Anacarde Côte d’Ivoire campagne 2018 : le gouvernement annonce 500 FCFA, le cajou acheté à 200 FCFA

Ils espéraient que « le prix du kilogramme d' allait atteindre 700 FCFA comme les années antérieures ». Le gouvernement vient de doucher toutes leurs attentes. Anacarde Côte d'Ivoire campagne 2018, l'histoire d'un fiasco médiatique.

La nouvelle qui avait été annoncée avec un fort renfort médiatique, en février 2018, avait pourtant été accueillie avec ferveur par les planteurs. En effet, le gouvernement lors d'un conseil des ministres avait annoncé que le prix d'achat du kilogramme de la noix de cajou était fixé à 500 franc pour de la campagne 2017-2018. Mais très vite la bonne nouvelle qui faisait rêver les paysans s'est très vite transformée en cauchemar.

Lire aussiRoute, conflits éleveurs-agriculteurs… les maux du département de Dianra

Abandonnés par le gouvernement

Certains se disent abandonnés par le gouvernement, d'autres pensent que c'est un silence coupable. Les producteurs de la noix de cajou ne savent pas à quel saint se vouer. La noix de cajou s'achète à ce jour entre 200 FCFA et 400 FCFA le kilogramme.

Assis sous un soleil de plomb sous un arbre, la marmite de thé sous ses pieds, nous rencontrons Moussa pisteur venu à Banadjé, village de la sous préfecture de Morondo, pour la campagne. Il soutient que la noix de cajou se vend mal cette année.

« Les paysans ont encore la moitié de leur production sous la main »

« Je regrette d'avoir effectué le déplacement. Contrairement aux autres années, le gouvernement n'a aucun contrôle sur le prix qu'il a fixé au début de la campagne. A Banadjé, le kilogramme s'achète à 250 FCFA le kilogramme. Malgré cela les acheteurs se font désirer », révèle-t-il.

Avant d'avouer qu'il y a cinq jours de cela il a pu écouler 3 tonnes à 400 FCFA le kilogramme. » J'avoue que ça n'a pas du tout été facile. En réalité les paysans ont encore la moitié de leur production sous la main. Cela est dû au fait que certains se disaient que le prix du kilogramme allait atteindre 700 FCFA, comme les années antérieures. Mais c'est tout à fait le contraire cette année''.

« Nous vendrons notre produit à 200 FCFA ou à 300F cFA le kilogramme aux petits pisteurs qui sont les maîtres des lieux »

Les pisteurs refusent d'appliquer le prix fixé par le gouvernement

Dans le département de (région du Béré) l'une des plus grande zone productrice de noix de cajou, le tableau n'est guère reluisant. A Linguédougou, village situé à deux kilomètres de Dianra, Fofana, un natif dudit village a du mal à expliquer ce qui lui arrive cette année.

« La situation est vraiment difficile pour nous. Nous vendrons notre produit à 200 FCFA ou à 300 FCFA le kilogramme, aux petits pisteurs qui sont les maîtres des lieux. Les rares qui sont encore là, refusent d'appliquer les 500 FCFA, fixés par le gouvernement. Au risque que ça pourrisse dans les entrepôts, alors nous préférons nous en débarrasser car un tiens vaut mieux que zéro dit l'adage'', explique-t-il, amer.

« Selon nos sources, au début de la campagne, face à la mévente des noix, l'autorité préfectorale aurait confisqué les bascules de certains ‘'hors la loi'' mais malgré sa bonne volonté les choses n'ont pas changé. Ma dernière production était de 27 tonnes que j'ai réussi à écouler après maintes tractations à 400 FCFA le kilogramme contre 650 FCFA les 13 tonnes que j'ai vendu au début de la campagne'', dénonce-t-il.

Pour Fofana, comme pour tous les producteurs de noix de cajou de cette zone du pays,  le manque à gagner est énorme.

Lire aussiFête du travail, Alassane Ouattara : « L'assurance maladie sera généralisée début 2019 »

« Nous attendions une réponse appropriée du gouvernement mais nous avons été déçus »

Situation catastrophique avec la disparition des acheteurs

« Qu'allons nous faire de ce que nous continuons de récolter si jamais il n'y a plus d'acheteurs ? S'interroge t il. Il s'insurge contre le gouvernement car selon lui il devrait tout mettre en œuvre afin que les prix soient respectés partout en Côte d'Ivoire. ‘' A cette allure nous allons abandonner le reste des noix d'acajou dans les champs étant donné qu'il n'y plus d'acheteurs », s'offusque Koné, qui a produit 12 hectares pour cette campagne.

A Sorifuro, un village du département le constat est le même semant la tristesse au sein de la famille Silué qui nous reçoit. Le chef de famille âgé de la cinquantaine environs regrette d'avoir vite fait d'abandonner les cultures vivrières au profit de l'anacarde. Il explique que la chute des prix à commencé dans le mois d'avril.'' Nous sommes livrés aux mains des petits pisteurs qui sont les maîtres des lieux'' avant d'ajouter que le gouvernement d' ne contrôle plus rien au nord. C'est le nord qui se gouverne'' a-t-il lâché. Il atteste avoir été contraint de vendre 100 kg la semaine dernière à 300 FCFA le kg.''

Ce matin (NDLR : samedi) je voulais vendre 25kg de noix de cajou le pisteur me propose 250f le kg et j'ai refusé. Demain (NDLR : Dimanche) j'irai avec à Dianra pour une autre tentative'' nous fait savoir Silué. Il fait remarquer plus de la moitié de la production du village est stocké dans les magasins faute d'acheteurs.

« On dit que l'anacarde a du mal à sortir du port. Ce qui a fait que les grands acheteurs que sont les Indiens sont tous rentrés »

Les nombreuses taxes ont fait fuir les acheteurs

Nous avons réussi à joindre un président de coopérative à Dianra qui a bien voulu garder l'anonymat. Celui-ci explique la chute des prix du kg de la noix de cajou par les nombreuses taxes que le gouvernement impose sur la noix de cajou. Situation qui selon lui entraîne un manque à gagner aux acheteurs. » Au début de la campagne, j'achetais le kg à 650 FCFA mais on dit que l'anacarde a du mal à sortir du port. Ce qui a fait que les grands acheteurs que sont les Indiens sont tous rentrés » nous laisse- t-il entendre. Il explique la mévente du produit par la surproduction de cette année.

Notons que la noix de cajou reste la principale culture au détriment des autres dans plusieurs départements de la région du Béré. Il faut donc s'attendre à la famine et ses conséquences prédit Tangolio un autre planteur. « C'est l'argent de la vente de la noix de cajou que nous prenons chaque année pour acheter de la nourriture et pour scolariser nos enfants vue la situation comment allons nous faire ? S'est il interrogé. Qu'est ce qui explique donc la mévente de la noix de cajou dont on parle bien ? Qu'est ce qui explique ce silence du gouvernement ?

Salifou Ouattara

Filière agricole : le gouvernement veut faire payer des impôts aux planteurs de cacao

Written by Salifou Ouattara

Brahima Soro se dit ahuri par le rattrapage à l'ENS

Grave « rattrapage » à l’ENS, Brahima Soro : « Cela ne reflète pas la Côte d’Ivoire »

Amnistie des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire : La réponse cinglante de Boubakar Koné à Alassane Ouattara