« Ouattara et Gbagbo se sont déclaré la guerre et sont déterminés à la mener jusqu’au bout » (Ferro Bally)

Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo se sont déclaré la guerre et sont déterminés à la mener jusqu'au bout.

La querelle entre règlements de compte et droit fait, par conséquent, rage. Après l'invalidation de la candidature de Ouattara à la présidentielle et aux législatives de 2000, c'est Gbagbo, le président de la République, qui a ouvert le feu. « Oui, l'article 35 de la Constitution est fait pour éliminer Ouattara, » a-t-il déclaré, en 2001, au Forum pour la réconciliation nationale, avant d'insister: « En appliquant l'article 35, on règle le problème Ouattara », accusé de s'être prévalu de la nationalité voltaïque (aujourd'hui burkinabé).

Alors que la loi est supposée être impersonnelle, a avoué un forfait: la Constitution a été un instrument pour barrer la route à .

Mais la victoire sera à la Pyrrhus et de courte durée. Par la force d'une rébellion armée qui coupait le pays en deux et prenait le pouvoir à la gorge, à partir du 19 septembre 2002, les cartes ont été rebattues.

Par l'article 48 de la Constitution, Ouattara est devenu « candidat à titre exceptionnel ». La puissance de feu des soldats français de l'opération Licorne et la prééminence de la certification de l' sur le Conseil constitutionnel, ont suffi pour que Ouattara prenne le pouvoir, à l'arrestation de Gbagbo, le 11 avril 2011.

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Et ses manoeuvres vont dans le sens de prendre sa revanche. Ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid!?

De ce fait, il se sert d'une autre arme, la justice comme instrument pour réduire son ennemi juré à sa plus simple expression, en jouant au chat et à la souris.

La tentative à la a été un fiasco retentissant. Gbagbo a été acquitté de toutes les charges, le 31 mars 2021. Alors, il s'est tourné vers la justice ivoirienne pour commettre, lui aussi, son forfait.

Laurent Gbagbo, accusé du « braquage de l'agence nationale de la  », a été condamné par contumace, le 18 janvier 2018, à 20 ans de prison ferme et 10 ans de privation de ses droits civiques.

Or, au regard des faits, le délit n'est pas constitué. La BCEAO, elle-même, n'a jamais porté plainte. Mieux, elle a fait connaître, par écrit avant le procès, qu'elle n'a subi aucun préjudice.

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Et selon Philippe Henri Dacoury-Tabley, gouverneur de la BCEAO (8 février 2008 – 22 janvier 2011), « les vérifications et audits effectués, dès 2011, successivement par le contrôle de la BCEAO, le Trésor français et un cabinet d'audit international ont conclu que les comptes sont exacts et rien n'a été dérobé à la Banque centrale. »

De plus, les co-accusés de Laurent Gbagbo dans cette affaire, l'ex-Premier ministre Aké N'Gbo et les ex-ministres Désiré Dallo et Justin Koné Katina (candidat aux municipales du 2 septembre 2023), ont tous bénéficié d'une amnistie, le 6 août 2018.

Quant à Gbagbo, Ouattara a choisi une mesure à minima: la grâce présidentielle, le 6 août 2022, qui garde intactes toutes les conséquences juridiques. C'est une épée de Damoclès. Gbagbo ne purgera pas les 20 ans de prison, mais ses peines ne sont pas annulées.

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L'institution judiciaire est, ainsi, utilisée comme un instrument de répression pour réduire et museler l'opposant. C'est le retour du bâton, malgré l'arrêt de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP).

Après la présidentielle 2020 où il a été exclu, l'ancien chef de l'État, comme Ouattara en 2000, n'est ni électeur ni éligible pour les élections (municipales et régionales) du 2 septembre 2023. Et le pays retient son souffle.

Written by Ferro Bally

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