Un pro-Affi aux GOR : « maintenant que Gbagbo est inéligible, on fait quoi ? »

La dernière décision de la CPI met fin à tout espoir de voir Gbagbo revenir prochainement au pays pour être le candidat « naturel » du FPI.

Gbagbo candidat inéligible à la présidentielle ivoirienne de 2020 ? Voici la lettre ouverte de Jean Bonin à tous les démocrates et citoyens .

Chers compatriotes,

La CPI vient de jeter le masque en signifiant à la défense du Pdt Gbagbo que la version française des documents du procès ne sera disponible qu'au mois de juillet prochain, soit à 3 mois de l'échéance présidentielle de 2020. Tel un couperet, cette annonce met fin à tout espoir de voir Gbagbo revenir prochainement au pays pour être le candidat « naturel » du FPI.

À ce stade des choses, tous, nous devons comprendre que la posture émotive qui consiste à pleurer, à se lamenter ou à s'accuser les uns les autres de tous les mots d' n'est pas une attitude sérieuse. Ce qu'il nous faut c'est être proactif et en conséquence se poser la question suivante : « maintenant que Gbagbo est inéligible, on fait quoi ?”

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Chères militantes, chers militants,

Je voudrais saluer la clairvoyance du Pdt Affi Nguessan qui, quand bien même il a toujours estimé que Gbagbo était notre meilleure chance de reconquérir le pouvoir en 2020, a su anticiper les choses.

En effet, que serait devenu le FPI si Affi ne s'était pas « entêté » à rester dans le jeu politique ? Que serait-il advenu du parti s'il était resté dans la logique du boycott et n'avait pas de militants ayant acquis de l'expérience en participant aux différents scrutins de 2015 (présidentielle), de 2016 (législatives) et de 2018 (les municipales et les régionales) ? Nous serions là à tergiverser.

Cher(e)s sympathisant(e)s pro Gbagbo,

Si Affi n'avait pas eu cette formidable capacité d'anticipation que certains qualifiaient “d'entêtement” nous en serions à nous demander ceci : “vu que Gbagbo ne peut plus être candidat en 2020, on fait quoi ?”. Ce qui bien évidemment entraînerait une autre question : “qui parmi nous devrions-nous soutenir pour 2020 ?”. Autant de questions qui auraient entraîné d'incessants et violents débats susceptibles d'affaiblir le parti.

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La vérité aujourd'hui c'est que sans cet “entêtement” de Affi il en serait fini de nous en ce qui concerne 2020 car il est quasiment impossible d'espérer gagner une présidentielle dans un pays comme la Côte d'Ivoire sans une préalable préparation sérieuse.

Grâce à son engagement dans le jeu et le dialogue politique, aujourd'hui Affi apparaît, de nous tous, comme celui qui sort du lot. Il est le seul qui, arrivé en 2ème position en 2015, a l'expérience d'une élection présidentielle. Il est sorti victorieux de la confrontation contre le candidat du lors des législatives de 2016 et contre celle du PDCI à l'occasion de l'élection régionale de 2018. Ce sont autant d'atouts qui vaudront leur pesant d'or lors de la campagne présidentielle de 2020.

Cher(e)s compatriotes,

Nous devons avoir l'humilité de reconnaître que si Affi et les autres élus du FPI ne s'étaient pas engagés, en dépit de tout, le parti n'aurait pas eu ces résultats et se serait retrouvé complètement déconnecté de la situation actuelle du pays. Grâce à cet entêtement aujourd'hui nous avons plusieurs centaines d'élus (maires, députés, conseillers généraux, conseillers municipaux). Grâce à cet entêtement nous ne craignons pas l'éventualité de l'instauration d'un système de parrainage comme condition pour être éligible en 2020.

Heureusement que, contre vents et marées, un plan B a été envisagé, vu que notre plan “A” vient de montrer ses limites. Ainsi donc, même avec l'élimination de Gbagbo, l'élection n'est donc pas encore perdue. Nous pouvons gagner la présidentielle de 2020. Pour cela, il va nous falloir travailler ensemble pour mettre en œuvre ce plan B.

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Ce plan B n'est pas le plan de Affi ou de Jean Bonin mais le plan du FPI. Il n'y a aucune honte à changer de fusil d'épaule lorsqu'on a une stratégie qui n'a pas marché et qu'on fonce droit dans le mur. C'est vrai, tous nous espérions, Affi en 1er, que notre plan A qui était Gbagbo, marcherait. Hélas ce plan n'est plus viable. L'heure est donc à la mise en œuvre du plan B. Ce plan B est là, à la disposition de tous.

Ce plan B qui a été minutieusement construit nous a permis d'être présents sur le terrain, de désigner nos 549 représentants à la CEI dès que la CEI l'a demandé, de réorganiser la jeunesse du parti avec l'élection d'un nouveau secrétaire national et d'être en train d'en faire de même pour l'OFFPI.

Cher(e)s démocrates ivoiriens,

Rejoignez-nous afin que nous nous mobilisions tous autour de ce plan B pour choisir notre candidat à l'élection présidentielle de 2020.

Ne commettons pas l'erreur de croire que soutenir le candidat d'un autre parti, notamment de droite, peut être une solution alternative et crédible. Ce serait une grave erreur et surtout ce serait faire la passe à l'adversaire. Or, il ne faut jamais faire la passe à un adversaire même si par opportunisme il se présente à nous comme un allié (de circonstance).

Ceux qui pensent que ceux qui ont durement combattu le FPI lorsque nous étions au pouvoir et qui ont activement contribué à l'extradition de Gbagbo et Blé Goudé à la CPI peuvent être le plan B se trompent. C'est un choix par dépit. Or, le dépit n'est pas une position politique responsable et rationnel. Il n'y que par dépit qu'on peut se jeter dans les bras de son bourreau d'hier.

Ceux qui l'envisagent ne le font pas parce qu'ils aiment leurs ex bourreaux ou même qu'ils croient que ceux-là sont une alternative crédible d'avenir mais uniquement parce qu'ils sont en palabre avec Affi. C'est donc un choix guidé par l'émotion et non par la raison. C'est ce type de choix que font certaines femmes qui sont prêtes à aller coucher avec un autre homme qu'elle n'aiment pas du tout juste pour faire du mal à celui qu'elles continuent secrètement d'aimer.

La réalité, c'est qu'en envisageant d'opter pour l'un de nos bourreaux d'hier vous perdez en crédibilité, car vous salissez la mémoire de toutes les victimes directes ou indirectes de ces personnes là et vous donnez le sentiment que vous n'êtes rien d'autre que des hommes et des femmes sans conviction et sans vision politique.

2020 n'est pas totalement perdu. Cette échéance est à notre portée pour autant que nous taisions nos querelles intestines, inopportunes et inutiles.

Written by Jean Bonin

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