Le Niger a été déclaré « Zone rouge » par le gouvernement français suite à l'attentat de Kouré, qui a coûté la vie à six Français.
Dans une note, le ministère français des Affaires étrangères a déclaré l'ensemble du territoire nigérien « Zone rouge », donc « formellement déconseillé aux Français, à l'exception de la capitale Niamey qui est déconseillée sauf raison impérative (orange) », ajoutant que « la menace terroriste pesant sur le Niger, en particulier hors de la capitale et près des frontières, est très élevée ».
Réagissant sur la chaîne de télévision France24, le ministre nigérien de l'Intérieur et de la Sécurité publique, M. Alkache Alhada, a souhaité que cette position change le plus rapidement possible, étant donné que « d'autres pays qui sont dans des situations similaires, même moins favorables que celle du Niger, ne se sont pas retrouvés totalement rouges ».
« Il s'agit d'une décision injuste qui décourage tous les efforts fournis depuis plus de cinq ans par les autorités nigériennes et les Forces de défense et de sécurité pour préserver l'intégrité d'un territoire entouré de nombreux foyers de tension », s'est insurgé, dans un éditorial samedi soir, le directeur de la télévision publique nigérienne, ajoutant que « les Nigériens ont le sentiment que cette décision a été prise sous le coup de l'émotion, donc de la panique, (ce qui est précisément) ce que cherchent les terroristes ».
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Il a rappelé que son pays « s'est jusqu'ici bien organisé malgré ses moyens modestes pour que la paix et la quiétude règnent dans toutes ses villes, dans tous ses villages, nonobstant les lâches incursions répétées notamment dans le bassin du lac Tchad et dans la zone des trois frontières (Niger-Burkina-Mali) ».
A la suite de cet attentat, pour lui, « c'est plutôt de soutien dont le Niger, et le Sahel de manière globale, ont besoin : le même soutien que le Niger a apporté aux Français lorsqu'ils ont été attaqués en faisant le déplacement à Paris (en janvier 2015, NDLR) ».
Pour Ibrahim Mamane Sala, acteur de la société civile, « c'est un acte ingrat » de la part de la France vis-à-vis du Niger « qui lui a ouvert son territoire, non seulement pour exploiter ses mines, mais aussi pour installer ses bases militaires ».
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Nabala Adaré, secrétaire général du syndicat national des enseignants du supérieur, trouve « trop forte » la décision française « qui qualifie notre pays de dangereux », et invite le Quai d'Orsay à revenir sur sa position, et surtout au respect total de « la traditionnelle amitié entre le Niger et la France ».
Selon Boubacar Amadou, enseignant-chercheur et acteur de la société civile, « la vie humaine est certes sacrée, mais la France doit aussi se soucier des conséquences que sa décision peut avoir sur la vie des 22 millions de Nigériens ». Pour lui, « dire que le Niger est devenu un pays infréquentable va avoir des conséquences énormes sur le plan des investissements des partenaires que le pays doit recevoir sur son territoire ».
Il pense également que « ce n'est plus à la France de décider de façon unilatérale de faire ce qu'elle veut (au Niger, NDLR). Nous sommes un Etat souverain, et la France a le devoir de respecter la souveraineté du Niger sans s'ingérer dans les affaires intérieures de notre pays. Cette attitude de condescendance doit s'arrêter, et le peuple nigérien doit assumer sa dignité ».
A la date de dimanche soir, cette attaque terroriste n'a toujours pas été revendiquée.
Le Niger subit dans sa partie occidentale les attaques meurtrières perpétrées notamment par les groupes terroristes proches d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), d'Ansar Dine et d'autres mouvements rebelles basés dans le nord du Mali qui ont fait des centaines de victimes civiles et militaires et des dizaines de milliers de déplacés, rappellent des observateurs locaux.
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La zone de Kouré, proche de la frontière avec le Burkina Faso, constitue depuis plus d'un an un nouveau foyer de l'insécurité dans l'extrême sud-ouest du Niger, selon les observateurs.