Présidentielle 2025 : Le PPA-CI face à ses démons

Le PPA-CI fait face à des tensions internes et opère un repositionnement stratégique en vue de l'élection présidentielle de 2025 en Côte d'Ivoire.

Le PPA-CI traverse une période de turbulences à l'approche de l'élection présidentielle de 2025. Le parti de Laurent Gbagbo fait face à des tensions internes qui révèlent des divergences profondes sur son orientation future.

Le 12 septembre 2024, Jean-Gervais Tchéidé, secrétaire général du PPA-CI, a publié un communiqué suspendant les activités d'Ahoua Don Mello, vice-président du parti. Cette décision a empêché Don Mello d'animer des conférences prévues à Dabou et Koumassi les 14 et 15 septembre. Le communiqué demande « à toutes les fédérations de surseoir momentanément aux activités, qui ne sont pas directement liées à la phase 3 de l'opération Cap 2025 pour se consacrer aux différentes tâches de cette mission ».

Cette suspension intervient après les récentes sorties médiatiques de Don Mello, qui ont attiré un public nombreux à Yopougon et Port-Bouët en juin et juillet 2024. Sa popularité croissante suscite des interrogations au sein du parti.

Repositionnement idéologique et stratégique

Le PPA-CI, initialement ancré à gauche avec une orientation souverainiste et panafricaniste, semble opérer un virage idéologique. Les « 10 piliers de la Renaissance » et les « 10 engagements de Gbagbo » ont été révisés, atténuant certaines positions sur la souveraineté et l'indépendance économique du pays.

Ce repositionnement se manifeste également par la participation du parti à la Convention du Parti démocrate américain en août 2024. Laurent Gbagbo lui-même a modéré ses critiques envers le FCFA, exprimées lors de son discours à Agboville le 6 avril 2024.

Ahoua Don Mello, fervent défenseur du socialisme et opposé à l'influence occidentale, se trouve en désaccord avec cette nouvelle orientation. En tant que 1er vice-président de l'Alliance internationale des BRICS en charge des projets stratégiques, Don Mello prône une approche différente.

« Nos meilleurs alliés, c'est le monde des BRICS, » affirme Don Mello. Il ajoute que « la croissance et l'autonomie des États africains, comme la Côte d'Ivoire, tenus en laisse, se trouvent dans l'ouverture à ces puissances émergentes ».

Tensions et enjeux pour 2025

Le PPA-CI fait face à plusieurs défis à l'approche de l'élection présidentielle de 2025. Le parti doit maintenir son unité malgré les divergences idéologiques internes. Il lui faut également définir une stratégie électorale claire, avec ou sans la candidature de Laurent Gbagbo.

Bien que le boycott du prochain scrutin présidentiel ne soit plus à l'ordre du jour, des réflexions sur un éventuel plan B circulent au sein du parti. Le modèle Sonko-Diomaye au Sénégal est évoqué comme une possible alternative en cas d'obstacles à la candidature de Laurent Gbagbo.

Dans ce contexte, Don Mello émerge comme une figure potentielle de succession. Son expérience politique et ses relations internationales le positionnent comme un candidat crédible, alimentant les tensions entre les différentes factions du parti.

À l'approche de la Convention du 10 mai 2024, la direction du PPA-CI a multiplié les efforts pour maintenir l'unité du parti. Des entretiens à huis clos ont eu lieu entre Don Mello et les principaux dirigeants du parti, dont Laurent Gbagbo, Sébastien Dano Djédjé et Dr Assoa Adou.

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Suite à ces rencontres, Ahoua Don Mello a publiquement réaffirmé son soutien à Laurent Gbagbo. Dans une déclaration à la télévision du parti, il a appelé « les militants et sympathisants à se ranger derrière le camarade-président Laurent Gbagbo pour son investiture à la Convention ».

L'approche de l'élection présidentielle de 2025 mettra à l'épreuve la cohésion et la stratégie du PPA-CI. La gestion des tensions internes et la présentation d'une vision claire pour l'avenir de la Côte d'Ivoire seront déterminantes pour le succès du parti.

Le PPA-CI se trouve à un moment charnière de son histoire. Les choix effectués dans les mois à venir auront un impact sur son avenir politique et sur le paysage électoral ivoirien dans son ensemble.