Aboudramane Sangaré ou l’art de faire de l’opposition en servant le pouvoir (ASK)

Pour ASK, en axant sa stratégie sur la mobilisation autour de la libération de Gbagbo, Aboudramane Sangare sert le pouvoir
L'analyste politique

ou l'art de faire de l'opposition en servant le pouvoir. Je répète : en continuant à mobiliser les troupes et donc à focaliser leur attention sur le retour hypothétique de en 2020, Sangaré a un seul mérite : servir les intérêts du pouvoir d'.

Je m'explique : dans les deux schémas possibles, Gbagbo ne pourra pas retourner en Côte d'Ivoire, tant que Ouattara sera Président, c'est-à-dire jusqu'en 2020, sauf décision contraire de Dieu. En effet, dans le premier schéma où la Cour pénale internationale () déciderait de libérer Gbagbo maintenant ou dans les semaines à venir, ce serait une liberté sous condition, dans un pays proche de La Haye, le temps que le procès finisse. Or ce procès ne finira pas avant 2020.

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Arrêtons de nous mentir, ce procès ne prendra pas fin avant 2020 et on le sait tous. Rien que par le bon sens, cela se voit. Il reste le passage des témoins de la défense, les plaidoiries des deux parties et le verdict, sans compter les possibles appels. Cela ne se fait pas en deux ans.

Aboudramane Sangaré et Machiavel

Dans le deuxième schéma, du reste hypothétique, où la CPI libère Gbagbo dès maintenant, sans condition et sans autre forme de procès (quoique je ne vois pas comment les charges seraient abandonnées, au beau milieu du procès), un mandat d'arrêt l'attend au pays, pour l'empêcher de rentrer. Si par une sorte de courageux entêtement, Gbagbo décidait malgré cela de rentrer au pays, la justice l'arrêterait et tous ceux qui glosent actuellement, ne feront rien.

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Je répète: arrêtons de nous mentir. Gbagbo était en Côte d'Ivoire, en prison à Korhogo et personne n'a osé marcher pour le libérer. Simone Gbagbo est détenue depuis bientôt sept ans, et personne n'a encore marché pour la libérer. Il faut donc arrêter de faire croire que la terre va trembler si la justice mettait encore Gbagbo en prison, s'il décidait de rentrer.

« Question : depuis toutes ces années où Sangaré focalise l'attention de ses militants sur le retour de Gbagbo, qu'est-ce qui s'est passé ? (ASK) »

Bref. Revenons à notre sujet. Je maintiens qu'il n'y a pas meilleure façon de permettre sournoisement au pouvoir de continuer tranquillement à imposer des mesures portant le sceau de l'anti-démocratie et les décisions impopulaires, que par cette cynique stratégie de détournement de l'attention de ses supporteurs et de l'opinion; sur le vrai faux espoir du retour de Gbagbo.

Je dirais que c'est de la haute politique que fait Sangaré, un homme politiquement rôdé, qui sait plus que quiconque, les effets que produisent ses actions. Malheureusement, c'est une politique à la Machiavel, qui consiste à faire croire à ses soutiens qu'on lutte contre un pouvoir, alors qu'on sert justement ce pouvoir.

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Question : depuis toutes ces années où Sangaré focalise l'attention de ses militants sur le retour de Gbagbo, qu'est-ce qui s'est passé ? Eh bien, Ouattara a renouvelé à deux reprises son parlement, il a changé de constitution, s'apprête à installer un nouveau Sénat totalement illégal (créé par ordonnance) et à priori illégitime (un tiers de membres nommé), prépare sa succession ou son propre troisième mandat.

Et jusque-là, qu'est-ce qui se passe ? Tout cela passe comme lettre à la poste et risque encore de passer comme lettre à la poste. Parce qu'au moment où certains se mobilisent pour plus d'ouverture démocratique, Sangaré mobilise les sien pour chanter le retour de Gbagbo, tout en sachant que ce retour ne se fera pas avant 2020 et que cela permet à Ouattara d'asseoir son pouvoir. Vous avez dit que ce pays va étonner le monde ? Eh bien, ses opposants aussi !

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