Ouattara et Damiba : « ces petits arrangements qui fragilisent l’Etat… »

« Ces petits arrangements qui fragilisent l'État, » une analyse de Saïd Penda dans le deal entre Ouattara et Damiba sur le retour de Blaise Compaoré au Burkina.

Laurent Gbagbo a imposé à son pays une guerre civile qui a fait des milliers de morts. Puis, son refus de reconnaître sa défaite lors de la présidentielle de 2010 a entraîné la mort de plus de 3000 personnes. Il faut ajouter à cela le braquage de la Banque Centrale en pleine crise post-électorale, dont il s'est rendu coupable, avec Koné Katinan. Condamné par la justice ivoirienne à vingt ans fermes, Laurent Gbagbo est rentré et se promène dans tout le pays. Il a même eu l'insigne privilège d'une audience que lui a accordée le président de la république, au palais s'il vous plaît. Et ce n'était pas la dernière, puisqu'il sera à nouveau l'hôte du président de la république, cette semaine.

condamné très récemment à la perpétuité, a pu effectuer un voyage à Ouaga. Sans qu'il y ait eu la moindre mesure juridique de clémence, Damiba a déroulé le tapis rouge au despote qui aura tant fait souffrir son peuple, pendant 27 ans.

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Que le président Ouattara, dans sa magnanimité, ait décidé d'élargir ses opposants qui ont pourtant commis les pires crimes du code pénal ivoirien, la constitution lui en donne le droit et il dispose d'outils juridiques pour cela. Que le putschiste Damiba ait décidé de réhabiliter Compaoré en passant par pertes et profits tous ses crimes, des juristes indignes de son pays lui ont fabriqué une légitimité qui lui accorde des privilèges constitutionnels à cette fin.

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Mais on fait fi de tout cela et, par de simples arrangements politiques, l'on foule aux pieds des verdicts des juridictions. On ne fait même plus semblant en usant des instruments juridiques à sa disposition : grâce présidentielle ou même amnistie. Cela frise le mépris pour le pouvoir judiciaire et l'injure à la mémoire des victimes de ces grands criminels assassins. Pourtant, en faisant montre de cette espèce de dédain à l'égard du pouvoir judiciaire, c'est l'Etat lui-même que nous fragilisons. Et nul n'y gagne.

J'ai échangé avec plusieurs magistrats Ivoiriens et Burkinabé, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils vivent très mal cette situation.

Ce qui est vrai, est vrai !

Written by Saïd Penda

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