Que comprendre de la dernière décision de la Cour Africaine des droits des Hommes et des Peuples (CADHP) sur la Commission électorale indépendante (CEI) ?
J'ai pris part ce jour (Ndlr : 17 juillet 2020) à la réunion de l'opposition ivoirienne dans toute sa grande diversité. Il faut dire qu'à ce jour, l'opposition ivoirienne parle d'une seule et même voix. Les plateformes CDRP, EDS, URD, LEADER ET GPS sont en phase afin de donner à la Côte d'Ivoire une Commission Électorale véritablement conventuelle, pouvant organiser des élections crédibles et apaisées.
La dernière nouvelle est que le 15 Juillet 2020, la Cour Africaine de Justice a prononcée une décision concernant la CEI, organe Électorale de notre pays qui doit organiser les élections du 31 Octobre. Apparemment certaines interprétations proches du pouvoir semblent entretenir la confusion sur le fond de la décision.
Pourtant, toute personne ayant bien lu ladite décision se rend compte d'une grosse victoire de l'opposition. La presse internationale et bien d'autres analystes ne disent pas le contraire, à par le pouvoir RHDP, qui il nous semble comprend cette décision selon son dictionnaire calibré pour la sauvegarde du pouvoir.
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QUE COMPRENDRE DE CETTE DERNIÈRE DÉCISION DE LA COUR ?
Nous irons synthétiquement en un rappel chronologique d'un long processus que l'opposition aura attendu.
1 – Après le dépôt de la plainte du PDCI RDA devant la cour, l'État de Côte d'Ivoire a milité pour que cette cour la rejette, la cour l'a cependant jugée recevable.
2 – l'État de Côte d'Ivoire a demandé à la cour de se dessaisir du dossier en déclarant son incompétence. La cour s'est affirmée compétente pour juger l'affaire.
3 – Alors que l'État de Côte d'Ivoire disait que la CEI était équilibré, l'on se souvient que pendant la période du procès, le même État de Côte d'Ivoire est revenu sur sa position pour attribuer un siège au PDCI RDA, chose que le PDCI a refusé. Ainsi, il a montré que la CEI est vraiment déséquilibrée à l'avantage du pouvoir. Le pouvoir tentait ainsi une manœuvre pour rectifier le tir.
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4 – dans cette dernière décision de la cour, elle demande que le mode du choix à la CEI centrale des Partis politiques de l'opposition et des organisations de la société civile soit revu.
5 – la cour a constatée l'absence de l'opposition dans les CEI locales, un grave déséquilibre. Elle demande donc la reprise des élections pour la désignation des représentants dans les CEI locales.
6 – la cour donne enfin 3 mois à l'État de Côte d'Ivoire pour changer cette CEI unicolore. Et cela doit être fait avant l'organisation de toute élection. Ce qui veut dire qu'un dialogue doit à nouveau s'ouvrir dans les jours qui suivront entre le pouvoir, l'opposition et la société civile, pour permettre à toutes ces entités de prendre leurs places dans la CEI.
Voici ce qui est juste et clair. En dehors de cela, toute autre interprétation n'est que fantaisie. Les jours à venir, l'opposition entreprendra des activités dans le sens d'une recomposition clair et nette de la CEI. Rien n'est bouclé, rien n'est calé, rien n'est géré.
Ahouman Gaël Lakpa,
Auteur-Écrivain :
Poète, Romancier et Dramaturge,
Communication Politique,
Analyste sociopolitique.
Directeur de Cabinet et Porte-parole du Président Abel Naki.