3è mandat d’ADO : lettre ouverte du Dr Coulibaly Dognima à Ouattara, « s’arrêter ne serait pas un échec »

3è mandat d'ADO : Lettre ouverte du Dr Coulibaly Dognima Lassina, Historien au Président de la République Alassane Ouattara.

Monsieur le Président,
A cinq soleils de la commémoration de l'an 60 de l'accession de notre à l', il me plaît de vous écrire cette lettre en tant que citoyen lambda et apolitique pour vous traduire toute mon admiration, mais aussi, pour vous donner mon point de vue sur la question du troisième mandat qui fait l'actualité politique en ce moment.

Avant tout propos, permettez moi monsieur le Président de vous présenter toute ma compassion pour le décès de votre fils le premier ministre Coulibaly. Ce décès inattendu nous a laissé sans voix. Nous, populations de , parents du premier ministre et l'ensemble des . Que dans sa miséricorde l'accueil dans son royaume céleste.
Monsieur le Président, point n'est ici besoin de rappeler au souvenir des ivoiriens que vous êtes un bâtisseur. En neuf ans de présidence votre bilan plaide pour vous. Un État ne se développe que par les qu'on y fait. Et en neuf ans de pouvoir, vous avez repris les grands travaux qui ne faisaient plus partie de notre quotidien depuis le décès du président Félix Houphouët Boigny. La Côte d'Ivoire entière se transforme sous nos yeux. Je vous épargne l'énumération de vos réalisations la liste est longue, très longue même.

Monsieur le Président, votre longue marche vers le pouvoir d'Etat vous a forgé dans l'adversité. La politique vous l'avez très vite apprise et domptée. Vous, l'économiste, le technocrate venu pour apporter assistance à la Côte d'Ivoire sous perfusion en 1989 en tant que Président du conseil interministériel puis premier premier ministre de Félix Houphouët Boigny. Vous avez eu un parcours exceptionnel. , , Premier ministre, , Président de la République. Peu, très peu d'hommes politiques ont eu cette trajectoire.

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Monsieur le Président, vous avez dirigé le pays et vous continuez de le faire avec responsabilité. Comme vous l'avez dit devant le congrès, gouverner c'est poser des actes qui peuvent être bons, mais aussi, étant humain peuvent nuire à autrui. Ce n'était pas votre intention de nuire. Et en toute humilité vous avez demandé pardon aux ivoiriens pour les torts que vous aviez dû commettre pendant votre gouvernance. Votre discours devant le congrès ouvrait une nouvelle ère pour notre pays et vous faisait entrer dans l'histoire. La grande histoire de notre pays. Ah ce discours bilan et cette décision de ne plus être candidat à sa propre succession, nous nous y attendons le moins. C'est d'ailleurs ce qui lui a donné un caractère plus solennel et nous a entraîné à nos émotions.

Monsieur le Président, devant le congrès vous nous avez montré votre sens de l'Etat et votre capacité à anticiper sur l'avenir. La transition faite entre le bilan de votre gouvernance et l'avenir avec la renonciation de faire un troisième mandat fut très appréciée. Cette phrase de Marc Bloch me vint à l'esprit : « le passé aide à expliquer le présent ». Votre pédagogie fut parfaite. Et ce discours bilan fit écho dans le monde entier. Il est aujourd'hui gravé dans notre mémoire collective. Vous avez parlé, parlé et bien parlé. Cet exercice, bien des chefs d'État le redoute, car parler n'est jamais un exercice facile. Mais en homme d'expérience vous l'avez fait avec aisance et simplicité ce fut comme mettre une lettre à la poste.

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Monsieur le Président, vous avez montré aux yeux du monde et surtout des ivoiriens que vous étiez un homme politique d'exception. Un homme de parole alors que les analystes de renommée avaient parié que vous serez partant pour un troisième mandat. Vous les avez fait mentir. C'est aussi cela le charme de la politique, le charme de l'histoire politique. Avec ses incertitudes et ses non-dits. Vous avez prouvé aussi, que rien n'est figé, qu'en politique les lignes bougent très vite. Ainsi, dans la continuité de la lettre et de l'esprit de votre discours de , vous aviez réuni à l' un parterre de cadres et d'élus de votre parti, le . Ce qui devrait être une réunion d'information et d'explication devant le RHDP de votre décision de Yamoussoukro, s'est muée en une « convention » avec à la clef, un consensus faisant d'Amadou Gon, votre fils, le candidat du RHDP à l'élection de 2020. Vous venez là encore de surprendre plus d'un. Mais malheureusement, Dieu en a décidé autrement. Hélas, mille fois hélas. Mais les voies de Dieu sont insondables. On ne peut se soustraire de ce que Dieu a décidé. Tel est notre destin.

Monsieur le Président, le décès du Premier ministre a été un au sein de votre parti, le RHDP. Il a faussé vos calculs pour la . Car il faudra trouver un nouveau champion, un autre porte étendard de votre parti politique, le RHDP, en moins de quatre mois des élections présidentielles d'octobre 2020. La solution des cadres de votre parti fut de vous ramener dans le jeu politique en vous demandant de reprendre les choses en main, de reconsidérer votre position, donc et de « trahir » votre discours devant le congrès à Yamoussoukro. Cette position n'est pas la mienne. Pourquoi ?

Monsieur le Président, Houphouët Boigny ne se faisait aucun souci de ce que sera le pays en son absence, parce qu'il disait qu'il avait formé pas un homme, mais une équipe pour prendre en mains les choses. Je pense que si le décès de Amadou a été un choc pour vous pour nous tous et pour votre parti, il ne peut saper dans ses fondements la solidité de RHDP qui d'ailleurs est très implanté sur l'espace ivoirien. Vous avez formé des Amadou Gon en trente ans de vie politique. Des jeunes compétents et aujourd'hui expérimentés. A l'œuvre, il vous donneront satisfaction. Il n'est pas bon pour ces jeunes de rester dans l'ombre des anciens trente ans durant. Aux pieds du pouvoir, ils manqueront d'assurance, difficile de se défaire de l'esprit de leur mentor qui ne les a pas laissés s'aguerrir tôt en s'essayant à la gestion de l'État, à des postes de responsabilité.

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Monsieur le Président, vous avez fait de , l'un de votre fils un homme politique de premier plan, révélé les qualités de manager de qui fait de la commune de une commune où il fait bon vivre. l'a confessé à la « convention » du RHDP, vous lui avez donné l'opportunité de se faire une autre dimension de la gestion des affaires de l'État. Le jeune ministre Cissé du qui continue son apprentissage auprès de vous, s'inscrit dans l'assurance d'une relève politique de qualité. Vous avez des universitaires de qualité avec vous, Mariétou Koné, Koffi Goudou et Ly Ramata pour ne citer que ceux la. Vous avez une équipe autour de vous Monsieur le Président.

Par conséquent, brandir le fait qu'avec le décès de , proposer un autre cadre serait suicidaire pour le RHDP me paraît un argument peu solide. L'on a point besoin de travailler à faire accepter l'image de Hamed Bakayoko et de Patrick Achi dans la mémoire collective des ivoiriens. Ils y sont déjà. Après près de trente ans de vie politique en Côte d'Ivoire, qui ne connaît pas «  »? Sa nomination au poste de premier ministre est la consécration de sa fidélité, de son engagement politique, de sa capacité à s'intégrer dans son milieu et son expérience acquise depuis près de deux décennies dans les fonctions ministérielles. C'est un honneur que vous nous faites en tant que jeune en nommant Hamed Bakayoko à ce poste de responsabilité. Nous vous en remercions.

Par ce geste, vous montrez qu'il est donc temps que les jeunes prennent leur destin en main et votre parti, le RHDP est dans cette dynamique la. En Côte d'Ivoire, gagner une élection présidentielle à la est quasiment impossible. Gagner une élection présidentielle dans ce cas relève de deux variables: du candidat lui même, de sa compétence, de son expérience, de son sens d'anticipation, de son rapport à son environnement, de sa capacité d'écoute et de son intelligence, il ne suffit plus d'avoir un doctorat d'État pour être un bon politicien et en soutien, l'appareil du parti. Et vous avez ces deux entités la. Il suffit de les orienter dans le sens qu'il faut.

Monsieur le Président, depuis plus de quarante ans vous n'avez connu que le travail, vous vous êtes construit par le travail et dans le travail. Vous avez tout donné surtout le meilleurs de vous même. Il n'est pas aisé d'exercer la fonction présidentielle, car il faudra naviguer constamment entre le poids de la responsabilité et l'usure du pouvoir. Il faut donc courageusement anticiper sur le futur. Innover constamment pour être en phase avec son peuple. Pour moi, il est tant que vous vous reposez. Faites confiance à vos jeunes Monsieur le Président. Dans le milieu universitaire, quand on va chercher encore un professeur titulaire retraité pour venir donner des cours aux étudiants de première année c'est que quelque part ce professeur a échoué. En plus de trente ans de carrière à l'université, il n'a formé aucun étudiant pour assurer la relève dans son domaine de compétence.

En politique c'est pareil. Vous devrez montrer aux uns et aux autres que vous avez formé et assuré la relève et ils sont là, prêts à prendre les choses en main. Vous devrez être pour la Côte d'Ivoire et pour l' une personne ressource. Une personne qu'on viendra consulter pour avoir une solution aux maux qui secouent la ou le continent. Une personne respectée de tous. Je disais à des amis qu'il faudra que nous ayons aussi nos « Anciens ». Ces « Anciens » qui seront consultés, quand besoin se fera sentir. J'aurai aimé que les Présidents Bédié et Gbagbo ne se présentent pas également à ces élections d'octobre 2020, pas parce que la constitution ne le permet pas, la limitation d'âge ayant été abrogée, mais parce que vous avez fait tous œuvre de votre temps.

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Vous avez donné le meilleur de vous pour que ce pays aille de l'avant. S'arrêter ne serait pas un échec, mais il vous fera rentrer dans l'histoire. La grande histoire. Je le pense. Je pense que vous êtes un homme de parole. Je ne veux pas rentrer dans le débat constitutionnel. Je ne suis pas juriste mais historien. Par conséquent, je ne tomberai pas dans le débat constitutionnel en cours.

Monsieur le Président, rappelez vous également de l'incertitude des élections, rappelez vous de l'échec de Wilson Churchill aux élections d'après guerre (1939-1945). Houphouët Boigny aimait bien dire et vous citez souvent cette pensée que j'aime énormément :  » un homme d'Etat doit se référer à trois choses en pareil circonstance, à Dieu, au peuple et sa conscience ». Vous êtes aujourd'hui devant ces trois ordres. Prenez la bonne décision Monsieur le Président.
Monsieur le Président, que Dieu vous accorde la santé nécessaire et vous accompagne dans votre prise de décision si difficile soit-elle.

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