Le premier ministre Amadou Gon Coulibaly est rentré de sa visite de deux jours à Gagnoa. Fait marquant de cette visite aux allures de campagne électorale à l’endroit des populations de la région natale de Laurent Gbagbo, un cadeau de la notabilité autochtone qui n’a pas manqué de faire sourire les « initiés ». Visite Gon Gagnoa.
Une couronne royale baoulé, une canne de commandement en or baoulé et des pagnes tissés bété. L’ensemble des attributs royaux offerts au premier ministre Amadou Gon Coulibaly, par la notabilité bété, en dit long sur le caractère global de cette visite, qualifiée par un cadre autochtone de la région, de « cérémonie de la grande hypocrisie ».
En effet, en vue de réussir leur mobilisation, beaucoup de promesses ont été préalablement faites aux populations, notamment l’érection de Ouragahio en département et des sous-préfectures de Bayota et de Yopohué, en commune. Une compétence dont ne dispose pas le chef du gouvernement…
« La réconciliation des filles et fils de ce pays, et le renforcement de la cohésion sociale que nous appelons de nos vœux ne sont pas pour nous une option »
Il n’empêche qu’au stade Victor Biaka Boda de Gagnoa qui a fait le plein, Gon Coulibaly a lancé des messages forts sur la réconciliation, un chantier abandonné par le président Alassane Ouattara et récupéré par Guillaume Soro, en vue de la présidentielle de 2020.

« La réconciliation des filles et fils de ce pays, et le renforcement de la cohésion sociale que nous appelons de nos vœux ne sont pas pour nous une option. Elles sont une exigence pour l’édification de notre beau pays », a-t-il indiqué.
Visite Gon Gagnoa et réconciliation nationale
Un discours qui, face aux actes, a du mal à être assimilé par les populations. Au moment où Gon lançait son appel à une réconciliation qui dépend davantage du gouvernement que de ses opposants, l’Association des femmes et familles des détenus d’opinion de Côte d’Ivoire (AFFDO-CI, mouvement de soutien et de défense des prisonniers politiques) annonçait la mort en détention de Serge Kanon Blé, natif de la région du Gôh.
Ce pro-Gbagbo avait été arrêté en septembre 2011, suite à une dénonciation de ses activités politiques dans les agoras et parlements patriotiques de Yopougon. En 2015, il avait été jugé et condamné pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », sans qu’aucune preuve formelle n’ait été brandie contre lui. Sa mort porte à neuf, le nombre de prisonniers politiques morts en détention, depuis la fin de la crise postélectorale.
Emmanuel Gautier, envoyé spécial
https://www.yeclo.com/des-pro-gbagbo-a-laccueil-de-gon-a-gagnoa/