Jeudi 6 août 2020, Alassane Ouattara confirme sa candidature à la présidentielle octobre 2020 lui qui avant annoncé son départ en Mars dernier.
La confirmation de la candidature d'Alassane Ouattara a suscité des réactions contrastées. Ailleurs en Afrique, les gens lisent le prochain mandat du président Ouattara sous leur prisme à eux, et non sous celui de la Côte d'Ivoire. En fait, il n'y a pas eu en Côte d'Ivoire de malicieuse, voire politicienne, modification de la constitution, dans l'unique but de permettre à un président en fin de mandat de se perpétuer au pouvoir.
La Constitution ivoirienne a été modifiée depuis 2016, autrement dit quatre ans avant la fin du mandat du président de la république. Deuxièmement, le président Ouattara avait volontairement renoncé à un autre mandat auquel il avait constitutionnellement droit. Il a annoncé son départ en Mars dernier et, à trois mois de la présidentielle, il avait commencé à faire ses cartons au palais présidentiel, en prévision de son départ imminent.
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La brusque disparition de son dauphin crée du coup un cas de force majeure qui l'oblige à un nouveau mandat, qu'il n'avait nullement prévu. A l'évidence, le président de la république est candidat malgré lui. Rien à voir donc avec le cas du dictateur blaise compaoré (en minuscules par mépris). Après avoir lui-même introduit une limitation de mandat quelques années plus tôt, l'assassin de Thomas Sankaré a voulu modifier la constitution pour s'octroyer une forme de présidence à vie, contre la volonté de son peuple, et ce, nonobstant l'avis de la CEDEAO, de l'Union Africaine, de l'Union Européenne et de l'ONU.
Nous ne sommes pas non plus en présence d'un cas similaire à celui du condescendant et têtu despote guinéen, alpha condé (tout en minuscules), qui s'est fabriqué une nouvelle constitution dans une ambiance insurrectionnelle, dans le seul but de s'éterniser au pouvoir, alors même que son règne a été caractérisé par les assassinats de manifestants de l'opposition, la mauvaise gouvernance et l'absence de mission de développement.
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En Guinée comme au Burkina pour le projet du Compaoré, toutes les organisations internationales avaient rejeté une réforme constitutionnelle dont le seul but était de permettre à un président fainéant et/ou tyran de rempiler pour un autre mandat. On ne peut pas non plus voir dans la nouvelle candidature du président Ouattara les stratégies des satrapes d'Afrique centrale : biya, déby, etc. (tous en minuscules).
Au demeurant, même si je ne suis pas favorable à des dirigeants africains qui s'éternisent au pouvoir, la limitation du nombre de mandats n'est pas un indice pour jauger du niveau de démocratisation d'un pays. Il n'y a pas de limitation de mandats en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans bien de pays, mais ces États ne sont pas moins des démocraties. Angela Merkel est au pouvoir en Allemagne depuis 15 ans et elle peut toujours solliciter la confiance de ses concitoyens. Ce qui est vrai, est vrai !