Saïd Penda critique la sortie des évêques : « peuvent-ils critiquer le pouvoir après leur relation avec le régime du criminel Gbagbo ?

SaidPenda

Le journaliste camerounais, Saïd Penda, a critiqué le mercredi 22 janvier 2020 la déclaration des évêques de Côte d'Ivoire relative à la présidentielle d'octobre.

Dans une récente déclaration, le prélat catholique a fait des fortes critiques sur le processus devant conduire à des élections transparentes en fin d'année et appelé à la « libération des prisonniers politique ». Même si les autorités sont restées très mesurées dans leur réaction, le moins que l'on puisse dire, c'est que ces récriminations du clergé catholique a provoqué l'ire des partisans du régime, qui ne sont pas allés d'une main morte pour rappeler les religieux à l'ordre.

Il est évident que l'église catholique, qui n'a jamais confessé sa relation incestueuse avec le régime criminel et génocidaire de Gbagbo, serait mal fondée de prétendre à un quelconque rôle de modération entre les acteurs politiques. Je comprends tous ceux qui rappellent aujourd'hui au prélat catholique que c'est lui qui a livré le général Guéi au commando venu l'assassiner, alors qu'il avait trouvé refuge à la cathédrale du Plateau à ; tout comme on peut s'étonner de ce que ce même prélat catholique n'a jamais émis la moindre critique quand des escadrons de la mort, sous le commandement direct du couple Simone et , massacraient par centaines tous ceux qui étaient soupçonnés de sympathie avec l'opposition d'alors.

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Mais ceci étant, je voudrais inviter les uns et les autres à éviter les amalgames et le piège de la généralisation. Certains propos tenus çà et là -heureusement sans que cela ne soit le fait d'officiels du régime ou du parti au pouvoir peuvent donner l'impression à l'observateur non-averti qu'il y a d'un côté une opposition majoritairement chrétienne soutenue par le prélat catholique, et un pouvoir à dominance musulmane défendu par le Conseil des Imams.

Des individus qui ont toujours caressé le rêve de transformer la crise exclusivement politique ivoirienne en guerre religieuse ont d'ailleurs tôt fait de fabriquer de toute pièce une virulente réaction des Imams de Côte d'Ivoire à la déclaration du prélat catholique; un fake démenti par la suite.

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La tentation de la généralisation est d'autant plus dangereuse qu'il y a en Côte d'Ivoire des prêtres apolitiques et impartiaux, uniquement animés par l'esprit d'amour et de justice. Je voudrais citer ici le cas du père Cyprien Ahouré de la paroisse de Duékoué. Il a eu le courage de dénoncer dans mon documentaire l'instrumentalisation des antagonismes communautaires et fonciers, et les massacres de plusieurs milliers de ressortissants du nord de la Côte d'Ivoire, de Baoulés et d'Africains qui s'en sont suivis. Des Cyprien Ahouré, il y en a dans toutes les sphères de l'église catholique ivoirienne.

A l'analyse des faits, il y a un certain nombre de dirigeants de premier plan du prélat qui ont soutenu et étaient même dans une forme de complicité avec le régime passé. Ces dignitaires catholiques bien connus sont donc dans une forme de constance en poursuivant leur connivence avec le pouvoir défunt. On ne saurait autrement expliquer qu'un prélat qui s'était fait complice du règne de la barbarie de Gbagbo retrouve aujourd'hui de la voix, juste pour reprendre à son compte toutes les revendications de l'opposition.

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Quoiqu'il en soit, le prélat catholique ivoirien a perdu le statut de sentinelle morale qui devrait être le sien. Et il en sera ainsi tant que cette l'Église n'aura pas fait son mea-culpa. Elle le doit à ses fidèles dont certains ont été massacrés par centaines par le régime Gbagbo que le clergé a fortement soutenu, si ce n'est à toute la nation ivoirienne.

Written by Saïd Penda

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