La France doit simplement comprendre que les temps changent. Le mouvement est irréversible : soit la France s’adapte, soit elle perdra l’Afrique.
Hier, j’ai suivi sur NCI l’émission qui traitait de la situation au Burkina Faso et plus généralement dans la sous-région ouest-africaine et j’avoue avoir été outré par le refus de réfléchir de certains participants.
Analyser un mouvement socio-politique commande de prendre de la distance et de se départir des préjugés afin de le saisir dans sa globalité.
Comment peut-on affirmer que tous ces jeunes qui appellent la Russie au secours au Burkina Faso, au Mali, en Guinée et en Centrafrique pour ne citer que ces pays-là sont manipulés par des prétendus panafricains qui vivent en Europe ?
Il y aurait donc d’un côté la France victime des manipulateurs russes sur le continent africain. Et bien entendu, la France avec ses médias France 24, RFI et autres qui dépendent du Quai d’Orsay, donc du ministère français des affaires étrangères ne manipulerait personne. Quand des médias internationaux dépendent non pas du ministère de la communication mais du ministère des affaires étrangères, nous sommes déjà dans une logique d’imposer au monde la version française des évènements. C’est une pure logique implacable.
Alors si ces jeunes africains sont effectivement manipulés, c’est que la Russie est en train de battre la France au jeu de la manipulation. Pourquoi donc pleurer sur le sort d’un perdant ?
Et l’argument le plus idiot que j’entends souvent est celui-ci : « Ils sont en France et ils se prétendent panafricains. Ils ont des passeports français et ils se disent panafricains ». Quelle cécité intellectuelle !
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Quand les occidentaux voulaient soumettre l’Afrique et réduire les africains en esclavage, ils l’ont fait depuis leurs pays respectifs ? Ils ont financé des expéditions très chères. Ils sont venus apprendre nos modèles de pensées et de culture et c’est ainsi qu’ils nous ont soumis dans un contact permanant et ensuite par la force.
Plus sérieusement, il y a une recomposition du monde qui est en cours. Nous passons peut-être d’un monde unipolaire à un monde bipolaire à nouveau. Et je vais me répéter : La Russie n’est pas le sauveur de l’Afrique. Personne ne croit que Poutine vienne sauver notre continent. Mais quitte à être soumis, c’est toujours mieux de choisir celui qui nous soumet. Cela nous laisse une petite marge de manœuvre. Entre un quartier où il y a un seul gros bras qui terrorise tout le monde et un autre où il y a deux gros bras qui s’affrontent, je préfère vivre dans le deuxième.
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Et puis, l’on parle des djihadistes qui menacent la stabilité de la sous-région. Mais qui a distribué des armes à ces gens dans le conflit Lybien ? On paie le prix des armes distribuées à des extrémistes pour le plaisir de faire tomber Kadhafi. Ce sont ces armes qui alimentent aujourd’hui le terrorisme en Afrique de l’ouest. Pourquoi nos intellectuels ont peur de le dire ? La France connait ces terroristes puisqu’elle a contribué à les armer.
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Et puis, parlons de démocratie car la révolte est liée aussi bien aux libertés publiques et individuelles qu’a la situation socio-économique. Depuis quand la France a soutenu ou accompagné la démocratie en Afrique ? Au nom de quel principe le bébé Deby au Tchad est plus fréquentable que le Malien Assimi Goita ? Quel est le mérite de Ali Bongo et Faure ? Qui soutient ces régimes monarchiques ? Qui a soutenu le troisième mandat de Ouattara ? Et le premier ministre malien l’a justement rappelé dans sa métaphore du dromadaire et du chameau : tripatouiller la constitution pour se maintenir au pouvoir équivaut à un coup d’état.
La France doit simplement comprendre que les temps changent. La jeunesse africaine est de plus en plus instruite et formée idéologiquement. Internet permet de voir le monde et de vouloir expérimenter ce qui se vit ailleurs de bien. Le mouvement est irréversible : soit la France s’adapte, soit elle perdra l’Afrique. Et les jérémiades des passéistes n’y changeront rien.
