Pour le PPA-CI, l'échec du programme des logements sociaux du gouvernement est lié à l'échec même de toute sa politique d'urbanisme axée uniquement sur Abidjan.
Le Jeudi 3 novembre dernier, les ministres en charge de la construction et du budget ont défendu, devant l'Assemblée nationale, un projet de loi portant ratification de l'ordonnance 2021-885 du 15 décembre 2021. Celle-ci est relative à l'application d'une parafiscalité sur les matériaux de construction en vue de l'alimentation d'un Fonds dédié à l'habitat social. Ce projet de loi de ratification, selon des sources venues de l'hémicycle, aurait été âprement discuté y compris par certains députés de la majorité qui n'en comprennent pas la pertinence. Le PPA-CI, non plus, ne comprend et ne peut comprendre le bien-fondé de cette ordonnance.
Cette ordonnance est une preuve supplémentaire de la duplicité du gouvernement qui chaque jour proclame se battre contre la cherté de la vie et, dans le même temps, s'emploie avec un génie consommé, à l'aggraver.
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Le texte porte application d'une taxe sur les matériaux de construction que sont le ciment, le fer et le Marbre. Bien que l'ordonnance ne vise théoriquement que les producteurs et les importateurs, dans la pratique cette taxe est mise, in fine et sans distinction, sur la tête de toute personne qui achète ces matériaux de construction sans distinction. En effet, l'on comprend difficilement par quelle alchimie, le gouvernement empêcherait la répercussion de cette taxe sur le consommateur final. Où le gouvernement espère trouver un producteur ou un importateur de ciment et de fer à béton, suffisamment philanthrope pour accepter de diminuer sa marge bénéficiaire par l'effet d'une taxe qu'il supporte en amont et s'interdire de l'appliquer, à son tour en aval, sur ses clients. Dans un contexte qui favorise l'inflation généralisée l'augmentation des prix des matériaux de construction se trouverait assurément justifié. En effet, cette taxe va servir de prétexte pour augmenter les prix de ces produits.
Donc, pour le PPA-CI, l'augmentation des prix desdits matériaux, du fait de cette parafiscalité, est une certitude. Il s'en suit que le pauvre fonctionnaire, dont la moindre augmentation de salaire a fait l'objet de publication sur des panneaux dédiés à cet effet, qui entreprendra de construire son logement à Abobo, à Yopougon, où partout ailleurs, devra payer une taxe sur chaque sac de ciment et chaque botte de fer pour alimenter un Fonds qui devra permettre au gouvernement de réaliser son programme de logements sociaux. Il en va de même pour le paysan d'Arikokaha, de Tipa Tipa, de Guézon, de Gbeleban etc. Cette trouvaille du gouvernement ivoirien suscite beaucoup d'interrogations.
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1. Qui sont les bénéficiaires des logements sociaux dont parle le gouvernement ?
En effet, pourquoi un paysan, ou un travailleur au faible revenu, qui sont en principe les personnes qui relèvent de la catégorie sociale qui est naturellement visée par le programme de logements sociaux, devrait payer plus cher la construction de son logement social pour financer la construction de d'autres logements sociaux. C'est quoi cette nouvelle forme de solidarité entre des personnes qui ont en partage la misère ?
2. La seconde interrogation se rapporte à l'opportunité même de ce Fonds. L'on est, en effet, en droit de s'interroger sur l'opportunité de ce fonds qui intervient à quelques encablures de la fin du pouvoir actuel. En effet, comment le gouvernement peut-il prétendre réaliser en moins de trois ans ce qu'il a été incapable de faire en 12 ans ? Il convient de rappeler à ce propos que dans l'euphorie de la prise du pouvoir, le gouvernement avait annoncé un programme de plusieurs milliers de logements sociaux. Une nouvelle ville avait même été annoncée à Songon. Douze ans après, l'institution de ce Fonds, financé par les citoyens eux même, n'est que la reconnaissance, par le gouvernement, de son échec de sa politique de logements sociaux. La de règne approchant, ce n'est pas faire un procès d'intention à ses initiateurs en disant que ce Fonds pourrait servir une cause que celle à laquelle il est réputé être dédié.
3. L'autre point d'inquiétude du PPA-CI par rapport à l'ordonnance susmentionnée est le contexte dans lequel elle a été prise. Le contexte d'inflation, qui sert de prétexte au gouvernement pour justifier toutes ses dérives budgétaires et sa boulimie pour la dette, n'est-il pas suffisant aux yeux du gouvernement pour tempérer ses ardeurs dans l'application de nouvelles taxes, de surcroît des taxes parafiscales. Comment peut-on chaque jour prétendre se battre contre la cherté de la vie et surtaxer, dans le même temps, les matériaux de construction qui font partie des secteurs les plus touchés par l'inflation.
Au total cette ordonnance est moralement, socialement et économique injustifiable. On ne peut pas avoir promis aux Ivoiriens des pluies de milliards et finalement les spolier pour des causes qui sont loin d'être les siennes.
C'est pourquoi le PPA-CI demande au gouvernement de retirer cette ordonnance.
Il demande aussi au parlement d'interroger le gouvernement sur le bilan de son programme de logements sociaux.
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Il appelle nos compatriotes et tous ceux qui habitent le pays à rester vigilants sur cette question. Des sommes colossales ont été affectées à ce programme et des dettes contractées à cette fin. Sans en avoir fait le bilan, le gouvernement initie, en fin de course, un autre programme financé par les populations dans un contexte marqué par la pauvreté endémique et la cherté de la vie.
Pour le PPA-CI, l'échec du programme des logements sociaux du gouvernement est lié à l'échec même de toute sa politique d'urbanisme axée uniquement sur Abidjan. En faisant d'Abidjan l'unique pôle de sa politique d'urbanisme, le gouvernement a contribué à accentuer la spéculation foncière qui rend le prix des terrains incompatibles avec un programme de logement sociaux. Le PPA-CI reviendra dans une prochaine tribune sur ce sujet.
Pour le moment, le PPA-CI conseille au gouvernement de suivre les traces du Président Laurent Gbagbo dans son programme de transfert effectif de la capitale à Yamoussoukro et de créer d'autres pôles d'intérêts économiques capables de porter une politique d'urbanisation à l'échelle nationale.
En tout état de cause, l'instauration d'une taxe parafiscale sur les matériaux de construction, dans le contexte d'une forte inflation qui induit une cherté de la vie sans précédent dans l'histoire de la Côte d'Ivoire, est scandaleuse. Les frais de la mauvaise gouvernance du pouvoir ne peuvent être payés par les populations notamment, les plus fragiles. Si le gouvernement tient à exécuter son programme des logements sociaux, il lui suffit de faire répéter à l'Etat les faramineuses sommes d'argent qui lui ont été indument volées comme l'ont révélé de nombreux audits. Nous en dressons une liste non exhaustive dans ce qui suit.