Classement liberté de la presse en 2018 : La Côte d’Ivoire recule, voici les raisons. La Côte d’Ivoire a perdu un point dans le classement mondial sur la liberté de la presse, alors que ces dernières années, elle avait soit progressé, soit avait maintenu son niveau. De la 81è place l’année dernière, elle est passée à la 82è cette année. Plusieurs raisons expliquent ce recul.
Selon Reporters sans frontières (RSF) à l’origine du classement, « En Côte d’Ivoire, si les violences liées à la crise électorale de 2011 appartiennent au passé, les médias demeurent un domaine particulièrement surveillé par le pouvoir. En décembre 2017, l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a adopté une nouvelle loi sur la presse qui précise qu’aucun motif n’est recevable pour la détention de journalistes. Un progrès qui doit mettre fin à la détention provisoire de journalistes, pratique régulière dans le pays malgré la dépénalisation des délits de presse depuis 2004. En 2017, huit journalistes en ont été victimes ».
« L’année dernière quand le procureur faisait arrêter des journalistes et les maintenait en détention, pour les libérer des jours plus tard, j’avais crié sur tous les toits que le seul mérite d’une telle action était de faire perdre des points au pays » (ASK)
L’organisation de défense de la liberté de la presse fait noter que « d’autres dispositions de la nouvelle loi sont plus liberticides, comme le délit d’offense au chef de l’État ou la possibilité de poursuivre des journalistes pour diffamation pour des faits, même vérifiés, s’ils remontent à plus de dix ans ».
« On avait prévenu les autorités »
Pour André Silver Konan, « ce rang est très loin d’être honorable. La Côte d’Ivoire est partie du 159è rang en 2012 (pour des raisons évidentes de conflit armé, en 2011, lors de la crise postélectorale) au 81è rang, en 2017. La tendance était donc à la baisse ces dernières années. Que le pays recule d’un point, cela veut dire que statistiquement, le recul est plus important qu’il ne le paraît. L’année dernière quand le procureur faisait arrêter des journalistes et les maintenait en détention, pour les libérer des jours plus tard, j’avais crié sur tous les toits que le seul mérite d’une telle action était de faire perdre des points au pays, on avait prévenu les autorités, rien d’étonnant donc. Pour le reste, il sera difficile que nous progressions davantage, tant que cette chape de plomb continuera de peser sur la presse et plus généralement sur la liberté d’expression, et surtout tant que la libéralisation promise du secteur de l’audiovisuel restera à l’étape des vœux pieux ».
Classements successifs
2009 : la Côte d’Ivoire est classée 104è au tableau de la liberté de la presse, sur 170 pays.
2011 : 118è
2012 : 159è, un record ! La crise postélectorale est passée par là.
2014: 101è
2015 : 86e
2016 : 86è
2017 : 81è
Elvire Ahonon
https://www.yeclo.com/la-nouvelle-loi-sur-la-presse-ivoirienne-2017/