Ange Grah Olivier : voilà pourquoi l’Assemblée générale de la FIF est illégale et nulle

Ange Grah Olivier, magistrat ivoirien, décrypte les résolutions de la dernière Assemblée de la FIF et le report de l’élection de la présidence.

A l’annonce des résolutions de la dernière Assemblée de la FIF, nous n’avons pu nous empêcher de soupirer de tristesse devant la stupide obstination d’un groupe d’individus qui s’obstine à vouloir prendre en otage le football ivoirien, malgré les coups de semonces de la CAF et de la FIFA qui ne semblent guère, à tort, les avoirs impressionner. Force est de reconnaître que pour les raisons que nous allons invoqué ci-dessous, beaucoup d’énergies ont été vainement mobilisées.

Sous le prétexte malicieux de revendiquer de façon patriotique, l’indépendance dans la détermination des règles de désignation de son Président, les errements dont se rendent coupables ces personnes nous entrainent inexorablement vers une nouvelle crise dont on aurait pu faire l’économie. Ils essaient inutilement pour servir leurs intérêts de diaboliser la FIFA en se faisant passer pour les victimes d’un ordre mondiale dont pourtant nous pouvons que les tricheurs qu’elles sont devraient être écarter sans ménagement.

Elles font semblant d’oublier que les statuts de la FIF font partie d’une hiérarchie qui situe au dessus d’eux, ceux de la FIFA et de la CAF. Comme dans un Etat les lois doivent être conformes à la Constitution, les statuts de la FIF doivent conformes aux deux autres. Ce qui n’est pas le cas des statuts qui ont été adoptés à la dernière Assemblée Générale.

LIRE AUSSI: Cameroun: David Eto’o lui déclare son amour “Je t’aime…”

Nous ne pouvons commencer sans nous référer aux mystérieux groupements d’intérêt. Ces organisations sui generis ne correspondent à aucune catégorisation juridique connue jusqu’à là. En tout cas, ce ne sont pas des Groupements d’Intérêts Economique (GIE) eu égard à leur objet. Ils ne correspondent pas non plus à la notion de clubs de football, ni à celles des groupements de clubs, encore moins celle des ligues, seules organisations habilitées au sens des Statuts de la CAF à être affiliées à une fédération. Alors que cela aurait dû leur interdire de participer au processus électoral conformément aux textes de cette confédération, ils y jouent un rôle tellement important que c’est par eux que le scandale est arrivé.

Ce qui est certain, on n’aurait pas su ce qui justifie leur création si leur irruption totalement illégale dans le processus électoral n’était pas un indicateur suffisant des raisons profondes qui animaient leurs créateurs. Pourquoi il y a un groupement d’intérêt des arbitres, des joueurs, des médecins du sport et pourquoi pas un groupement pour les journalistes sportifs et surtout un autre pour les supporters ? Le mystère qui entoure les choix qui ont été opérés est révélateur d’une stratégie de captation du droit de se porter candidat à la Présidence de la FIF par un groupe de personnes. Malheureusement, leur plan se heurte désormais aux prescriptions des Statuts de la CAF.

LIRE AUSSI: Hamed Bakayoko et Ouattara : « les relations entre les deux hommes n’ont pas toujours été calmes et douces », révélations de Vincent Toh Bi

En effet, la participation des groupements d’intérêt à l’Assemblée Générale de la FIF, en qualité de membre est illégale, car il résulte de l’article 12-1 et 2 des Statuts de la CAF qu’à part les Clubs, seules les ligues et les groupes de clubs sont susceptibles d’être affiliés à une Fédération en tant qu’organisation subordonnée, c’est-à-dire ne faisant pas partie en tant que telle de la Fédération. Les Groupements d’Intérêt tels qu’ils sont désignés au sein de la FIF ne sont ni des clubs, ni des groupements dee clubs ni des ligues. Ils ne peuvent par conséquent être affiliés à la FIF à plus forte raison voter à son Assemblée Générale. D’autre part, vu que ces associations désignées sous l’appellation de Groupements d’Intérêts sont au regard des Statuts de la CAF, des entités extérieures à la FIF, leurs participation à la dernière Assemblée Générale est illégale comme l’est les nouveaux Statuts de cette dernière qui prévoient qu’elles peuvent voter à l’Assemblée Générale.

Leur participation au processus de désignation désignation du Président de la FIF viole un autre principe consacré par les Statuts de la CAF en leur article 12-3, celui qui fait obligation à la Fédération de « s’assurer statutairement que les clubs qui lui sont affiliés sont aptes à prendre toutes les décisions qu’implique leur affiliation à la structure indépendamment de toute entité externe ». Il suffit d’examiner les Statuts de la FIFA qui accorde le monopole de la désignation de son Président aux Fédérations qui en sont membres, en écartant même les confédérations qui bien que participant à l’Assemblée Générale ne sont que des organisations subordonnées et qui en tant que telles n’ont pas le droit de vote. Il en est de même au sein de la CAF. Par conséquent, doivent avoir le droit non seulement de voter pour la désignation du Président, mais ils doivent également être les seuls à avoir le droit de parrainer. Les nouveaux Statuts de la FIF violent donc cette prescription.

LIRE AUSSI: Hamed Bakayoko: révélations sur l’argent d’Hambak et comment les escrocs ont envahi son espace

Enfin, le principe en matière de participation à une Assemblée Générale est celui de l’égalité de tous les membres : un club, une voix. Par conséquent, rien ne justifie les attributions de nombre différents de voix aux clubs en fonction de la division à laquelle ils appartiennent. Cette discrimination fondée sur un critère fluctuant et surtout tributaire de performances sportives conjoncturelle, ne doit pas avoir un impact sur les droits rattachés à leur qualité de membre de l’Assemblée Générale, qui eux sont permanents. Il suffit d’examiner les Statuts de la FIFA et de la CAF pour comprendre le caractère sacré de cette règle.

Toutes les fédérations au sein de ces deux organisations ont exactement le même nombre de voix à l’Assemblée Générale quel que soit leur palmarès ou leur poids économique. Il en est de même au sein de l’Organisation des Nations Unies, même si s’il s’agit d’un autre domaine. Il faut avoir des raisons impérieuses et indiscutables pour remettre en cause ce principe qui est fondamental pour la cohésion au sein des fédérations. Ce n’est pas le cas en l’espèce. Pourquoi compliquer les choses, si ce n’est, pour des desseins inavouables, qui n’ont malheureusement rien à voir avec la mise en place d’une gouvernance de qualité du football ivoirien, comme l’atteste le recours à un système de parrainage totalement injustifié.

Certes, beaucoup de processus électoraux comme d’ailleurs ceux de la CAF et de la FIFA consacrent le principe des parrainages de candidature. Cependant, il ne doit être conçu que dans le but d’attester du sérieux des prétendants et non comme un moyen d’écarter des candidats. Ainsi, à la FIFA, il n’est exigé que 5 parrains sur près de 215 membres et 3 sur 56 à la CAF. En Côte d’Ivoire, un système élaboré et incompréhensible de 8 parrains choisis parmi différentes catégories de personnes, a été mis en place pour garantir l’accès au poste de Président de la FIF à un petit groupe d’individus à travers un jeu de chaises musicales. Cela est inadmissible et le système même si on veut absolument y voir un intérêt gagnerait à être totalement allégé et confirmes aux Statuts de la CAF et de la FIFA.

LIRE AUSSI : Les meilleurs films féministes africains

Le droit de participer à la compétition électorale est sacré et ne doit d’aucune manière être remis en cause pour des raisons contraire à la démocratie. Il n’est pas difficile d’imaginer quels étaient les intentions de ceux qui se sont battus pour maintenir en l’état ce système de parrainage, à la satisfaction qu’ils ont manifesté sur la place publique d’avoir réussi à écarter selon eux un candidat. Cela suffisait, sur le plan éthique, et en dehors des moyens juridiques que nous avons invoqué plus haut, pour remettre en cause les Statuts qui ont été adoptés.

Je ne pourrai conclure sans faire observer que la tendance à tricher dont faire savent preuve les oligarques du sport roi en Côte d’Ivoire et le manque de sagesse des politiques, incapables d’instaurer les règles d’une compétition juste et transparente pour accéder aux différentes fonctions de responsabilité, nous conduisent fatalement vers une nouvelle crise qu’on aurait pu éviter si on faisait preuve d’un minimum d’intégrité dans la conduite des affaires du football ivoirien, en refusant de s’immiscer de façon déraisonnable dans un processus qui, à cause de cette intrusion, a finalement accouché d’une souris. Elle est annonciatrice d’une future tempête, parce qu’on n’aurait pas laissé le Conor travailler dans la quiétude qui sied à la production des résultats probants auxquels aspiraient les véritables amoureux du ballon rond. Pauvre Côte d’Ivoire !

Written by Ange Olivier Grah

Bantoo Link: le réseau social d’Emma Lohoues qui fait sensation sur la toile

Gérard Depardieu rattrapé par une affaire de viol