Lettre ouverte de Jean-Yves Esso, membre du bureau du PDCI, à l'attention d'Alassane Ouattara, relatif à son message à la Nation du 25 avril 2023.
Excellence Monsieur le Président,
Permettez-nous de vous adresser cette Lettre Ouverte, suite à votre message sur l'état de la Nation prononcé le 25 avril dernier devant les parlementaires réunis en Congrès à Abidjan.
En effet, le mardi 25 avril dernier, devant le Parlement réuni en Congrès et devant les membres de toutes nos institutions, vous vous êtes adressé à tout le peuple ivoirien, dans une chaude ambiance de satisfecit général sur l'état de la Nation.
Vous avez, dans l'euphorie de cette chaleur, annoncé aux jeunes, sans explications de texte, qu'ils bénéficieraient d'un montant de 361milliards de francs CFA pour cette année 2023, autorisant ainsi tout un chacun à faire des amalgames simplistes en vous reclamant, à cors et à cri, de remettre à tous les jeunes, quotidiennement, le milliard promis.
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En effet, votre propos, s'il avait été suivi d'une campagne d'explication et de sensibilisation par vos équipes de communication, n'aurait dû souffrir d'aucune confusion, si ce n'est le simple doute, vu la jurisprudence de la non réalisation coutumière de vos promesses, étant entendu qu'il s'agissait d'un montant global de 361 milliards alloué à la jeunesse, pour l'année 2023, comprenant :
– 99 milliards de francs cfa en projets d'infrastructures pour les jeunes (18 lycées professionnels à construire et 16 lycées professionnels à réhabiliter).
– Le financement des projets de 150.000 jeunes sur l'ensemble du territoire national.
– La construction de 10 centres de sports et de culture sur l'ensemble du territoire national.
– La construction de 14 Centres de Service Civique sur l'ensemble du territoire national.
Excellence Monsieur le Président,
Depuis votre arrivée au pouvoir en 2011 suite à une crise post-électorale ayant fait plus de 3000 morts, vous avez réalisé des infrastructures que tout ivoirien sérieux devrait avoir l'honnêteté de vous reconnaître.
Vous avez fait des routes, des ponts, des écoles et des hôpitaux…
Cependant, force est de constater que vous avez fait de nombreuses promesses, pendant vos campagnes successives, que vous n'avez jamais tenues…
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Au niveau de la RÉCONCILIATION,
Vous avez mis en mission feu le ministre Charles KONAN BANNY à l'effet de créer et diriger une Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Le Rapport très clair édité par cette Commission n'a jamais, semble t'il, fait l'objet d'aucune application. Quelles en sont les raisons ?
Au niveau de la DEMOCRATIE,
Vous avez dit lors de votre Prestation de Serment, le 20 mai 2011 à Yamoussokro, et je cite : « Je serai un président non seulement démocratiquement élu, mais qui exercera son mandat dans un cadre démocratique (…) ».
Lors des élections législatives de 2021 ainsi que des municipales et régionales de 2018, nous avons assisté, impuissants et résignés, à un forcing, parfois très violent, de certains candidats de votre Parti dans des zones dites stratégiques « à ne perdre sous aucun prétexte ». A propos de l'élection présidentielle d'octobre 2020, quant à elle, le minimum que l'on pourrait reconnaître en toute impartialité, est qu'elle ne respirait aucunement l'oxygène démocratique indispensable d'un Etat de droit avec sa Commission Electorale décriée jusqu'à la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples, mais maintenue de gré ou de force en l'état, avec un découpage électoral faisant la part belle aux zones septentrionales et un Conseil Constitutionnel aux ordres…
Au niveau de la CHERTÉ DE LA VIE,
Nous pouvions lire sur tous vos panneaux de campagne dans le pays : « Ne donne pas ta voix à la pauvreté ».
Vous promettiez un toit pour chaque ivoirien, la fin de la hausse des prix des denrées et des produits de première nécessité. Cependant, depuis 2011, les prix du riz, du sucre, du lait, de l'huile, du carburant, du transport, des habits, des matériaux de construction, des loyers, de la scolarité, des médicaments, des soins et de l'hospitalisation (avec une CMU bancale…et c'est un euphémisme) ne font qu'augmenter de façon exponentielle. Sans parler de l'hevea, du palmier à huile, de l'anacarde, du café et du cacao, nos produits agricoles de base permettant à nos paysans de subvenir à leurs besoins primaires et physiologiques.
La cherté croissante de la vie met une grande partie de la population dans la précarité et dans l'extrême pauvreté.
Au niveau de la JUSTICE,
Vous avez dit et je cite : » Tous les responsables de crimes, sans distinction, quels qu'ils soient et où qu'ils soient, qu'ils soient de mon bord ou de celui de Laurent GBAGBO, nul ne sera au-dessus de la loi (…). La Côte-d'Ivoire va devenir un modèle en matière de démocratie et des droits de l'Homme ».
Jusqu'à ce jour, combien de Chefs de guerre de votre bord, à qui de nombreux crimes auraient été attribués, ont été, ne serait-ce qu'appelés devant nos tribunaux ?
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Au niveau de la BONNE GOUVERNANCE,
Vous avez dit et je cite : « Ne donne pas ta voix à la corruption. »
Où en est-on ? Jusque là des DG soupçonnés et même confondus de détournements de deniers publics ont juste été relevés de leurs fonctions sans qu'aucune poursuite judiciaire n'ait été engagée.
Au niveau du TRANSFERT DE LA CAPITALE À YAMOUSSOKRO,
C'était encore l'une de vos faramineuses promesses de 2010. Vous avez réitéré cela dans votre campagne pour votre troisième mandat contesté.
13 ans après, qu'en est-il ?
Excellence monsieur le Président,
Etant entendu que vous ne serez, bien évidemment, plus candidat en 2025 vu que vous nous avez annoncé que votre 3ème mandat relevait « d'un cas exceptionnel de force majeure », de notre simple position d'ivoiriens lambda, nous aurions souhaité vous entendre nous dire, avant la fin de votre dernier mandat présidentiel, la vérité sur ce que nous vivons au quotidien et sur ce que vous comptez réellement mettre en place pour que cela change en terme de coût de la vie.
Nous osons croire que la grande considération que vous avez pour votre peuple vous amènera à mieux lui expliquer ce que vous comptez faire pour le sortir de sa grande précarité et de l'extrême pauvreté qui le fragilise depuis plus d'une décennie.
Vous en souhaitant bonne réception,
Nous vous prions d'agréer, Excellence Monsieur le Président, l'expression de nos salutations respectueuses.
Jean-Yves ESSO ESSIS
Citoyen
