-CI, qui a claqué, le samedi 20 mai 2023, la porte des discussions à la CEI, ne dispose que d'une alternative: organiser des manifestations et imposer la pression de la rue, comme dans tout État de droit.

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Or, depuis sa prise du pouvoir, le régime Ouattara a toujours assimilé pareilles manifestations de l'opposition à des mouvements insurrectionnels et les a toujours interdites.

Un bras de fer s'annonce, par conséquent. Aux éventuels et prévisibles mots d'ordre de contestation du parti de Gbagbo pour ne pas s'en laisser conter et obtenir la réhabilitation de son leader, va systématiquement répondre le déploiement des forces régulières de l'ordre et des supplétifs du RDR dans des « gbakas verts ».

Et le pays danse encore sur un volcan. Qui gronde sourdement avant d'entrer en éruption et tout emporter sur son passage.

F. M. Bally

Written by Ferro Bally

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